Arbrealettres

Poésie

La folle complainte (Charles Trenet)

Posted by arbrealettres sur 2 décembre 2021



homme _poussiere
    
La folle complainte

Les jours de repassage,
Dans la maison qui dort,
La bonne n´est pas sage
Mais on la garde encore.
On l´a trouvée hier soir,
Derrière la porte de bois,
Avec une passoire, se donnant de la joie.
La barbe de grand-père
A tout remis en ordre
Mais la bonne en colère a bien failli le mordre.
Il pleut sur les ardoises,
Il pleut sur la basse-cour,
Il pleut sur les framboises,
Il pleut sur mon amour.

Je me cache sous la table.
Le chat me griffe un peu.
Ce tigre est indomptable
Et joue avec le feu.
Les pantoufles de grand-mère
Sont mortes avant la nuit.
Dormons dans ma chaumière.
Dormez, dormons sans bruit.

Berceau berçant des violes,
Un ange s´est caché
Dans le placard aux fioles
Où l´on me tient couché.
Remède pour le rhume,
Remède pour le cœur,
Remède pour la brume,
Remède pour le malheur.

La revanche des orages
A fait de la maison
Un tendre paysage
Pour les petits garçons
Qui brûlent d´impatience
Deux jours avant Noël
Et, sans aucune méfiance,
Acceptent tout, pêle-mêle :
La vie, la mort, les squares
Et les trains électriques,
Les larmes dans les gares,
Guignol et les coups de triques,
Les becs d´acétylène
Aux enfants assistés
Et le sourire d´Hélène
Par un beau soir d´été.

Donnez-moi quatre planches
Pour me faire un cercueil.
Il est tombé de la branche,
Le gentil écureuil.
Je n´ai pas aimé ma mère.
Je n´ai pas aimé mon sort.
Je n´ai pas aimé la guerre.
Je n´ai pas aimé la mort.
Je n´ai jamais su dire
Pourquoi j´étais distrait.

Je n´ai pas su sourire
A tel ou tel attrait.
J´étais seul sur les routes
Sans dire ni oui ni non.
Mon âme s´est dissoute.
Poussière était mon nom.

(Charles Trenet)

 

 

2 Réponses to “La folle complainte (Charles Trenet)”

  1. flipperine said

    tu es né poussière et tu retourneras poussière c’est la vie

  2. Sagesse d’une paire de pantoufles
    —————

    Nous occupons un coin de la chambre aux murs verts,
    Nul rêve ne survient en notre âme dormante ;
    Nous aimons contempler la soubrette charmante,
    Elle met de la joie dans ce calme univers.

    Jamais elle ne dit si l’amour la tourmente,
    Elle le dissimule au fond de ses yeux clairs ;
    Notre maître est épris, qui sans en avoir l’air
    Se confond en égards pour sa chère servante.

    Accompagnant ses pas, car c’est notre boulot,
    Nous suivons le couloir sans prendre le galop ;
    Plus vite cependant que ne vont les tortues.

    Dans la pièce d’entrée nous attend le manteau,
    Lequel voisine avec son pote le chapeau ;
    À nouer ses lacets le maître s »évertue.

Qu'est-ce que ça vous inspire ?