Arbrealettres

Poésie

Posts Tagged ‘s’espacer’

Puisque nos battements s’espacent davantage (Jules Supervielle)

Posted by arbrealettres sur 4 octobre 2023




    
Puisque nos battements
S’espacent davantage,
Que nos coeurs nous échappent
Dans notre propre corps,
Viens, entr’ouvre la porte,
Juste assez pour que passe
Ce qu’il faut d’espérance
Pour ne pas succomber.
Ne crains pas de laisser
Entrer aussi la mort,
Elle aime mieux passer
Par les portes fermées.

(Jules Supervielle)

Recueil: La Fable du monde suivi de Oublieuse mémoire
Editions: Gallimard

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

220 satoris mortels (François Matton)

Posted by arbrealettres sur 13 août 2018



Illustration

    

Quand ce serait l’heure d’y aller
mais qu’on n’y est pas du tout

Quand en sauvant un papillon
attaqué par des fourmis
on se prend pour un saint

Quand on est si loin de chez soi
qu’on finit par l’oublier

Quand on est couché dans son lit
et qu’on entend soudainement craquer
le plancher du grenier

Quand le spectacle de la Nature
devient le seul spectacle supportable

Quand on est heureux
et malheureux
simultanément
sans raison

Quand
OH Regarde

Quand un arc-en-ciel
une colline jaune
un lapin à deux pas

Quand la projection
est subitement suspendue

Quand on ne saurait dire
si le monde préexiste à la perception

Quand toutes les salles se vident
et que le silence revient

Qaund passer le balai
se révèle plus efficace
qu’avaler un anxiolytique

Quand on n’est plus personne
à l’instant où le petit oiseau va sortir

Quand tout paraît
bulles de savon
à la surface
et au-dedans

Quand un changement de focale
sauve du monde bavard des hommes

Quand on se demande bien
pourquoi
on n’a pas commencé par là

Quand la montagne
déplace la Foi

Quand on hésite à frapper
au seuil de l’Inconnu

Quand on jurerait être
déjà passé par là

Quand les mots s’espacent
à mesure que le souffle s’allonge

Quand la joie se réveille
au moment où
on s’y attend le moins

Quand toute votre enfance resurgit
du simple fait d’être
monté au grenier

Quand on s’arrête
soudainement
de se croire
un monstre

Quand ça chatouille les chakras
à travers la forêt
des plaisir sensoriels

Quand tout l’éclat du monde
se concentre sur un seul point

Quand on espère très fort
que ça n’est pas une mauvaise blague

Quand bêtement
d’un coup
on ne veut plus
mourir

Quand vous n’avez
plus de tête
et que vous ne
le regrettez pas

Quand on assiste
au retour inopiné
de figures
très aimées

Quand la joie descend
jusqu’aux orteils

Quand la tentation est trop forte
bien que le panneau soit énorme

Quand ça semblerait bien
pouvoir durer toujours

Quand Ouuuiii ii i iii i i i i

Quand on n’a plus
qu’une envie

Quand il fait si bon
si doux
si tout

Quand cet élan
qui nous prend
c’est le pur Amour

[…]

(François Matton)

 

Recueil: 220 satoris mortels
Traduction:
Editions: P.O.L.

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 1 Comment »

Plus ouverts que le chêne (Eugène Guillevic)

Posted by arbrealettres sur 1 juin 2018



Illustration
    
Plus ouverts que le chêne
Ouvert sur le talus,

Écoutant s’espacer,
Comme une eau dans la grotte,

Les mots qu’il faut garder
Pour se refaire un mur.

(Eugène Guillevic)

 

Recueil: Terraqué suivi de Exécutoire
Traduction:
Editions: Gallimard

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Viens, entr’ouvre la porte (Jules Supervielle)

Posted by arbrealettres sur 2 janvier 2016




Puisque nos battements
S’espacent davantage,
Que nos cœurs nous échappent
Dans notre propre corps,
Viens, entr’ouvre la porte,
juste assez pour que passe
Ce qu’il faut d’espérance
Pour ne pas succomber.
Ne crains pas de laisser
Entrer aussi la mort,
Elle aime mieux passer
Par les portes fermées.

(Jules Supervielle)

Illustration: Vladimir Kush

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , | Leave a Comment »