Posts Tagged ‘alternance’
Posted by arbrealettres sur 30 octobre 2018
L’ÉCART
Souvent j’habite mon corps
jusqu’aux creux des aisselles
Je me grave dans ce corps
jusqu’aux limites des doigts
Je déchiffre mon ventre
Je savoure mon souffle
Je navigue dans mes veines
à l’allure du sang
Sur mes pommettes la brise prend appui
Mes mains touchent aux choses
contre ma chair ta chair m’établit
Souvent d’être mon corps
J’ai vécu
Et je vis
…
Souvent d’un point sans lieu
Ce corps je l’entrevois
martelé par les jours
assailli par le temps
Souvent d’un point sans lieu
J’assourdis mon histoire
De l’avant à l’après
je conjugue l’horizon
Souvent d’un point sans lieu
Ce corps je le distance
Et de cet écart même
en alternance
Je vis.
(Andrée Chedid)
Illustration: Aat Verhoog
Posted in méditations, poésie | Tagué: (Andrée Chédid), aisselle, alternance, appui, assaillir, assourdir, écart, brise, chair, corps, creux, déchiffrer, distancer, habiter, lieu, limite, marteler, promettre, sang, savourer, souffle, veine, ventre, vivre | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 28 septembre 2017
Illustration: ArbreaPhotos
Printemps
La branche jaillit.
Le chemin secret des eaux voit le jour.
Moi le ciel, toi la terre, moi le sable,
toi le ruisseau, moi les reins, toi l’abondance,
avec en plus la rencontre du temps prédestiné,
moi l’histoire, toi l’événement,
mêlés, roulés, confondus, essoufflés, perdus.
Moi la silice, toi le grain d’eau,
moi le chagrin, toi le repos,
les jours, les nuits, leur alternance.
Une branche verdit qui nous unit d’un seul élan,
toi la sève, moi l’écorce,
toi le bourgeon, moi la feuille.
Le sang qui est amour a coulé
au long des berges de la mémoire,
salué je ne sais quel dieu noir,
je te souris et tu m’enchantes,
je t’enlace et tu me prolonges
sur le grondement même des eaux.
Le temps fleurit en ses racines profondes.
Il règne ici l’odeur et la fragrance du jasmin.
Toi la douceur, moi le regard,
toi la narine, moi la tempe.
Ma voix, ta voix
sont les gémissements des bienheureux.
(Jean Malrieu)
Recueil: À leur sage lumière
Posted in poésie | Tagué: (Jean Malrieu), abondance, alternance, amour, écorce, élan, berge, bienheureux, bourgeon, branche, chagrin, chemin, ciel, confondu, couler, Dieu, douceur, eau, enlacer, essoufflé, feuille, fleurir, fragrance, gémissement, grain, grondement, histoire, jaillir, jardin, jour, mémoire, mêlé, moi, narine, nuit, odeur, perdu, printemps, profond, prolonger, racine, règner, regard, rein, repos, roulé, ruisseau, sable, saluer, sang, sève, secret, silice, tempe, temps, terre, toi, unir, verdir, voir, voix | 4 Comments »
Posted by arbrealettres sur 8 octobre 2016
VILLA ADRIANA
Marcher doucement à l’intérieur du monde
L’herbe et les oliviers sont toujours les mêmes
Et l’alternance du soleil et de l’ombre
Tresse un berceau pour le regard
Où tremblent les étoiles
Les odeurs sont les chemins les plus courts
D’un pas nous sommes ici et là
Distillés dans l’argile du corps
Sont les pétales d’anciens jardins
Le passé est un paysage ressemblant
Et les cygnes s’approchent de la rive
De leurs têtes gravement penchées
Partent les rubans transparents du jour
(Heather Dohollau)
Illustration
Posted in poésie | Tagué: (Heather Dohollau), alternance, argile, étoile, berceau, chemin, corps, cygne, distillé, herbe, ici, intérieur, jardin, là, marcher, monde, odeur, olivier, ombre, pétale, penché, regard, ressembler, ruban, s'approcher, soleil, tête, transparent, trembler, tresser | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 13 février 2016
J’attends et je n’attends plus.
Extrême délicatesse de l’attention
qui ne sait rien, qui écoute et n’entend peut-être rien d’autre
que l’attente elle-même, la vacuité de l’attente.
Il n’y a aucun obstacle,
les labyrinthes semblent fluides, tout devient aérien et flexible.
Je veille. Sera-t-il possible d’atteindre la transparence,
la nudité absolue, inhabitable ?
Jamais la transparence ne se refuse.
Il y a, malgré tout, une irradiation constante
de quelque chose avec quoi je suis en relation.
J’écris à présent dans la blanche complicité
d’une pure orientation qui me dénude…
Serait-ce la vérité ?
La nature de l’Autre est double : elle s’approche et se retire.
Mais elle-même n’est-elle pas soumise, dans cette alternance,
à la pulsation élémentaire d’une nature immuablement simple ?
Il est nécessaire de l’accueillir selon son propre rythme.
(António Ramos Rosa)
Illustration: Benoit Colsenet
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