Arbrealettres

Poésie

Posts Tagged ‘placard’

SONNET DE LA FEMME ET DU VIN (André Berry)

Posted by arbrealettres sur 15 janvier 2024




    
SONNET DE LA FEMME ET DU VIN

Comme je méditais en ce pascal dimanche
Sur la confession du vieux saint Augustin,
L’huis s’éclaira; je vis, profilés sur la planche,
Mes deux grands Tentateurs : et la Femme et le Vin.

De la pourpre et de l’or dans sa nudité blanche,
Elle inclinait un vase au rond de son tétin,
Et la liqueur coulait des contours de sa hanche
Au mont vénusiaque, au martial ravin.

« Par le Christ et la Vierge, ô je vous en adjure,
Arrière, Ivrognerie; éloigne-toi, Luxure !
Seul avec le Seigneur laissez-moi maintenant ! »

Je verrouillai la porte et barrai les fenêtres.
Des placards, du plancher, des murs, de tous les aîtres,
Cent femmes, verre en main, sortaient en ricanant.

(André Berry)

 

Recueil: Poèmes involontaires suivi du Petit Ecclésiaste
Editions: René Julliard

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Ô SAISONS (Henri Droguet)

Posted by arbrealettres sur 1 juillet 2023




    
Ô SAISONS

1

pour l’été
n’importe où
l’archipel

2

pour l’automne
l’or
à bout portant

3

pour l’hiver
un rêve
un placard
où la souris chicote

4

pour le printemps
(s’il vient)
ce qu’il reste …

(Henri Droguet)

Recueil: Toutes affaires cessantes
Editions: Gallimard

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , | 1 Comment »

RETOUCHE A LA POSSESSION DU MONDE (Daniel Boulanger)

Posted by arbrealettres sur 25 mars 2023



brosse 72

RETOUCHE A LA POSSESSION DU MONDE

De ce grand amour
il reste au fond d’un placard
quelques cheveux sur une brosse.

(Daniel Boulanger)

Posted in haïku, poésie | Tagué: , , , , , | Leave a Comment »

Villa Pauline (Katherine Mansfield)

Posted by arbrealettres sur 20 avril 2022




    
Villa Pauline

Voilà! avant qu’il ne vienne
Vous n’étiez qu’un nom:
Quatre petites chambres et un placard
Sans un os,
Et j’étais seule!
Maintenant avec vos fenêtres ouvertes
Tout ce qui peut entrer
De soleil et de fleurs et de beauté
Entre pour se cacher,
Pour jouer, pour rire dans les escaliers,
Pour attraper partout
Notre bonheur enfantin
Et pour glisser
À travers les quatre petites chambres sur la pointe des pieds
Avec le doigt levé
Comme si nous ne pouvions savoir
Quand les volets sont clos
Qu’ils s’attardent encore
Longtemps, longtemps après.
Allongé, l’un près de l’autre, dans l’obscurité
Il me dit: « Écoute,
N’est-ce pas un rire? »

***

Villa Pauline

But, ah! before he came
You were only a name:
Four little rooms and a cupboard
Without a bone,
And I was alone!
Now with your windows wide
Everything from outside
Of sun and flower and loveliness
Comes in to hide,
To play, to laugh on the stairs,
To catch unawares
Our childish happiness,
And to glide
Through the four little rooms on tip-toe
With lifted finger,
Pretending we shall not know
When the shutters are shut
That they still linger
Long, long after.
Lying close in the dark
He says to me : « Hark,
Isn’t that laughter? »

(Katherine Mansfield)

Recueil: Villa Pauline Autres Poèmes
Traduction: Philippe Blanchon
Editions: La Nerthe

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

La folle complainte (Charles Trenet)

Posted by arbrealettres sur 2 décembre 2021



homme _poussiere
    
La folle complainte

Les jours de repassage,
Dans la maison qui dort,
La bonne n´est pas sage
Mais on la garde encore.
On l´a trouvée hier soir,
Derrière la porte de bois,
Avec une passoire, se donnant de la joie.
La barbe de grand-père
A tout remis en ordre
Mais la bonne en colère a bien failli le mordre.
Il pleut sur les ardoises,
Il pleut sur la basse-cour,
Il pleut sur les framboises,
Il pleut sur mon amour.

Je me cache sous la table.
Le chat me griffe un peu.
Ce tigre est indomptable
Et joue avec le feu.
Les pantoufles de grand-mère
Sont mortes avant la nuit.
Dormons dans ma chaumière.
Dormez, dormons sans bruit.

Berceau berçant des violes,
Un ange s´est caché
Dans le placard aux fioles
Où l´on me tient couché.
Remède pour le rhume,
Remède pour le cœur,
Remède pour la brume,
Remède pour le malheur.

La revanche des orages
A fait de la maison
Un tendre paysage
Pour les petits garçons
Qui brûlent d´impatience
Deux jours avant Noël
Et, sans aucune méfiance,
Acceptent tout, pêle-mêle :
La vie, la mort, les squares
Et les trains électriques,
Les larmes dans les gares,
Guignol et les coups de triques,
Les becs d´acétylène
Aux enfants assistés
Et le sourire d´Hélène
Par un beau soir d´été.

Donnez-moi quatre planches
Pour me faire un cercueil.
Il est tombé de la branche,
Le gentil écureuil.
Je n´ai pas aimé ma mère.
Je n´ai pas aimé mon sort.
Je n´ai pas aimé la guerre.
Je n´ai pas aimé la mort.
Je n´ai jamais su dire
Pourquoi j´étais distrait.

Je n´ai pas su sourire
A tel ou tel attrait.
J´étais seul sur les routes
Sans dire ni oui ni non.
Mon âme s´est dissoute.
Poussière était mon nom.

(Charles Trenet)

 

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 2 Comments »

Méfiance (Raymond Carver)

Posted by arbrealettres sur 4 juin 2020




    
Méfiance

Essayant d’écrire un poème alors qu’il fait encore noir dehors,
il a la sensation incontestable d’être observé.
Posant la plume il regarde autour de lui. Au bout d’une minute,
il se lève pour parcourir les pièces de sa maison.
Il vérifie les placards. Rien, bien sûr.
N’empêche, il ne veut courir aucun risque.
Il éteint les lampes et s’assied dans le noir.
Fumant sa pipe jusqu’à ce que la sensation se soit dissipée
et que dehors monte la lumière. Il regarde
la feuille blanche devant lui. Puis se lève
pour faire encore une fois le tour de la maison.
Le bruit de sa respiration l’accompagne.
Autrement rien. Évidemment.
Rien.

(Raymond Carver)

 

Recueil: Poésie
Traduction: Jacqueline H. jeem-Pierry Carasso et Emmanuel Moses
Editions: De l’olivier

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Ta mort (Richard Rognet)

Posted by arbrealettres sur 9 avril 2020



 

Illustration: Claude Monet
    
Ce n’est pas au moment où elle tomba sur toi,
ta mort, qu’elle fut la mort, ni lorsqu’on
t’emporta, comme un paquet, hors de chez nous,
dans une housse grise dont le gris de la nuit,

lui-même fut troublé, non, ce n’est pas à ce
moment-là qu’elle fut la mort, mais bien après
ton départ, lorsqu’elle explosa dans la vie,
vivante dans la cuisine, en chaque ustensile

sorti d’un placard, sur la nappe débarrassée
de ses miettes, après les repas, vivante dans
le jour accroché aux rideaux, dans le jeu des

mésanges que rassemble le pin, vivante dans
le jardin où les rhododendrons se souviennent
des regards attendris que tu portais sur eux.

(Richard Rognet)

 

Découvert ici: http://laboucheaoreilles.wordpress.com/

Recueil: Dans les méandres des saisons
Traduction:
Editions: Gallimard

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

MURS (Aron Kushnirov)

Posted by arbrealettres sur 7 janvier 2020




    
MURS

Nous,
Solides et durs, nous les murs,
Condamnés à écouter et à nous taire,
Des milliers
Des milliers d’années nous restâmes soumis,
Écoutant, comprenant,
Étouffant en nous silencieusement
La rumeur des générations.
Mais plus jamais
Plus jamais nous ne serons muets,
Nous entendrons
L’escalade,
La griffade,
La tornade
Des pas pesants, des pas épais
Des pas d’acier.
Il vient un colosse, un puissant,
Et tout ce qui, hier encore,
Régnait,
Comme le roc
Ou le granit
À genoux tombe devant lui,
Tremblant de panique,
Nous donne une langue,
Nous colle et nous couvre
D’affiches à foison, de placards et de feuilles,
Avec elles
Comme avec des gueules énormes
Nous allons crier
En écoutant le tonnerre des pas.

(Aron Kushnirov)

 

Recueil: Anthologie de la poésie yiddish Le miroir d’un peuple
Traduction:
Editions: Gallimard

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

FUITE (Raymond Federman)

Posted by arbrealettres sur 1 août 2019



FUITE

ma vie a commencé dans un placard
sous les dépouilles et la poussière
je suçais des morceaux de sucre volés
dehors la lune à petits pas arpentait le toit
ponctuant le début de mon surcroit de vie
replié dans la fragilité de mon aventure
la curiosité me poussa dans l’escalier
mais je butai sur la douzième marche
et les portes ouvrirent des yeux muets
d’effarement devant ma nudité
pendant que je courais sous le ciel indifférent
les mains serrées sur un paquet de peur
une étoile jaune tomba du ciel
et frappa ma poitrine
c’est alors qu’ils m’attrapèrent
et m’enfermèrent dans une boîte
qu’ils trainèrent partout sur la terre
pour figurer ma honte
autour ils se battaient à coup de pierres
et faisaient des étoiles un énorme brasier
tous les jours ils venaient me toucher
mettre leurs doigts dans ma bouche
et me marquer de noir et ce bleu
mais par une fissure dans le mur
je vis un arbre en forme de feuille
et un matin un oiseau me vola dans la tête
je me mis à aimer si fort cet oiseau
que quand mon maître à l’oeil bleu
regarda le soleil et s’aveugla
j’ouvris la cage et cachai
mon coeur dans une plume jaune

***

ESCAPE

my life began in a closet
among empty skins and dusty hats
while sucking pieces of stolen sugar
outside the moon tiptoed across the roof
to denounce the beginning of my excessiveness
backtracked into the fragility of my adventure
curiosity drove me down the staircase
but I slipped on the twelfth step and fell
and all the doors opened dumb eyes
to stare impudently at my nakedness
as I ran beneath the indifferent sky
clutching a filthy package of fear in my hands
a yellow star fell from above and struck my breast
and all the eyes turned away in shame
then they grabbed me and locked me in a box
dragged me a hundred times over the earth
in metaphorical disgrace
while they threw stones at each other
and burned all the stars in a giant furnace
every day they came to touch me
put their fingers in my mouth
and paint me black and blue
but through a crack in the wall
I saw a tree the shape of a leaf
and one morning a bird flew into my head
I loved that bird so much
that while my blue-eyed master
looked at the sun and was blind
I opened the cage and hid my heart
in a yellow feather

(Raymond Federman)

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 3 Comments »

Bénédicité (Hubert Juin)

Posted by arbrealettres sur 19 janvier 2019



Les oeufs rangés dans les placards,
les pommes en le cellier
l’alcool qui fait justice,
le vin de bonne renommée,
et le thym sur la viande,
un bénédicité…

(Hubert Juin)

Illustration

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , | 1 Comment »