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Poésie

Posts Tagged ‘évaporer’

L’ESPOIR EN DIEU (Paul Fort)

Posted by arbrealettres sur 19 février 2024




    
L’ESPOIR EN DIEU

L’espoir en Dieu
que je m’en vais cherchant,
où donc est-il?

plus loin dans la prairie?
plus loin encore au fond du bois fleuri?
plus loin, plus loin,
tout à la fin des champs?

Où donc est-il? au zénith du ciel bleu?
contre ce mur où l’on dort au soleil?
sur l’étang clair? dans le coin des abeilles?
ce verger rouge, est-ce l’espoir en Dieu?

Dans la rosée qu’un soir de lune irise, puis évapore,
ai-je enfin retrouvé l’espoir en Dieu qui se redivinise?
Par Dieu lui-même, hélas !
Tout est rêvé.

L’espoir en Lui que je m’en vais cherchant, est-il du monde?
Allons, ô ma démence,
trouver, plutôt que de l’espoir aux champs,
dans les déserts la mort et le silence.

(Paul Fort)

Recueil: Ballades du beau hasard
Editions: Flammarion

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Très cher petit papa Noël (Valérie Rouzeau)

Posted by arbrealettres sur 30 septembre 2023




    
Très cher petit papa Noël
J’aimerais si tu le veux bien
Que tu laisses au pied du sapin
Un bon silence vraiment complet
Le vide en mon petit soulier
Je voudrais assez un grand rien
Enveloppé dans un nuage
En forme de bel ours polaire
Toutes mes larmes évaporées
Oh s’il te plaît fais-moi plaisir
Redeviens illumination
La neige par milliers en flocons
Toi en un tout seul exemplaire
Un mirage entre ciel et terre.

(Valérie Rouzeau)

Recueil: Sens averse
Editions: La Table Ronde

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Il n’a aucune couleur (Dôgen)

Posted by arbrealettres sur 27 mars 2023


nature_eau

Même si on l’appelle l’esprit
Il n’a aucune couleur
Qui permette d’en faire une personne.
Telles la rosée ou la gelée blanche
Il est vite évaporé.

(Dôgen)

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L’Impossible (Jean Rousselot)

Posted by arbrealettres sur 12 novembre 2021


fleur-seringat

Manger de la belle amour
Faire boîter Poséidon
Rythmer les battements nocturnes du silence
Nous continuerons bien sûr
De faire l’impossible
Avant de nous évaporer comme
L’odeur du seringa.

(Jean Rousselot)

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Tempête et calme (Jules Verne)

Posted by arbrealettres sur 5 mars 2018



Illustration: Nanalia Perevozchikova
    
Tempête et calme
L’ombre
Suit
Sombre
Nuit ;
Une
Lune
Brune
Luit.

Tranquille
L’air pur
Distille
L’azur ;
Le sage
Engage
Voyage
Bien sûr !

L’atmosphère
De la fleur
Régénère
La senteur,
S’incorpore,
Evapore
Pour l’aurore
Son odeur.

Parfois la brise
Des verts ormeaux
Passe et se brise
Aux doux rameaux ;
Au fond de l’âme
Qui le réclame
C’est un dictame
Pour tous les maux !

Un point se déclare
Loin de la maison,
Devient une barre ;
C’est une cloison ;
Longue, noire, prompte,
Plus rien ne la dompte,
Elle grandit, monte,
Couvre l’horizon.

L’obscurité s’avance
Et double sa noirceur ;
Sa funeste apparence
Prend et saisit le coeur !
Et tremblant il présage
Que ce sombre nuage
Renferme un gros orage
Dans son énorme horreur.

Au ciel, il n’est plus d’étoiles
Le nuage couvre tout
De ses glaciales voiles ;
Il est là, seul et debout.
Le vent le pousse, l’excite,
Son immensité s’irrite ;
A voir son flanc qui s’agite,
On comprend qu’il est à bout !

Il se replie et s’amoncelle,
Resserre ses vastes haillons ;
Contient à peine l’étincelle
Qui l’ouvre de ses aquilons ;
Le nuage enfin se dilate,
S’entrouvre, se déchire, éclate,
Comme d’une teinte écarlate
Les flots de ses noirs tourbillons.

L’éclair jaillit ; lumière éblouissante
Qui vous aveugle et vous brûle les yeux,
Ne s’éteint pas, la sifflante tourmente
Le fait briller, étinceler bien mieux ;
Il vole ; en sa course muette et vive
L’horrible vent le conduit et l’avive ;
L’éclair prompt, dans sa marche fugitive
Par ses zigzags unit la terre aux cieux.

La foudre part soudain ; elle tempête, tonne
Et l’air est tout rempli de ses longs roulements ;
Dans le fond des échos, l’immense bruit bourdonne,
Entoure, presse tout de ses cassants craquements.
Elle triple d’efforts ; l’éclair comme la bombe,
Se jette et rebondit sur le toit qui succombe,
Et le tonnerre éclate, et se répète, et tombe,
Prolonge jusqu’aux cieux ses épouvantements.

Un peu plus loin, mais frémissant encore
Dans le ciel noir l’orage se poursuit,
Et de ses feux assombrit et colore
L’obscurité de la sifflante nuit.
Puis par instants des Aquilons la houle
S’apaise un peu, le tonnerre s’écoule,
Et puis se tait, et dans le lointain roule
Comme un écho son roulement qui fuit ;

L’éclair aussi devient plus rare
De loin en loin montre ses feux
Ce n’est plus l’affreuse bagarre
Où les vents combattaient entre eux ;
Portant ailleurs sa sombre tête,
L’horreur, l’éclat de la tempête
De plus en plus tarde, s’arrête,
Fuit enfin ses bruyants jeux.

Au ciel le dernier nuage
Est balayé par le vent ;
D’horizon ce grand orage
A changé bien promptement ;
On ne voit au loin dans l’ombre
Qu’une épaisseur large, sombre,
Qui s’enfuit, et noircit, ombre
Tout dans son déplacement.

La nature est tranquille,
A perdu sa frayeur ;
Elle est douce et docile
Et se refait le coeur ;
Si le tonnerre gronde
Et de sa voix profonde
Là-bas trouble le monde,
Ici l’on n’a plus peur.

Dans le ciel l’étoile
D’un éclat plus pur
Brille et se dévoile
Au sein de l’azur ;
La nuit dans la trêve,
Qui reprend et rêve,
Et qui se relève,
N’a plus rien d’obscur.

La fraîche haleine
Du doux zéphyr
Qui se promène
Comme un soupir,
A la sourdine,
La feuille incline,
La pateline,
Et fait plaisir.

La nature
Est encor
Bien plus pure,
Et s’endort ;
Dans l’ivresse
La maîtresse,
Ainsi presse
Un lit d’or.

Toute aise,
La fleur
S’apaise ;
Son coeur
Tranquille
Distille
L’utile
Odeur.

Elle
Fuit,
Belle
Nuit ;
Une
Lune
Brune
Luit.

(Jules Verne)

 

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