Le temps nous use, il faut partir vers d’autres horizons.
Les rosiers défleuris gomment le jour,
une tristesse presque douce pend aux arbres immobiles,
un chat descend d’un mur sans savoir où aller,
quelqu’un, derrière sa fenêtre, tente de réunir les ombres que sa solitude,
sa lente et lourde solitude, a jetées n’importe où,
comme des mots de trop, des gestes vains; des linges sales.
Elles portaient, ces ombres, en leur légèreté,
le souvenir des roses et des amours enfuies.
Il nous use, le temps.
Les autres horizons ne sont que les regards de ceux qu’on délaissa.
(Richard Rognet)
Editions: Gallimard