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Poésie

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Retouche au paysan (Daniel Boulanger)

Posted by arbrealettres sur 3 décembre 2017




    
retouche au paysan

Avec quarante mots
il parle comme Virgile
où l’air a si grande place

et l’on dirait la batterie des cuivres
qui brille à la cuisine

(Daniel Boulanger)

 

Recueil: Les dessous du ciel
Editions: Gallimard

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QU’EST-CE QUI SE PASSE (Guillaume Apollinaire)

Posted by arbrealettres sur 4 décembre 2016



QU’EST-CE QUI SE PASSE

Je monte la garde à la poudrière
Il y a un chien très gentil dans la guérite
Il y a des lapins qui détalent dans la garrigue
Il y a des blessés dans la salle de garde
Il y a un fonctionnaire brigadier qui pince le nez aux ronfleurs
Il y a une route en corniche qui domine de belles vallées
Pleines d’arbres en fleurs qui colorent le printemps
Il y a des vieillards qui discutent dans les cafés
Il y a une infirmière qui pense à moi au chevet de son blessé
Il y a de grands vaisseaux sur la mer déchaînée
Il y a mon cœur qui bat comme le chef d’orchestre
Il y a des Zeppelins qui passent au-dessus de la maison de ma mère
Il y a une femme qui prend le train à Baccarat
Il y a des artilleurs qui sucent des bonbons acidulés
Il y a des alpins qui campent sous des marabouts
Il y a une batterie de 90 qui tire au loin
Il y a tant d’amis qui meurent au loin.

(Guillaume Apollinaire)

Illustration: ArbreaPhotos

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BATTERIE (Jean Cocteau)

Posted by arbrealettres sur 28 septembre 2016



 

BATTERIE

SOLEIL, je t’adore comme les sauvages,
à plat ventre sur le rivage.

Soleil, tu vernis tes chromos,
tes paniers de fruits, tes animaux.

Fais-moi le corps tanné, salé ;
fais ma grande douleur s’en aller.

Le nègre, dont brillent les dents,
est noir dehors, rose dedans.

Moi je suis noir dedans et rose
dehors, fais la métamorphose.

Change-moi d’odeur, de couleur,
comme tu as changé Hyacinthe en fleur.

Fais braire la cigale en haut du pin,
fais-moi sentir le four à pain.

L’arbre à midi rempli de nuit
la répand le soir à côté de lui.

Fais-moi répandre mes mauvais rêves,
soleil, boa d’Adam et d’Eve.

Fais-moi un peu m’habituer,
à ce que mon pauvre ami Jean soit tué.

Loterie, étage tes lots
de vases, de boules, de couteaux.

Tu déballes ta pacotille
sur les fauves, sur les Antilles.

Chez nous, sors ce que tu as de mieux,
pour ne pas abîmer nos yeux.

Baraque de la Goulue, manège
en velours, en miroirs, en arpèges.

Arrache mon mal, tire fort,
charlatan au carrosse d’or.

Que j’ai chaud ! C’est qu’il est midi.
Je ne sais plus bien ce que je dis.

Je n’ai plus mon ombre autour de moi
soleil ! ménagerie des mois.

Soleil, Buffalo Bill, Barnum,
tu grises mieux que l’opium.

Tu es un clown, un toréador,
tu as des chaînes de montre en or.

Tu es un nègre bleu qui boxe
les équateurs, les équinoxes.

Soleil, je supporte tes coups ;
tes gros coups de poing sur mon cou.

C’est encore toi que je préfère,
soleil, délicieux enfer.

(Jean Cocteau)

 

 

 

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