L’ÉCART (Andrée Chedid)
Posted by arbrealettres sur 30 octobre 2018
L’ÉCART
Souvent j’habite mon corps
jusqu’aux creux des aisselles
Je me grave dans ce corps
jusqu’aux limites des doigts
Je déchiffre mon ventre
Je savoure mon souffle
Je navigue dans mes veines
à l’allure du sang
Sur mes pommettes la brise prend appui
Mes mains touchent aux choses
contre ma chair ta chair m’établit
Souvent d’être mon corps
J’ai vécu
Et je vis
…
Souvent d’un point sans lieu
Ce corps je l’entrevois
martelé par les jours
assailli par le temps
Souvent d’un point sans lieu
J’assourdis mon histoire
De l’avant à l’après
je conjugue l’horizon
Souvent d’un point sans lieu
Ce corps je le distance
Et de cet écart même
en alternance
Je vis.
(Andrée Chedid)
Qu'est-ce que ça vous inspire ?