pays-bruissant abondamment cerné-de-forêts,
marche lentement le long homme blanc exhalant-fumée-bleue
et il respire, et respire encore les blancs vents-de-la-forêt.
Il parcourt la terre aux odeurs de cave
et pleure comme il rit.
OBSERVATION
***
DORT OBEN AUF DEM WEIT
waldumrandeten Rauschenland
geht langsam der lange weiße Mann blaurauchend
und riecht und riecht die weißen Waldwinde.
Er geht durch die kellerriechende Erde
und lacht und weint.
L’ombre s’évapore
Et déjà l’aurore
De ses rayons dore
Les toits alentours
Les lampes pâlissent,
Les maisons blanchissent
Les marchés s’emplissent :
On a vu le jour.
De la Villette
Dans sa charrette,
Suzon brouette
Ses fleurs sur le quai,
Et de Vincenne,
Gros-Pierre amène
Ses fruits que traîne
Un âne efflanqué.
Déjà l’épicière,
Déjà la fruitière,
Déjà l’écaillère
Sautent au bas du lit.
L’ouvrier travaille,
L’écrivain rimaille,
Le fainéant baille,
Et le savant lit.
J’entends Javotte,
Portant sa hotte,
Crier : Carotte,
Panais et chou-fleur !
Perçant et grêle,
Son cri se mêle
A la voix frêle
Du noir ramoneur.
L’huissier carillonne,
Attend, jure, sonne,
Ressonne, et la bonne,
Qui l’entend trop bien,
Maudissant le traître,
Du lit de son maître
Prompte à disparaître,
Regagne le sien.
Gentille, accorte
Devant ma porte
Perrette apporte
Son lait encor chaud ;
Et la portière,
Sous la gouttière,
Pend la volière
De Dame Margot.
Le joueur avide,
La mine livide,
et la bourse vide,
Rentre en fulminant ;
Et sur son passage,
L’ivrogne, plus sage,
Rêvant son breuvage,
Ronfle en fredonnant.
Tout, chez Hortense,
Est en cadence ;
On chante, on danse,
Joue, et cætera…
Et sur la pierre
Un pauvre hère,
La nuit entière,
Souffrit et pleura.
Le malade sonne,
Afin qu’on lui donne
La drogue qu’ordonne
Son vieux médecin ;
Tandis que sa belle,
Que l’amour appelle,
Au plaisir fidèle,
Feint d’aller au bain.
Quand vers Cythère,
La solitaire,
Avec mystère,
Dirige ses pas,
La diligence
Part pour Mayence,
Bordeaux, Florence,
Ou les Pays-Bas.
« Adieu donc, mon père,
Adieu donc, mon frère,
Adieu donc, ma mère,
– Adieu, mes petits. »
Les chevaux hennissent,
Les fouets retentissent,
Les vitres frémissent :
Les voilà partis.
Dans chaque rue,
Plus parcourue,
La foule accrue
Grossit tout à coup :
Grands, valetaille,
Vieillards, marmaille,
Bourgeois, canaille,
Abondent partout.
Ah ! quelle cohue !
Ma tête est perdue,
Moulue et fendue,
Où donc me cacher !
Jamais mon oreille
N’eut frayeur pareille…
Tout Paris s’éveille…
Allons nous coucher.
Enfin fleurit l’asphodèle
enfin la montagne ruisselante
abonde jusqu’au fond des plaines
enfin enfin l’hirondelle
fait son nid dans la couronne du soir.
Le soleil fond et se liquéfie, se déverse sur les dômes
et les tuiles, dans un marécage magnifique de toits
abondants,
dans un abondant marécage de toitures
magnifiques.
Tu fus la flamme qui s’éteint
à force de brûler dans l’âtre
Tu fus l’oiseau du matin
dans un ciel d’une teinte bleuâtre
qui s’envole du toit de la maison
vers la ligne de l’horizon
Tu fus la fleur dans le parterre
qui fleurit pour un jour
et s’incline vers la terre
à la fin d’un amour
Tu fus la rivière
qui coulait vers la mer
passant sous un grand pont de fer
ou un petit pont de pierre
Tu fus cette larme
au coin de l’oeil
qui fascine et charme
même après un deuil
Tu es l’infime goutte de rosée
sur la corolle de la fleur posée
qui capte tout le soleil
et devient un bijou vermeil
Tu es la vague marine
qui vient enlacer le récif
dans un mouvement lascif
et embrasser l’île mutine
Tu es l’étoile unique
d’un ciel de nuit
qui brillamment luit
au col de sa tunique
Tu es le feuillage
d’une forêt d’outremer
sous le bruyant passage
d’un groupe d’oiseaux de mer
Tu es le bateau dans la brume
qui soulève l’écume
Tu es le corps de la déesse
que je découvre en rêvant
nue dans le souffle du vent
qui voluptueusement te caresse
Tu es ce regard de luxure
qui m’enivre et me torture
Tu es cet oiseau de volupté
venu nicher dans ton corsage
où se blottit un sein sage
qui veut prendre sa liberté
Tu es ce sable de la plage
sur laquelle je vagabondais
et qui de jolies filles abondait
mais je ne voyais que ton visage
Tu es la branche
à laquelle s’accroche le rameau
sur lequel se pose l’oiseau
quand tu tortilles de la hanche
dans les rues du hameau
Tu es cet épi de blé
qui donnera cette moisson fertile
dans un champ qui n’est qu’une île
au milieu de ce pays troublé
par ta présence voluptueuse
dans ta robe vaporeuse
Ni de son chef le trésor crépelu,
Ni de son ris l’une et l’autre fossette,
Ni l’embonpoint de sa gorge grassette,
Ni son menton rondement fosselu,
Ni son bel oeil que les miens ont voulu
Choisir pour prince à mon âme sujette,
Ni son beau sein dont l’Archerot me jette
Le plus aigu de son trait émoulu,
Ni son beau corps, le logis des Charités,
Ni ses beautés en mille coeurs écrites,
N’ont esclavé ma libre affection.
Seul son esprit, où tout le ciel abonde,
Et les torrents de sa douce faconde,
Me font mourir pour sa perfection.
L’autre moitié
Loin de manquer,
les signaux abondent
leurs sens m’échappe,
sont-ils trop nombreux?
un seul verdict à la fin, me reste:
tu traverses la moitié d’un charme.
il suffirait d’un petit pas, bien calibré,
d’une lueur à peine entrevue
et le silence alors aurait le sens contraire
ce serait l’autre moitié.