Posts Tagged ‘rassasier’
Posted by arbrealettres sur 29 juin 2021
Été avec toi
L’été nous rassasie d’odeurs
Et de couleurs qui chatoient
Dans l’herbe grasse
Des prairies où se lève
Une aube de lait
Sur la rousseur des bovins
À l’ombre de l’arbre
Qui tressaille sous son écorce
Blanc visage du jour
Le vent dévale la pente
Et notre village jaillit
Dans un cantique de lumière
Le soleil engrosse la terre féconde
De fruits d’oiseaux
De fleurs hautes comme des arbustes
Où la moindre goutte de rosée
Enfante tout un arc-en-ciel
Le vent du large soulève ta robe
Son souffle humide baigne ton corps
Et ton visage rit comme une fleur
Tu prêtes la couleur de tes yeux
À la vague qui s’en empare à jamais
Et tu laisses tes rêves voguer
Au gré des flots vers des îles
Que tu imagines derrière l’horizon
Le soir tombe sur nous comme un caillou.
(Jean-Baptiste Besnard)
Illustration: Gaëlle Boissonnard
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Posted in poésie | Tagué: (Jean-Baptiste Besnard), arbre, arc-en-ciel, été, baigner, caillou, cantique, couleur, engrosser, fleur, horizon, imaginer, lumière, odeur, ombre, pente, prairie, rassasier, rêve, robe, rousseur, soleil, souffle, tressaillir, vent, visage, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 16 mars 2021

Illustration: Gao Xingjian
L’anorexie de l’existence
Je n’ai pas faim, je n’ai pas mal, je ne sens pas mauvais
peut-être que je souffre au fond de moi sans le savoir
je fais semblant de rire
je ne désire pas l’impossible
ni le possible, les corps à moi interdits
ne rassasient pas mon regard.
Vers le ciel quelque fois
je regarde avec envie
à l’heure où le soleil perd son éclat
et où l’amant bleu se livre
à la séduction de la nuit.
Ma seule participation
au tourbillon du monde
est mon souffle bien réglé.
Mais je ressens aussi une autre
participation singulière
l’angoisse m’étreint soudain
à cause de la souffrance humaine.
Elle s’étend sur la terre
comme une nappe rituelle
qui trempée de sang
recouvre mythes et dieux
éternellement elle se régénère
et se confond avec la vie.
Oui, maintenant je voudrais pleurer
mais la source même de mes larmes
s’est tarie.
***
Η ανορεξία της ύπαρξης
Δεν πεινάω, δεν πονάω, δε βρωμάω
ίσως κάπου βαθιά να υποφέρω και να μην το ξέρω
κάνω πως γελάω
δεν επιθυμώ το αδύνατο
ούτε το δυνατό
τα απαγορευμένα για μένα σώματα
δε μου χορταίνουν τη ματιά.
Τον ουρανό καμιά φορά
κοιτάω με λαχτάρα
την ώρα που ο ήλιος σβήνει τη λάμψη του
κι ο γαλανός εραστής παραδίνεται
στη γοητεία της νύχτας.
Η μόνη μου συμμετοχή
στο στροβίλισμα του κόσμου
είναι η ανάσα μου που βγαίνει σταθερή.
Αλλά νιώθω και μια άλλη
παράξενη συμμετοχή∙
αγωνία με πιάνει ξαφνικά
για τον ανθρώπινο πόνο.
Απλώνεται πάνω στη γη
σαν τελετουργικό τραπεζομάντιλο
που μουσκεμένο στο αίμα
σκεπάζει μύθους και θεούς
αιώνια αναγεννιέται
και με τη ζωή ταυτίζεται.
Ναι, τώρα θέλω να κλάψω
αλλά στέρεψε ως και των δακρύων μου η πηγή.
(Katerina Anghelàki-Rooke)
Découvert ici: https://schabrieres.wordpress.com/
Recueil:
Traduction: Traduit du grec par Marie-Laure Coulmin Koutsaftis.
Editions:
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Posted in poésie | Tagué: (Katerina Anghelàki-Rooke), amant, angoisse, anorexie, éclat, éternel, étreindre, bleu, cause, ciel, corps, désirer, Dieu, envie, existence, faim, faire semblant, fond, heure, humain, impossible, interdit, larme, maintenant, mal, mauvais, monde, mythe, nappe, nuit, participation, perdre, peut-être, pleurer, possible, rassasier, régler, recouvrir, regard, regarder, ressentir, rire, rituel, s'étendre, sang, savoir, séduction, se confondre, se livrer, se regénérer, sentir, singulier, soleil, souffle, souffrance, souffrir, source, tarir, terre, tourbillon, tremper, vie | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 25 janvier 2021

Si tu m’entends chanter, sache que je viens de pleurer.
CHANSON POPULAIRE
Pourquoi es-tu couché là,
comme la grosse poutre du parapet
qui m’empêchait de voir la femme claire ?
Sa voix m’arrivait saturée des odeurs d’autrui
et ça fait vingt ans que je ne peux pas traverser
la salle remplie,
rejoindre
ma féminité oubliée.
Parce que je sais que tu ne m’enjamberas pas
quand tu viens là-haut, répond-il,
et tes doigts, teints par des noix vertes,
vont m’apporter la douceur d’un jardin
que nous avons aimé ensemble.
Il est couché comme une conversation inachevée
à travers le couloir de ma maison paternelle,
emmailloté comme de langes
ou d’un linceul,
je sors mon sein pour nourrir le bébé
et la solitude de l’homme,
mais le lait tarit, la ganse rouge
serrant les couches se relâche
et une chanson se lève entre mes pleurs
comme du pain
pour rassasier
l’enfant et l’homme.
Une poutre lourde est couchée
au bout de mon songe,
un papillon noir est couché
sur ma poitrine.
On n’enjambe pas un corps mort.
(Aksinia Mihaylova)
Recueil: Le baiser du temps
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Aksinia Mihaylova), aimer, apporter, arriver, au nout, autrui, bébé, chanson, chanter, clair, conversation, corps, couché, coucher, couloir, doigt, douceur, emmailloter, empêcher, enfant, enjamber, ensemble, entendre, féminité, femme, ganse, gros, homme, inachevé, jardin, lait, langes, là-haut, linceul, lourd, maison, mort, noir, noix, nourrir, odeur, oublier, pain, papillon, parapet, paternel, pleurer, pleurs, poitrine, pourquoi, poutre, rassasier, répondre, rejoindre, remplir, rouge, salle, saturer, savoir, se lever, se relâcher, sein, serrer, solitude, songe, sortir, tarir, teindre, traverser, venir, vert, voix | 3 Comments »
Posted by arbrealettres sur 2 décembre 2020

Illustration: Oleg Zhivetin
PAGE LUE
Je ne l’avais point encore aperçu
Que – déjà – il me trouvait belle.
Je ne lui avais point encore souri
Que – déjà – il avait éprouvé qu’il m’aimait.
Je ne lui avais point encore parlé
Que – déjà – il m’avait juré un amour éternel
Et quand – après – je l’ai regardé,
Il a détourné les yeux.
Et quand – après – je lui ai souri,
J’ai senti son cœur rassasié.
Et quand – après – j’ai balbutié « Je t’aime »
Il m’a répondu : Assez ! Azizé me plaît davantage.
(Anonyme)
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Posted in poésie | Tagué: (anonyme), aimer, amour, apercevoir, éprouver, éternel, balbutier, beau, coeur, davantage, détourner, jurer, lire, page, parler, plaire, rassasier, répondre, regarder, sentir, sourire, trouver, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 18 novembre 2019
Illustration: Odile Escolier
Aliénation
Dans les arbres je ne peux plus voir des arbres.
Les branches n’ont pas de feuilles pour les maintenir au vent.
Les fruits sont sucrés, mais dépourvus d’amour.
Ils ne rassasient même pas.
Que va-t-il advenir ?
Devant mes yeux la forêt prend la fuite,
à mon oreille les oiseaux restent cois,
nulle prairie ne fait lit pour moi.
Je suis repue de temps
et j’ai soif de lui.
Que va-t-il advenir ?
Dans les montagnes les feux la nuit brûleront.
Dois-je me mettre en route, m’approcher à nouveau
de tout ?
Dans aucun chemin je ne peux plus voir de chemin.
***
Entfremdung
In den Bäumen kann ich keine Bäume mehr sehen.
Die Aste haben nicht die Blätter, die sie in den Wind
halten.
Die Früchte sind se, aber ohne Liebe.
Sie sättigen nicht einmal.
Was soli nur werden?
Vor meinen Augen flieht der Wald,
vor meinem Ohr schließen die Vögel den Mund,
für mich wird keine Wiese zum Bett.
Ich bin satt vor der Zeit
und hungre nach ihr.
Was soli nur werden?
Auf den Bergen werden nachts die Feuer brennen.
Soll ich mich aufmachen, mich allem wieder nähern?
Ich kann in keinem Weg mehr einen Weg sehen.
(Ingerborg Bachmann)
Recueil: Toute personne qui tombe a des ailes
Traduction: Françoise Rétif
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Ingerborg Bachmann), advenir, aliénation, amour, arbre, à nouveau, branche, brûler, chemin, coi, dépourvu, feu, feuille, forêt, fruit, fuite, lit, maintenir, mettre en route, montagne, nuit, oiseau, oreille, prairie, rassasier, repu, s'approcher, soif, sucrer, temps, vent, voir, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 13 août 2019

Sans jamais me résoudre
à combler un désert
ni me rassasier de mourir
(Maria Angela Alvim)
Illustration
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Posted in poésie | Tagué: (Maria Angela Alvim), combler, désert, mourir, rassasier, résoudre | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 21 avril 2019

Illustration: David Galchutt
Engloutir la matière
sans être rassasié
Vouloir que tout ressemble
au vide que l’on porte
Que l’on s’y reconnaisse.
(Stéphane Bataillon)
Recueil: Où nos ombres s’épousent Vivre l’absence
Traduction:
Editions: Bruno Doucey
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Posted by arbrealettres sur 13 juillet 2018

Illustration: Dena Cardwell
Puisqu’à mon fauve amour tu voulus te soumettre,
Il faudra désormais le nourrir comme un maître;
Et tu sais qu’il est plein d’appétits exigeants.
Un féroce mangeur ! Il n’est pas de ces gens
Qu’un morceau de pain sec rassasie et contente.
Ce qu’il demande, lui, c’est ta chair palpitante,
C’est ton corps tout entier, c’est ton être absolu;
Et tout le nécessaire et tout le superflu
Seront à peine assez pour notre convoitise.
Madame, il faut nourrir le feu, quand on l’attise.
(Jean Richepin)
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Posted in poésie | Tagué: (Jean Richepin), absolu, amour, appétit, attiser, chair, convoitise, corps, entier, exigeant, fauve, féroce, feu, maître, mangeur, morceau, nourrir, pain, rassasier, soumettre, superflu | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 30 avril 2018

Illustration: Vincent Van Gogh
FIN DE SIÈCLE
Une mouche marchait sur l’initiale
d’un drap lourd de silence
on éveilla l’enfant
un trente et un décembre
pour qu’il pût voir la fin d’un siècle
des visages épuisés
s’en adoucirent aux lueurs des flammes ;
fronces, guipures, tresses
résisteraient des mois encore
l’avare ayant ouvert son coffre
avait rassasié son regard
mille ans après
tombe toujours la pluie
sur un village.
(Jean Follain)
Recueil: Des Heures
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Jean Follain), avare, épuisé, éveiller, coffre, drap, enfant, fin, flamme, fronce, guipure, initiale, lourd, lueur, marcher, mouche, ouvrir, pluie, rassasier, résister, regard, s'adoucir, siècle, silence, tomber, tresse, village, visage, voir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 7 novembre 2016

La princesse
Tous les soirs, la princesse se laissait caresser.
Mais qui caresse ne rassasie que sa propre faim
et son désir à elle était mimosa farouche,
légende ouvrant grand les yeux sur la réalité.
Chaque nouvelle caresse emplissait son cœur de douceur amère
et de glace son corps, mais son coeur voulait davantage.
La princesse connaissait des corps
et elle cherchait des cœurs ;
elle n’avait jamais vu d’autre cœur que le sien.
(Edith Södergran)
Illustration: Arthur Braginsky
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