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DIRE : FAIRE (Octavio Paz)

Posted by arbrealettres sur 3 février 2017



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DIRE : FAIRE

1
Parmi ce que je vois et dis,
parmi ce que je dis et tais,
parmi ce que je tais et rêve,
parmi ce que je rêve et oublie,
la poésie.
Se glisse
parmi le oui et le non :
dit
ce que je tais,
tait
ce que je dis,
rêve
ce que j’oublie.
Ce n’est pas un dire :
c’est un faire.
C’est un faire
qui est un dire.
La poésie
se dit et s’entend :
est réelle.
Et à peine dis-je
est réelle
se dissipe.
Est-elle plus réelle ainsi ?

2
Idée palpable,
mot
impalpable :
la poésie
va et vient
parmi ce qui est
et ce qui n’est pas.
Tisse des reflets
et les défisse.
La poésie
semailles yeux sur la page,
semailles mots dans les yeux.
Les yeux parlent,
les mots regardent,
les regards pensent.
Entendre
les pensées,
voir
Ce que nous disons,
toucher
le corps de l’idée.
Les yeux
se ferment,
Les mots s’ouvrent.

(Octavio Paz)

 
Illustration: ArbreaPhotos

 

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C’est gai, écrire (Georges Perros)

Posted by arbrealettres sur 30 novembre 2016



C’est gai, écrire.
On peut écrire gaiement qu’on va se suicider.
Ecrire ne peut tendre qu’à l’ellipse, au poème ; ou à l’illusion de l’efficacité.
Le langage c’est un océan de mots.

Pour ma part, ou je suis presque noyé dedans ou, quand la mer se retire, je regarde, je marche sur ce qui reste.
Des trous, des flaques. L’écriture fragmentaire, ce sont des flaques, ces restes marins, ces coquillages, ces témoins humides.
Mon attention les sèche. A l’opposé du discours continu, qui est la vie, entre du palpable et du rien.
Un petit Poucet, sauf que j’ai les cailloux devant moi.

Comment lire ces déchets ?
Il y a un temps, un moment, pour lire le journal, pour lire un roman ou un poème.
Mais des notes ?
Au-delà de la note, il y a, il n’y a que l’aphorisme solitaire invétéré.
Mots en froid.

(Georges Perros)

Découvert ici: http://www.ipernity.com/blog/lara-alpha

Illustration: ArbreaPhotos  

 

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C’est gai, écrire (Georges Perros)

Posted by arbrealettres sur 6 août 2016



C’est gai, écrire.
On peut écrire gaiement qu’on va se suicider.

Ecrire ne peut tendre qu’à l’ellipse, au poème ;
ou à l’illusion de l’efficacité.

Le langage c’est un océan de mots.
Pour ma part, ou je suis presque noyé dedans
ou, quand la mer se retire, je regarde, je marche sur ce qui reste.
Des trous, des flaques.

L’écriture fragmentaire, ce sont des flaques,
ces restes marins, ces coquillages, ces témoins humides.
Mon attention les sèche.
A l’opposé du discours continu, qui est la vie,
entre du palpable et du rien.

Un petit Poucet,
sauf que j’ai les cailloux devant moi.
Comment lire ces déchets ?

Il y a un temps, un moment, pour lire le journal,
pour lire un roman ou un poème.
Mais des notes ?

Au-delà de la note,
il y a, il n’y a que l’aphorisme solitaire invétéré.
Mots en froid.

(Georges Perros)

 

 

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