Posts Tagged ‘imaginé’
Posted by arbrealettres sur 5 mars 2021
ÉLÉGIE
Ne bouge pas.
Si tu bouges tu le brises.
Comme une grande bulle de cristal mince
ce soir, est le monde :
il gonfle il gonfle il monte.
Qui d’entre nous
croyait en épier le rythme et le souffle ?
Mieux vaut ne pas bouger.
C’est un bleu d’eau profonde
qui nous enveloppe,
en lui
pullulent formes images arabesques.
Ici pas de lune pour nous :
c’est plus loin qu’elle doit s’arrêter :
les confins du visible en écument.
Fleurs d’ombre
jamais vues, imaginées,
vergers emprisonnés
par deux murs,
parfums entre les doigts des potagers !
Nuit sombre, crées-tu des fantômes ou berces-tu
dans tes bras un monde ?
Ne bouge pas.
Comme une bulle immense,
tout gonfle, tout monte.
Et toute cette fausse réalité
explosera
peut-être.
Nous, nous resterons peut-être.
Nous peut-être.
Ne bouge pas.
Si tu bouges tu le brises.
Tu pleures ?
(Eugenio Montale)
Posted in poésie | Tagué: (Eugenio Montale), arabesque, écumer, élégie, épier, bouger, briser, bulle, confins, envelopper, exploser, fantôme, fleur, gonfler, imaginé, lune, ombre, parfum, potager, pulluler, réalité, rester, rythme, s'arrêter, souffle | 5 Comments »
Posted by arbrealettres sur 7 avril 2019
Dieu tu m’as donné la voix,
Dieu c’était pour m’en servir,
si j’ai trop parlé parfois
c’était de choses à dire.
qui pourrait y contredire ?
J’ai parlé selon ma foi.
Engageons-nous dans l’humain,
tout le reste est comédie,
dans la dangereuse vie
marchons la main dans la main.
La mère donne le sein
à l’image de Marie
et c’est la source de vie
c’est la source du matin.
J’en reviens toujours à l’âme :
qui peut dire ce qu’elle est
et qui peut dire son drame ?
Nous sommes les fils des femmes
dans un Monde imaginé.
Qui connaît l’autre côté ?
(Georges Libbrecht)
Illustration: Siegfried Zademack
Posted in méditations, poésie | Tagué: (Georges Libbrecht), comédie, connaître, contredire, dangereuse, Dieu, donner, drame, femme, fils, foi, image, imaginé, main, marcher, mère, monde, parler, s'en revenir, s'engager, sein, servir, source, vie, voix | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 7 avril 2019
j’arrive et touche le bord,
souvenir, ô ma patrie,
au pas cadencé des morts
les couples dansent leur vie.
Monde je te vois et crée
l’autre Monde à nia façon.
toute forme que j’agrée
devient un collier de sons :
variables étiquettes
les mots couvrent leur objet,
je les classe dans ma tête
univers imaginé.
Je dis : oeillet, rose thé,
mais la fleur n’est plus derrière,
tous les jardins en jachère
il me faut les rebêcher.
(Georges Libbrecht)
Illustration: Ferdinand Hodler
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Posted by arbrealettres sur 3 décembre 2018
N’AI-JE pas entendu
Ou seulement pensé ou espéré entendre
Ces harmonies célestes
Qui font la musique du monde,
Vagues de vent et de marée,
Coeur battant et pulsation
De la vie, tous les chants,
Toutes les formes de l’être ?
S’ils sont là-bas
Avec quelle obscure vision
Contemplés chaque jour sur
La sainte face de la terre,
Mais même s’ils ne sont qu’imaginés
Ils demeurent l’imaginable
Sens et beauté
De la pensée humaine,
De l’extase du coeur.
***
HAVE I not heard
Or only thought or hoped to hear
Those harmonies of heaven
That make the music of the world,
Waves of wind and tide,
Heartbeat and pulse
Of life, all songs,
All forms of being?
If they are there
With what dim vision
Looked daily on
Earth’s holy face,
Yet if imagined only
Still the imaginable
Meaning and beauty
Of human thought,
Of heart’s delight.
(Kathleen Raine)
Illustration: Le Bernin
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Posted by arbrealettres sur 18 novembre 2018
Toi – Moi
Par l’univers-planète
univers à toute bride
Par l’univers-bourdon
dans chaque cellule du corps
Par les mots qui s’engendrent
Par cette parole étranglée
Par l’avant-scène du présent
Par vents d’éternité
Par cette naissance qui nous décerne le monde
Par cette mort qui l’escamote
Par cette vie
Plus bruissante que tout l’imaginé
TOI
Qui que tu sois !
Je te suis bien plus proche qu’étranger.
(Andrée Chedid)
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Posted by arbrealettres sur 16 juillet 2018
Ce songe en nous, est-il le nôtre ?
Je vais seul et multiplié.
Suis-je moi-même, suis-je un autre ?
Ne sommes-nous qu’imaginés?
(Anonyme)
Illustration: Odd Nerdrum
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Posted by arbrealettres sur 4 juin 2016
ALLER COUDRE
A Maria Capèla
(qui allait coudre à domicile)
Même s’il n’est pas de paradis,
s’il ne te faisait pas un paradis pour toi seule,
il faudrait jeter en enfer
le Père Eternel lui-même —
il faudrait jeter en enfer
la « réalité tout entière »
si pour toi il n’était pas de paradis,
aussi plein de bonté que ta bonté,
rien d’autre que le paradis
tel que tu l’as imaginé.
***
ANDAR A CUCIRE
A la Maria Carpèla
(che la ‘ndéa a pontar par le case)
Si no ‘l te fèsse ‘n paradiso
aposta par ti, anca si paradisi no ghe n’è,
al saràe da méter a l’inferno
l’istesso Padreterno —
la saràe da méter a l’inferno
tuta, tuta quanta « la realtà »,
si par ti nola fèsse ‘n paradiso
pien de bontà come la tó bontà
gnentaltro che ‘1 paradiso
come che ti tu l’à pensà.
(Andrea Zanzotto)
Illustration
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