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Poésie

Posts Tagged ‘villa’

LES PORTRAITS (Jean Follain)

Posted by arbrealettres sur 16 février 2024




    
LES PORTRAITS

Les portraits aux murs de nos villas
montrent d’autoritaires enfants
de dentelles et de velours vêtus;
à dix ans déjà prêts pour la lutte
leurs mères les embrassaient
avec sauvagerie
et quand la nuit tombe sur ces portraits pâlis
tout est si morne que le monde
nous semble à jamais mort à ses mythologies.

(Jean Follain)

Recueil: Exister suivi de Territoires
Editions: Gallimard

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En quittant ma villa de la Jante (Wang Wei)

Posted by arbrealettres sur 24 octobre 2023



    

En quittant ma villa de la Jante

Je ne sais plus partir.
A regret j’abandonne les pins et les lichens.
Si je puis délaisser les monts bleutés,
Qu’en sera-t-il du vert torrent ?

(Wang Wei)

Recueil:Les saisons bleues
Traduction: Patrick Carré
Editions: Phébus

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Villa Pauline (Katherine Mansfield)

Posted by arbrealettres sur 20 avril 2022




    
Villa Pauline

Voilà! avant qu’il ne vienne
Vous n’étiez qu’un nom:
Quatre petites chambres et un placard
Sans un os,
Et j’étais seule!
Maintenant avec vos fenêtres ouvertes
Tout ce qui peut entrer
De soleil et de fleurs et de beauté
Entre pour se cacher,
Pour jouer, pour rire dans les escaliers,
Pour attraper partout
Notre bonheur enfantin
Et pour glisser
À travers les quatre petites chambres sur la pointe des pieds
Avec le doigt levé
Comme si nous ne pouvions savoir
Quand les volets sont clos
Qu’ils s’attardent encore
Longtemps, longtemps après.
Allongé, l’un près de l’autre, dans l’obscurité
Il me dit: « Écoute,
N’est-ce pas un rire? »

***

Villa Pauline

But, ah! before he came
You were only a name:
Four little rooms and a cupboard
Without a bone,
And I was alone!
Now with your windows wide
Everything from outside
Of sun and flower and loveliness
Comes in to hide,
To play, to laugh on the stairs,
To catch unawares
Our childish happiness,
And to glide
Through the four little rooms on tip-toe
With lifted finger,
Pretending we shall not know
When the shutters are shut
That they still linger
Long, long after.
Lying close in the dark
He says to me : « Hark,
Isn’t that laughter? »

(Katherine Mansfield)

Recueil: Villa Pauline Autres Poèmes
Traduction: Philippe Blanchon
Editions: La Nerthe

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Trouville (Albert Camus)

Posted by arbrealettres sur 23 Mai 2018



Claude Monet Trouville

Trouville

Un plateau plein d’asphodèles devant la mer.
De petites villas à barrières vertes ou blanches, à véranda,
quelques-unes enfouies sous les tamaris, quelques autres nues au milieu des pierres.
La mer gronde un peu, en bas. Mais le soleil, le vent léger, la blancheur des asphodèles,
le bleu déjà dur du ciel, tout laisse imaginer l’été,
sa jeunesse dorée, ses filles et ses garçons bruns,
les passions naissantes, les longues heures au soleil
et la douceur subite de ses soirs.
Quel autre sens trouver à nos jours que celui-ci et la leçon de ce plateau :
une naissance et une mort, entre les deux la beauté et la mélancolie.

(Albert Camus)

Illustration: Claude Monet

 

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Vie et marée (Max Jacob)

Posted by arbrealettres sur 17 Mai 2018



Vie et marée

Quelquefois, je ne sais quelle clarté nous faisait entrevoir le sommet d’une vague
et parfois aussi le bruit de nos instruments ne couvrait pas le vacarme de l’Océan qui se rapprochait.
La nuit de la villa était entourée de mer.
Ta voix avait l’inflexion d’une voix d’enfer et le piano n’était plus qu’une ombre sonore.
Alors toi, calme, dans ta vareuse rouge, tu me touchas l’épaule du bout de ton archet,
comme l’émotion du Déluge m’arrêtait.
« Reprenons! » dis-tu. O vie ! ô douleur ! ô souffrances d’éternels recommencements !
que de fois lorsque l’Océan des nécessités m’assiégeait !
que de fois ai-je dit, dominant des chagrins trop réels !
hélas ! « Reprenons! » et ma volonté était comme la villa si terrible cette nuit-là.
Les nuits n’ont pour moi que des marées d’équinoxe.

(Max Jacob)

Découvert chez Lara ici

Illustration

 

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Le gouffre du jour (Henri Thomas)

Posted by arbrealettres sur 20 avril 2018



    

Le gouffre du jour

A chaque aube étonnant de son cri de colombe
un silence où dormaient les fougères du givre,
le même somnambule ouvre ses grands yeux ivres
et droit dans l’inconnu glisse comme une bombe,

sa clameur en tombant dissipe les forêts,
déchire les filets où s’agitent nos rêves
et dans un grand remous mille maisons se lèvent
et la neuve clarté se tache d’un sang frais ;

villas, palais marins qui buvez la lumière
par toutes vos blancheurs dès l’aurore ravies,
sentez-vous le soleil ourdissant dans la pierre
un réseau frémissant qui capture la vie ?

Les dormeurs de midi verront ces fables sourdes
déchirer leur sommeil en un fiévreux sillage,
à peine s’arrêter pour jeter leur message
et couler dans le sang comme barques trop lourdes.

(Henri Thomas)

 

Recueil:
Traduction:
Editions: Gallimard

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La fleur qui fait le printemps (Théophile Gautier)

Posted by arbrealettres sur 7 avril 2018



Illustration: Jean-Louis Dupuy
    
La fleur qui fait le printemps

Les marronniers de la terrasse
Vont bientôt fleurir, à Saint-Jean,
La villa d’où la vue embrasse
Tant de monts bleus coiffés d’argent.

La feuille, hier encor pliée
Dans son étroit corset d’hiver,
Met sur la branche déliée
Les premières touches de vert.

Mais en vain le soleil excite
La sève des rameaux trop lents ;
La fleur retardataire hésite
A faire voir ses thyrses blancs.

Pourtant le pêcher est tout rose,
Comme un désir de la pudeur,
Et le pommier, que l’aube arrose,
S’épanouit dans sa candeur.

La véronique s’aventure
Près des boutons d’or dans les prés,
Les caresses de la nature
Hâtent les germes rassurés.

Il me faut retourner encore
Au cercle d’enfer où je vis ;
Marronniers, pressez-vous d’éclore
Et d’éblouir mes yeux ravis.

Vous pouvez sortir pour la fête
Vos girandoles sans péril,
Un ciel bleu luit sur votre faîte
Et déjà mai talonne avril.

Par pitié, donnez cette joie
Au poëte dans ses douleurs,
Qu’avant de s’en aller, il voie
Vos feux d’artifice de fleurs.

Grands marronniers de la terrasse,
Si fiers de vos splendeurs d’été,
Montrez-vous à moi dans la grâce
Qui précède votre beauté.

Je connais vos riches livrées,
Quand octobre, ouvrant son essor,
Vous met des tuniques pourprées,
Vous pose des couronnes d’or.

je vous ai vus, blanches ramées,
Pareils aux dessins que le froid
Aux vitres d’argent étamées
Trace, la nuit, avec son doigt.

Je sais tous vos aspects superbes,
Arbres géants, vieux marronniers,
Mais j’ignore vos fraîches gerbes
Et vos arômes printaniers.

Adieu, je pars lassé d’attendre ;
Gardez vos bouquets éclatants !
Une autre fleur suave et tendre,
Seule à mes yeux fait le printemps.

Que mai remporte sa corbeille !
Il me suffit de cette fleur ;
Toujours pour l’âme et pour l’abeille
Elle a du miel pur dans le coeur.

Par le ciel d’azur ou de brume
Par la chaude ou froide saison,
Elle sourit, charme et parfume,
Violette de la maison !

(Théophile Gautier)

 

Recueil: Émaux et Camées
Traduction:
Editions: Gallimard

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Le Figuier (Juana de Ibarbourou)

Posted by arbrealettres sur 19 septembre 2016



Le Figuier

Parce qu’il est rugueux et laid
parce que toutes ses branches sont grises,
j’ai pitié pour le figuier.

Dans ma villa il y a cent beaux arbres :
pruniers ronds
droits citronniers
et orangers aux bourgeons lustrés.

Au printemps,
tous se couvrent de fleurs
autour du figuier.

Et le pauvre semble si triste
avec ses branches tordues qui jamais
ne s’ornent de bourgeons serrés.

Alors,
chaque fois que je passe à ses côtés
je dis, en procurant
à mon accent la douceur et l’allègresse :
« C’est le figuier, le plus beau
des arbres de mon jardin. »

S’il m’écoute,
s’il comprend la langue que je parle,
quelle douceur si profonde se nichera
dans sa sensible âme d’arbre !

Et peut être la nuit,
quand le vent évente sa palme,
engourdi de joie, le figuier lui raconte :
« Aujourd’hui l’on m’a dit que j’étais beau. »

***

LA HIGUERA

Porque es áspera y fea,
porque todas sus ramas son grises,
yo le tengo piedad a la higuera.

En mi quinta hay cien árboles bellos:
ciruelos redondos,
limoneros rectos
y naranjos de brotes lustrosos.

En las primaveras,
todos ellos se cubren de flores
en torno a la higuera.

Y la pobre parece tan triste
con sus gajos torcidos que nunca
de apretados capullos se visten…

Por eso,
cada verz que yo paso a su lado,
digo, procurando
hacer dulce y alegre mi acento:
-Es la higuera el más bello
de los árboles en el huerto.

Si ella escucha,
si comprende el idioma en que hablo,
¡qué dulzura tan honda hará nido
en su alma sensible de árbol!

Y tal vez a la noche,
cuando el viento abanique su copa,
embriagada de gozo, le cuente:
-Hoy a mi me dijeron hermosa.

(Juana de Ibarbourou)

Découvert ici: http://www.ipernity.com/blog/lara-alpha

 

 

 

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PORTRAIT ET COMMENTAIRE (Tomas Tranströmer)

Posted by arbrealettres sur 19 Mai 2016



PORTRAIT ET COMMENTAIRE

Voici le portrait d’un homme que j’ai connu.
Il est assis à table, le journal grand ouvert.
Ses yeux se sont logés derrière ses lunettes.
Son costume est lavé aux lueurs des sapins.

C’est un visage blême, à moitié achevé.
Mais qui a toujours su éveiller la confiance. Ainsi
on se gardait de l’approcher de près
et peut-être alors de tomber sur un drame.

Son père, dit-on, roulait sur l’or.
Mais personne chez eux n’en était vraiment sûr —
on avait l’impression que des pensées étranges
entraient de force la nuit dans la villa.

Le journal, ce grand papillon sale,
la table et la chaise et le visage se délassent.
La vie s’est arrêtée dans des cristaux géants.
Qu’elle n’en sorte plus jusqu’à nouvel ordre!

Ce que je suis en lui repose.
Et existe. Il ne vérifie rien
et ainsi, cela vit et perdure.

Qui suis-je ? Il y a longtemps
j’approchais parfois quelques secondes
ce que JE suis, ce que JE suis, ce que JE suis.

Mais au moment de ME découvrir,
JE m’effaçais et un trou se creusait
et je tombais dedans, tout comme Alice.

(Tomas Tranströmer)

Illustration: Anthony Browne

 

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Quelque part (René Guy Cadou)

Posted by arbrealettres sur 1 Mai 2016



Quelque part

Oh ! Quelque part dans une villa vide du bord des mers
Dis mon amour ! Avec des fleurs dégénérées et des asters
Dans la maison d’un garde-chasse ou bien peut-être
Dans la petite chambre en bois blanc d’un vieux prêtre
Quelque part tout au fond d’un hôtel de province
Qui sent la suie mouillée le cuivre et les harnais
Ou plus loin si tu veux dans un pays malade
Et fréquenté des seules bêtes de forêt
Ô mon amour en cet octobre je t’emporte
A travers cette pluie de sang des feuilles mortes
Comme un enfant qui cherche à préserver le nid
Surveillé deux saisons La terre se chamarre
De garance et de pourpre et l’on entend les gares
Rappeler longuement les trains bleus qui ont fui
Que ce soit en un lieu très humble avec des lampes
Aux vieilles mèches difficiles à remonter
Des meubles bas de la poussière sur la rampe
Et des plumes en moins au coq du vaisselier
Car nous avons un goût tenace pour ces choses
Qui naissent de nous-mêmes singulièrement
Et les pâles soleils qui tombent du couchant
Ajoutent dans le temps à leur métempsycose.

(René Guy Cadou)

 

 

 

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