BALLADE NAÏVE BERCÉE ET GRADUÉE DE L’ÉTERNELLE CHANSONNETTE
Ne sait rien de la politique
le papillon des prés
et non plus rien de la mystique
le grand chêne pourpré,
rien de la mutualité
la fourmilière active,
mais sait tout de la liberté
ma mie cruelle et fautive
d’aimer trop le romanichel
qui lui recoud son soulier,
alors elle sait tout du ciel.
Mais lui tout de son baiser.
Non! je ne serai point jaloux.
Le furet ne sait rien des loups,
les cendres, si peu de la flamme…
Et le coeur? ne sait rien de l’âme.
Oh! si! car il revient toujours
le grand amour
un jour.
(Paul Fort)
Recueil: Ballades du beau hasard
Editions: Flammarion
Qu’est-ce qu’il court, le furet !
Va-t-il passer par ici ?
Repassera-t-il par là?
Qu’est-ce qu’il court, le furet !
Regardez ! C’est lui, là-bas !
Va-t-il passer par ici ?
Attention ! Il vient ici !
Repassera-t-il par là ?
Regardez ! C’est lui, là-bas !
Attention ! Il vient ici !
Qu’est-ce qu’il court, le furet !
Ses mains étaient petites, et chaudes, et savantes.
Quand je les ai revues, la nuit dernière, c’étaient deux furets
Jouant seuls dans un champ au clair de lune.
***
AN AUGUST NIGHT
His hands were warm and small and knowledgeable.
When I saw them again last night, they were two ferrets,
Playing all by themselves in a moonlit field.
(Seamus Heaney)
Recueil: La lucarne
Traduction: Patrick Hersant
Editions: Gallimard
Entré dans un terrier, il pénétra jusqu’au lapin hagard
suça son sang
s’en saoula, s’endormit;
la fumée des feux de brandes
allumés par les paysans chiches
qui parlent par monosyllabes
ne le réveilla pas
d’une mortelle torpeur.
Sur le chemin s’en revenaient ces petites filles
aux cours à nervures aussi nettes
que celles des feuilles du lilas.
Le lapin saigné demeura sans odeur
mais les furets dès qu’irrités
dégagent une morne puanteur
qui survit tristement après leur mort crépusculaire.
Il court, il court le furet
Le furet du bois, Mesdames
Il court, il court le furet
Le furet du bois joli
Il est passé par ici
Il repassera par là
Il court, il court le furet
Le furet du bois, Mesdames
Il court, il court le furet
Le furet du bois joli.
J’emporte au loin ton image
comme ces marins obstinés
qui gardent sur leur épaule
hermine, renard ou furet.
Sous les pluies de sel et de sable
leur pelage est lieu de douceur.
Que leur maître vienne à mourir,
ils lui dévorent le coeur.