Cherche qui veut les grands honneurs, les pompes,
Les hauts monuments, les places, les temples,
Les plaisirs, les trésors, accompagnés
De cent dures pensées, de cent douleurs.
Un petit pré vert, plein de belles fleurs,
Un ruisselet, qui arrose l’herbette,
Un oiselet, que fait Amour se plaindre,
Peuvent bien mieux apaiser mes ardeurs,
Et les bois ombreux, les rocs, les hauts monts,
Les antres noirs, les bêtes fugitives,
Avec quelque jolie nymphe craintive.
Là-bas je vois en mes pensées errantes
Les beaux yeux tels que s’ils étaient vivants;
Ici m’en prive une chose ou une autre.
***
CANZONIERE
Cerchi chi vuol le pompe e gli alti onori,
Le piazze, i templi e gli edifizi magni,
Le delizie e il tesor, quale accompagni
Mille duri pensier, mille dolori.
Un verde praticel piem di be’ fiori,
Un rivo che l’erbetta intorno bagni,
Un augelletto che d’amor si lagni,
Acqueta molto meglio i nostri ardori;
L’ombrose selve, i sassi e gli alti monti,
Gli antri oscuri e le fère fuggitive,
Qualche leggiadra ninfa paurosa:
Quivi vegg’io con pensier vaghi e pronti
Le belle luci corne fussin vive,
Qui me le toglie or una or altra cosa.
(Lorenzo De Medici)
Recueil: Petite anthologie Poésie européenne
Traduction:
Editions: Singulières
Il meurt lentement
celui qui ne voyage pas,
celui qui ne lit pas,
celui qui n’écoute pas de musique,
celui qui ne sait pas trouver grâce à ses yeux.
Il meurt lentement
celui qui devient esclave de l’habitude
refaisant tous les jours les mêmes chemins,
celui qui ne change jamais de repère,
ne se risque jamais à changer la couleur de ses vêtements
ou qui ne parle jamais à un inconnu.
Il meurt lentement
celui qui évite la passion
et son tourbillon d’émotions
celles qui redonnent la lumière dans ses yeux
et réparent les coeurs blessés.
Il meurt lentement
celui qui ne change pas de cap
lorsqu’il est malheureux
au travail ou en amour,
celui qui ne prend pas de risques
pour réaliser ses rêves,
celui qui, pas une fois dans sa vie,
n’a fui les conseils sensés.
Vis maintenant!
Risque toi aujourd’hui !
Agis tout de suite !
Ne te laisse pas mourir lentement !
Ne te prive pas d’être heureux.
Quand tu te retires du monde
Le monde ne s’arrête pas pour autant
Ne se retire pas
Quand tu vas dans le vaste monde
Tu ne deviens pas vaste pour autant
Quand tu te prives de la multitude
Tu n’occupes pas pour autant ta solitude
Tu ne l’élargis pas
Quand tu te chasses du bruit
Tu ne découvres pas pour autant le silence
Quand tu te coupes les branches
Tu n’augmentes pas pour autant
La sève qui irrigue ton front
Ma mère sainte des besognes
et qui n’êtes plus parmi nous
vous souvient-il du petit sou
dont je me privais pour que l’homme
plus triste, pauvre et mal debout
tournât pour vous la manivelle ?