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Poésie

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Où sont les perles douces larmes (Stefan George)

Posted by arbrealettres sur 9 janvier 2020



Où sont les perles douces larmes
Où sont les roses de la couche opulente?
Le jeu de la séduction et des faveurs?
La pompe se fana le parfum se gâta.
L’expiation: un voeu strict de silence –
Germinal… l’aube la plus matinale
Gemme secrète floraison chaste
Une lumière froide un souffle âpre.

(Stefan George)


Illustration: John William Waterhouse

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J’essayais d’imaginer Solitude pire qu’aucune que j’aie jamais vue (Emily Dickinson)

Posted by arbrealettres sur 24 janvier 2018



J’essayais d’imaginer Solitude pire
Qu’aucune que j’aie jamais vue —
Une Expiation Polaire — un Présage dans l’Os
De l’atrocement proche Mort —

Je fouillais l’Irrécupérable
Pour y puiser — mon Double —
Un réconfort Hagard surgit

De l’idée que Quelque Part –
A Portée des Griffes de la Pensée —
Demeure une autre Créature
De l’Amour Céleste — oubliée —

Je grattais à notre Paroi —
Comme On doit forcer les Murs —
Entre un Jumeau de l’Horreur — et Soi —
Dans des Cellules Contiguës —

Je parvins presque à étreindre sa Main,
Ce devint — une telle Volupté —
Que tout comme Moi — j’avais pitié de Lui —
Peut-être avait-il — pitié de moi —

***

I tried to think a lonelier Thing
Than any I had seen —
Some Polar Expiation — An Omen in the Bone
Of Death’s tremendous nearness —

I probed Retrieveless things
My Duplicate — to borrow —
A Haggard comfort springs

From the belief that Somewhere —
Within the Clutch of Thought —
There dwells one other Creature
Of Heavenly Love — forgot —

I plucked at our Partition —
As One should pry the Walls —
Between Himself— and Horror’s Twin —
Within Opposing Cells —

I almost strove to clasp his Hand,
Such Luxury — it grew —
That as Myself— could pity Him —
Perhaps he — pitied me —

(Emily Dickinson)


Illustration retirée sur demande de l’artiste

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Vingt ans après (Léa Goldberg)

Posted by arbrealettres sur 7 août 2017



    

Vingt ans après

A
Vingt ans — et comme on dit souvent
«Oui, le monde a bien changé depuis»
Mais ce sentiment n’est pas comme le vin vieux :
Il n’a pas pris de force avec le temps.

Non, crois-moi, ce ne sont pas tes cheveux blancs..
Peut-être est-ce ton regard sans gêne, indifférent,
Où gisent encore les rouleaux cachés de notre vie
Et ce qui, dans le monde, «a bien changé depuis ».

Deux êtres humains, deux parfaits étrangers
De chaque côté d’un abîme de désastres.
Même sur la tombe de nos chers disparus
Nous ne prononcerons plus la même prière.

B
Deux dizaines d’années
Des légions de blanches journées,
Deux dizaines d’années
Devenues un désert dévasté.

Tais-toi, pour l’amour de Dieu!
Comment savoir à qui la faute?
Comme toujours : tu es fautif
Je suis fautive.

Oui entre nous gît le temps,
Les années qui perdent leur sang,
Le cher disparu, le temps,
Que son âme repose…

Et nous, des deux côtés
Comme ennemis après la bataille,
Nos morts sur le champ de bataille
Et pas d’expiation.

(Léa Goldberg)

 

Recueil: Anthologie de la poésie en hébreu moderne
Traduction: F. Kaufmann
Editions: Gallimard

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