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La Forêt (François-René de Châteaubriand)

Posted by arbrealettres sur 14 août 2018




La Forêt

Forêt silencieuse, aimable solitude,
Que j’aime à parcourir votre ombrage ignoré !
Dans vos sombres détours, en rêvant égaré,
J’éprouve un sentiment libre d’inquiétude !
Prestige de mon coeur ! je crois voir s’exhaler
Des arbres, des gazons, une douce tristesse.
Cette onde que j’entends murmure avec mollesse,
Et dans le fonds des bois semble encor m’appeler.
Oh ! que ne puis-je, heureux, passer ma vie entière
Ici, loin des humains !… Au bruit de ces ruisseaux,
Sur un tapis de fleurs, dans ce lieu solitaire,
Qu’ignoré, je sommeille à l’ombre des ormeaux !
Forêts ! agitez-vous doucement dans les airs !
A quel amant jamais serez-vous aussi chères ?
D’autres vous confieront des amours étrangères ;
Moi, de vos charmes seuls j’entretiens les déserts.

(François-René de Châteaubriand)

 

 

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Le Montagnard exilé (François-René de Châteaubriand)

Posted by arbrealettres sur 28 janvier 2018




Le Montagnard exilé

Combien j’ai douce souvenance
Du joli lieu de ma naissance !
Ma soeur, qu’ils étaient beaux les jours
De France !
O mon pays, sois mes amours
Toujours !

Te souvient-il que notre mère
Au foyer de notre chaumière
Nous pressait sur son coeur joyeux,
Ma chère,
Et nous baisions ses blancs cheveux
Tous deux ?

Ma soeur, te souvient-il encore
Du château que baignait la Dore,
Et de cette tant vieille tour
Du Maure,
Où l’airain sonnait le retour
Du jour?

Te souvient-il du lac tranquille
Qu’effleurait l’hirondelle agile,
Du vent qui courbait le roseau
Mobile,
Et du soleil couchant sur l’eau,
Si beau ?

Oh ! qui me rendra mon Hélène,
Et ma montagne, et le grand chêne ?
Leur souvenir fait tous les jours
Ma peine !
Mon pays sera mes amours
Toujours !

(François-René de Châteaubriand)

Illustration

 

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La Mer (François-René de Chateaubriand)

Posted by arbrealettres sur 2 avril 2016



La Mer

Des vastes mers tableau philosophique,
Tu plais aux coeurs de chagrins agité :
Quand de ton sein par les vents tourmenté,
Quand des écueils et des grèves antiques
Sortent des bruits, des voix mélancoliques,
L’âme attendrie en ses rêves se perd,
Et, s’égarant de penser en penser,
Comme les flots de murmure en murmure,
Elle se mêle à toute la nature :
Avec les vents, dans le fond des déserts,
Elle gémit le long des bois sauvages,
Sur l’Océan vole avec les orages,
Gronde en la foudre, et tonne dans les mers.

Mais quand le jour sur les vagues tremblantes
S’en va mourir ; quand, souriant encor,
Le vieux soleil glace de pourpre et d’or
Le vert changeant des mers étincelantes,
Dans des lointains fuyants et veloutés,
En enfonçant ma pensée et ma vue,
J’aime à créer des mondes enchantés
Baignés des eaux d’une mer inconnue.
L’ardent désir, des obstacles vainqueur,
Trouve, embellit des rives bocagères,
Des lieux de paix, des îles de bonheur,
Où, transporté par les douces chimères,
Je m’abandonne aux songes de mon coeur.

(François-René de Chateaubriand)

Découvert ici: https://eleonoreb.wordpress.com/

Illustration: ArbreaPhotos

 

 

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