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L’Orgueil (Bernard Dimey)

Posted by arbrealettres sur 9 juillet 2023




    
L’Orgueil

Vos mépris ne m’atteignent pas,
Vos paroles non plus,
Votre ironie m’amuse
Et vos talents divers me laissent
Indifférent.

Vous barbouillez quand je dessine,
Vous balbutiez quand j’écris.

Je suis requin, je glisse
Très au-dessus de vos jardins
D’éponges.

Le silence est mon royaume,
Je m’y dresse tout seul,
Habillé de cristal,
Fragile,
Indestructible,
Mais tellement plus haut que vous,
Dur comme le diamant.

Je vous contemple de très haut,
Je suis le compagnon des aigles,
Votre dédain ne m’atteint pas,
Ni vos silences.

Je suis tout habillé d’amiante,
Je sais piétiner vos fournaises,
En ressortir vivant
Plus étincelant que jamais,
Superbe.

Vous n’êtes rien pour moi
Que des guerriers de givre.

Vos louanges, vos symphonies
Ne sont qu’un peu de vent pour moi,
Je tournoie tout seul
En plein ciel.

Je vous survole.

JE VOUS IGNORE.

(Bernard Dimey)

Recueil: Le milieu de la nuit
Editions: Christian Pirot

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À la lisière du temps (Claude Roy)

Posted by arbrealettres sur 19 mars 2019




    
À la lisière du temps

Quand on marche le soir à la lisière du temps
il monte soudain une bouffée d’enfance
les cris d’hirondelles folles d’un préau d’école
ou le silence de la barque sur fa rivière
à la tombée du jour quand le soleil rase l’eau qui moucheronne
ou bien la sonnette (deux fois) de l’épicerie-mercerie
où on achète après l’école les rouleaux de réglisse Zan
qui barbouillent de noir et font les doigts collants

On tend l’oreille le long du voile de la brume
Quelqu’un parle à voix basse
sans qu’on puisse reconnaître la voix
et sans comprendre les paroles
les mots chuchotés loin à l’envers du silence

(Claude Roy)

 

Recueil: À la lisière du temps suivi de Le voyage d’automne
Traduction:
Editions: Gallimard

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Debout face à la mer (Hélène Dorion)

Posted by arbrealettres sur 11 mars 2018



Illustration: Thomas-Alexander Harrison
    
Debout face à la mer, tu écoutes la vague
et deviens cette vague
qui palpite et rassemble
les miettes d’infini.

Voyageur barbouillé de bleu
tu inventes un ciel
qui n’abrite aucun monde.

(Hélène Dorion)

 

Recueil: Sans bord sans bout du monde
Traduction:
Editions: La différence

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La Grenouille (Pierre Coran)

Posted by arbrealettres sur 1 mars 2018



La Grenouille

Une grenouille
Qui fait surface
Ca crie, ça grouille
Et ça agace.

Ca se barbouille,
Ca se prélasse,
Ca tripatouille
Dans la mélasse,

Puis ça rêvasse
Et ça coasse
Comme une contrebasse
Qui a la corde lasse,
Lasse, lasse…

Mais un héron à échasses,
Une grenouille grêle ou grasse
Qui se brochette ou se picore
Ce n’est qu’un sandwich à ressorts.

(Pierre Coran)

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