L’HORREUR (Georg Trakl)
Posted by arbrealettres sur 30 août 2016
L’HORREUR
Je me vis traverser des pièces oubliées
– Les astres, fous, dansaient sur un fond bleu
Et dans les champs hurlaient les chiens,
Et le foehn ravageait sauvagement les cimes.
Et puis soudain : silence ! La sourde ardeur des fièvres
Fait éclore des fleurs vénéneuses à mes lèvres,
Des branches s’égoutte, comme d’une blessure,
La rosée, pâle éclat, et goutte, goutte comme du sang.
Du désert illusoire d’un miroir émerge
Lentement, comme se dirigeant dans le flou,
Une face d’horreur et de ténébre : Caïn !
Tout bas froufroute une tenture de velours,
Par la fenêtre la lune semble fixer le vide
Et puis me voici seul avec mon assassin.
***
DAS GRAUEN
Ich sah mich durch verlass’ne Zimmer gehn.
— Die Sterne tanzten irr auf blauem Grunde.
Und auf den Feldem heulten laut die Hunde,
Und in den Wipfeln wühlte wild der Föhn.
Doch plötzlich : Stille ! Dumpfe Fieberglut
Läßt giftige Blumen blühn aus meinem Munde,
Aus dem Geäst fä
llt wie aus einer Wunde
Blaß schimmernd Tau, und fä
llt, und äf
llt wie Blut.
Aus eines Spiegels trügerischer Leere
Hebt langsam sich, und wie ins Ungefä
hre
Aus Graun und Finsternis ein Antlitz : Kain !
Sehr leise rauscht die samtene Portiere,
Durchs Fenster schaut der Mond gleichwie ins Leere,
Da bin mit meinem Mörder ich allein.
(Georg Trakl)
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