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Poésie

Posts Tagged ‘carillonner’

Mon aimée (Antonio Machado)

Posted by arbrealettres sur 26 janvier 2024




    
Mon aimée, la brise
dit ta robe blanche et pure…
Mes yeux ne te verront pas;
mon coeur t’attend!

Le vent m’a apporté
ton nom dans le matin;
la montagne répète
l’écho de tes pas…
Mes yeux ne te verront pas;
mon coeur t’attend!

Dans les sombres clochers
les cloches carillonnent…
Mes yeux ne te verront pas;
mon coeur t’attend!

Les coups du marteau
disent le noir cercueil;
et les coups de la bêche
l’endroit de la fosse…
Mes yeux ne te verront pas;
mon coeur t’attend!

(Antonio Machado)

 

Recueil: Champs de Castille précédé de Solitudes, Galeries et autres poèmes et suivi de Poésies de la guerre
Traduction: Sylvie Léger et Bernard Sesé
Editions: Gallimard

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Dans mon village midi carillonne (Pier Paolo Pasolini)

Posted by arbrealettres sur 9 Mai 2022




Dans mon village
midi carillonne.
Mais dans les prés quelle paix
apporte la cloche!
Tu es toujours la même
ma cloche: non sans trouble
je reviens à portée de ta voix.
« Le temps est immobile:
vois le rire des pères,
comme la pluie dans les branches,
dans les yeux des enfants. »

(Pier Paolo Pasolini)

Illustration

 

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NOËL DE LA FEMME QUI VA AVOIR UN PETIOT ET QUI A FAIT UNE MAUVAISE ANNEE (Gaston Couté)

Posted by arbrealettres sur 24 décembre 2021



Illustration: Charles de Groux
    
NOËL DE LA FEMME QUI VA AVOIR UN PETIOT ET QUI A FAIT UNE MAUVAISE ANNEE

Les cloches essèment au vent
La joi’ de leur carillonnée,
Qui vient me surprendre, rêvant,
Dans le coin de ma cheminée ;
Noël ! Noël ! c’est aujourd’hui
Que Jésus vint sur sa litière,
Noël ! mon ventre a tressailli
Sous les plis de ma devantière.

O toi qui vas, dans mon sabot,
Me descendre, avec un petiot,
De la misère et de la peine,
Noël ! Noël ! si ça se peut
Attends encore ! Attends un peu ! …
Attends jusqu’à l’année prochaine !

Noël ! Noël !cette anné’-ci
Le froid tua les blés en germe,
Tous nos ceps ont été roussis ;
Le « jeteux d’sorts », sur notre ferme,
A lancé son regard mauvais
Qui fait que sont « péri’s » mes bêtes,
Que mes pigeons se sont sauvés
Et que mon homme perd la tête.

Tous mes gros sous, à ce train-là,
Ont filé de mon bas de laine,
Quand reviendront ? Je ne sais pas !
Mais, à la récolte prochaine,
J’espère voir les blés meilleurs
Et meilleure aussi la vendange,
Pour mon bonheur et le bonheur
De l’enfant dont j’ourle les langes.

(Gaston Couté)

 

 

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Tableau de Paris à cinq heures du matin (Marc-Antoine Désaugiers)

Posted by arbrealettres sur 26 février 2020




    
Tableau de Paris à cinq heures du matin

L’ombre s’évapore
Et déjà l’aurore
De ses rayons dore
Les toits alentours
Les lampes pâlissent,
Les maisons blanchissent
Les marchés s’emplissent :
On a vu le jour.

De la Villette
Dans sa charrette,
Suzon brouette
Ses fleurs sur le quai,
Et de Vincenne,
Gros-Pierre amène
Ses fruits que traîne
Un âne efflanqué.

Déjà l’épicière,
Déjà la fruitière,
Déjà l’écaillère
Sautent au bas du lit.
L’ouvrier travaille,
L’écrivain rimaille,
Le fainéant baille,
Et le savant lit.

J’entends Javotte,
Portant sa hotte,
Crier : Carotte,
Panais et chou-fleur !
Perçant et grêle,
Son cri se mêle
A la voix frêle
Du noir ramoneur.

L’huissier carillonne,
Attend, jure, sonne,
Ressonne, et la bonne,
Qui l’entend trop bien,
Maudissant le traître,
Du lit de son maître
Prompte à disparaître,
Regagne le sien.

Gentille, accorte
Devant ma porte
Perrette apporte
Son lait encor chaud ;
Et la portière,
Sous la gouttière,
Pend la volière
De Dame Margot.

Le joueur avide,
La mine livide,
et la bourse vide,
Rentre en fulminant ;
Et sur son passage,
L’ivrogne, plus sage,
Rêvant son breuvage,
Ronfle en fredonnant.

Tout, chez Hortense,
Est en cadence ;
On chante, on danse,
Joue, et cætera…
Et sur la pierre
Un pauvre hère,
La nuit entière,
Souffrit et pleura.

Le malade sonne,
Afin qu’on lui donne
La drogue qu’ordonne
Son vieux médecin ;
Tandis que sa belle,
Que l’amour appelle,
Au plaisir fidèle,
Feint d’aller au bain.

Quand vers Cythère,
La solitaire,
Avec mystère,
Dirige ses pas,
La diligence
Part pour Mayence,
Bordeaux, Florence,
Ou les Pays-Bas.

« Adieu donc, mon père,
Adieu donc, mon frère,
Adieu donc, ma mère,
– Adieu, mes petits. »
Les chevaux hennissent,
Les fouets retentissent,
Les vitres frémissent :
Les voilà partis.

Dans chaque rue,
Plus parcourue,
La foule accrue
Grossit tout à coup :
Grands, valetaille,
Vieillards, marmaille,
Bourgeois, canaille,
Abondent partout.

Ah ! quelle cohue !
Ma tête est perdue,
Moulue et fendue,
Où donc me cacher !
Jamais mon oreille
N’eut frayeur pareille…
Tout Paris s’éveille…
Allons nous coucher.

(Marc-Antoine Désaugiers)

 

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Les demoiselles du temps jadis (Claude Roy)

Posted by arbrealettres sur 22 février 2019



Illustration: Jean Gabriel Goulinat
    
Les demoiselles du temps jadis

Gwendoline Mac Dougall Esperanza Griffi
et Jennifer Atkins chantant la nuit venue
oublierai-je vos rires lorsque vous nagiez nues
dans l’eau phosphorescente de la plage à minuit?

Où sont vos rires envolés? Où est Anna
qui de ses longs cheveux me caresse et me mord
promenant lentement sa bouche sur mon corps?
Qu’est devenu le beau plaisir qu’on se donna?

Quelque part très foin loin dans la galaxie
l’écho de l’écho d’un éclat de rire carillonne
Un rayon demi-mort s’éveille un peu frissonne
se souvenant peut-être d’avoir connu ailleurs

Jennifer Gwendoline Anna Esperanza
dont le nom aujourd’hui ne dit rien à personne

(Claude Roy)

 

Recueil: À la lisière du temps suivi de Le voyage d’automne
Traduction:
Editions: Gallimard

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Elle est comme la Lumière (Emily Dickinson)

Posted by arbrealettres sur 22 décembre 2018


lumiere

« Elle est comme la Lumière – Délice
Sans artifice –
Mélodie sans âge – à l’oreille –
Comme l’Abeille –

Elle est comme les Forêts – secrète –
Sans phrases – comme la Brise –
Mais elle agite
Les Arbres les plus fiers –

Elle est comme le Matin – parfaite –
Une fois accomplie –
Et que l’Horloge Eternelle –
Carillonne – Midi! »

(Emily Dickinson)

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Heureux (Sergueï Essénine)

Posted by arbrealettres sur 4 avril 2018




    
Heureux qui par un frais automne
largue son âme comme pomme au vent
et contemple le soc du soleil
fendre l’eau bleue de la rivière.

Heureux qui extraie de sa chair
l’incandescent clou des poèmes,
et revêt le blanc vêtement de fête
en attendant que l’hôte frappe.

Apprends, mon âme, apprends à garder
au fond des yeux la fleur de merisier ;
avares sont les sens à s’échauffer
quand du flanc coule un filet d’eau.

Les étoiles carillonnent en silence
Telle la bougie à l’aube, telle la feuille blanche.
Nul n’entrera dans la chambre haute,
je n’ouvrirai la porte à personne.

(Sergueï Essénine)

***

 

Recueil: Journal d’un poète
Traduction: Christiane Pighetti
Editions: De la Différence

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Elle est comme la Lumière (Emily Dickinson)

Posted by arbrealettres sur 27 février 2018



Elle est comme la Lumière –
Délice sans artifice –
Elle est comme l’Abeille –
Mélodie sans âge – à l’oreille –
Elle est comme les Forêts –
Secrète – Comme la Brise –
Sans phrases – mais elle agite
Les Arbres les plus fiers –
Elle est comme le matin –
Parfaite – une fois accomplie –
Et que les Horloges Eternelles –
Carillonnent – Midi !

(Emily Dickinson)

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Aux immortels couchants ! (James Denis)

Posted by arbrealettres sur 25 septembre 2017



Illustration: Guy Baron
    
Aux immortels couchants !

Le vent a moissonné les gestes gracieux
De notre amour sincère, une feuille d’aurore
Aux immortels couchants ! Remous capricieux !
J’ai entendu ton encre ou j’ose à peine éclore.

L’allure débraillée en matin de printemps,
Je darderai l’étoile éclose de ton rêve,
Je t’offrirai l’éclair de mon âme, le temps
D’une éphémère vie, un dévoué sans trêve.

Ambitieux d’espoir à l’abri des lotus
Sacrés, et sur le lac immortel, l’espérance
Est des schèmes émus, des songes court-vêtus
Un sanctuaire en fils brodés de patience.

Un calicot fleurit d’or pour te contempler !
J’ai rêvé ton soleil ou dansent tes lumières,
Et j’ai carillonné la noirceur pour pleurer !
Sur ta peau j’ai glissé sur tes épistolières.

Et ta fontaine arrose ainsi tes mots d’amour
Que l’océan des nuits profondes et magiques
A dessiné l’éclat des violons du jour
Ou le silence implore ainsi nos sens cloniques !

L’écho de mes douceurs s’évanouira au ciel
Comme un cristal limpide, un tableau poétique
Illuminé d’aisance, un amour essentiel
Pour tracer le portrait de notre été lyrique.

(James Denis)

 

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Chanson pour un soir de pluie (Edmond Jabès)

Posted by arbrealettres sur 12 octobre 2016



Un homme attendait
d’aimer.

Les cloches au loin
carillonnaient.

Sans espoir
l’homme attendait.

Toute porte fermée
garde son secret

Un homme pleure
l’aimée…

(Edmond Jabès)

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