Illustration: Anders Zorn
LE CHANSONNIER (extrait)
Cherche qui veut les grands honneurs, les pompes,
Les hauts monuments, les places, les temples,
Les plaisirs, les trésors, accompagnés
De cent dures pensées, de cent douleurs.
Un petit pré vert, plein de belles fleurs,
Un ruisselet, qui arrose l’herbette,
Un oiselet, que fait Amour se plaindre,
Peuvent bien mieux apaiser mes ardeurs,
Et les bois ombreux, les rocs, les hauts monts,
Les antres noirs, les bêtes fugitives,
Avec quelque jolie nymphe craintive.
Là-bas je vois en mes pensées errantes
Les beaux yeux tels que s’ils étaient vivants;
Ici m’en prive une chose ou une autre.
***
CANZONIERE
Cerchi chi vuol le pompe e gli alti onori,
Le piazze, i templi e gli edifizi magni,
Le delizie e il tesor, quale accompagni
Mille duri pensier, mille dolori.
Un verde praticel piem di be’ fiori,
Un rivo che l’erbetta intorno bagni,
Un augelletto che d’amor si lagni,
Acqueta molto meglio i nostri ardori;
L’ombrose selve, i sassi e gli alti monti,
Gli antri oscuri e le fère fuggitive,
Qualche leggiadra ninfa paurosa:
Quivi vegg’io con pensier vaghi e pronti
Le belle luci corne fussin vive,
Qui me le toglie or una or altra cosa.
(Lorenzo De Medici)
Traduction:
Editions: Singulières