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Poésie

Posts Tagged ‘détritus’

Palissade (Henri Monnier)

Posted by arbrealettres sur 28 mars 2022




    
Palissade

Le chat noir de la palissade
Promène son museau partout,
C’est un pirate en ambassade,
Le chat noir qui s’en vient chez nous.
Dans le jardin ou sur le toit,
En mille et une escapades
De tous côtés, il est le roi.

Il est le tigre du Bengale
Et le prince des maraudeurs,
Sa moquerie est sans égale:
Ce chat-là est un chapardeur.

Il faut le voir, cet escogriffe,
Ce gracile animal ingrat
Qui lacère à grands coups de griffe
Les détritus de papier gras.
Il mène sa vie à sa guise,
Ne faisant que ce qui lui plaît,
Il se complaît dans des bêtises
Qui ne valent pas un couplet.

Et cependant si ce vaurien
Ne commet que des incartades
A la maison, on l’aime bien,
Le chat noir de la palissade.

(Henri Monnier)

Recueil: le chat en cent poèmes
Traduction:
Editions: Omnibus

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Post-scriptum (Nico Naldini)

Posted by arbrealettres sur 12 juillet 2021



Post-scriptum

Souvent encore en rêve
je remonte jusqu’à l’inconfort
de notre grenier,
jusqu’à l’accumulation de notre passé
tombé dans une telle poussière
sous le vertige des poutres
frémissant à chaque orage.
Les détritus de notre vie
volent 1à-haut
sans négliger encore
leur plainte.

***

Post-scriptum

Spesso ancora nei sogni
m’innalzo allo sconforto
del nostro solaio,
all’accumulo del nostro passato
caduto in tanta polvere
sotto la vertigine delle travi
frementi a ogni temporale.
Lassù volati
i detriti delle nostre vite
ancora non tralasciano
Il loro lamento.

(Nico Naldini)


Illustration

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L’AVENTURE N’ATTEND PAS LE DESTIN (René Guy Cadou)

Posted by arbrealettres sur 10 janvier 2018



 

Illustration: Jacek Malczewski
    
L’AVENTURE N’ATTEND PAS LE DESTIN

Peut-être bien
Que tout au bout de cette vie il n’y a rien
Que c’est comme le dos du mur de l’hospice
Des détritus
Ou trois cents mètres de précipice
Dans la glaise du temps difficile à manier
L’Aine fait un tout petit peu de fumée
Il y a l’herbe l’os blanchi et le vieux casque
La cinquième roue d’une destinée restée en panne

Dressé sur le hors-bord qui fourrage la nuit
Il reste malgré tout l’espoir d’une aventure
Le goût sur et salé d’un matin de printemps
Quand dans le soubresaut félin de la voilure
S’insinue la caresse immédiate du vent

On est porté plus loin que son épaule même
Immergé comme un boeuf au beau milieu des eaux
On a soudain du caractère et l’on s’élève
Miraculeusement à son propre niveau.

(René Guy Cadou)

 

Recueil: Poésie la vie entière
Traduction:
Editions: Seghers

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LA BETE (Manuel Bandeira)

Posted by arbrealettres sur 13 juin 2017



LA BETE

J’ai vu hier une bête
dans les immondices de la cour
qui recherchait de la nourriture parmi les détritus.

Quand elle trouvait quelque chose,
elle ne l’examinait pas, ne la reniflait pas :
elle l’avalait avec voracité.

La bête n’était pas un chien,
n’était pas un chat,
n’était pas un rat.

La bête, mon Dieu, c’était un homme.

***

O BICHO

Vi ontem um bicho
na imundície do pátio
catando comida entre os detritos.

Quando achava alguma coisa,
não examinava nem cheirava :
engolia com voracidade.

O bicho não era um cão,
não era um gato,
não era um rato.

O bicho, meu Deus,
era um homem.

(Manuel Bandeira)

 

 

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LA BETE (Manuel Bandeira)

Posted by arbrealettres sur 12 juin 2017



décharge  9 [800x600]

LA BETE
Rio, 25 février 1947

J’ai vu hier une bête
Cherchant dans les ordures de la cour
Sa nourriture parmi les détritus.

Quand elle trouvait quelque chose,
Elle n’examinait ni ne flairait :
Elle avalait avec voracité.

La bête n’était pas un chien,
Elle n’était pas un chat,
Elle n’était pas un rat,

La bête, oh! mon Dieu, était un homme.

(Manuel Bandeira)

Illustration

 

 

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Je me suis endormie dans la douceur des chats (Michelle Caussat)

Posted by arbrealettres sur 18 décembre 2015



Je me suis endormie dans la douceur des chats,
la télé contre leur pelage.
J’ai écrit comme on rêve,
la lumière m’a rassurée.
J’ai gravi bien des escaliers,
j’ai pleuré sur bien des tombes.
Je me suis sentie espionnée,
comme par l’œil d’un poisson mort.
La belle pluie bleue m’a lavée de tous ces mystères,
m’a défaite comme une fleur.
Maintenant qu’il fait nuit,
dans la compagnie d’un chat blanc et roux,
j’égrène des fruits de mémoire,
je tâche d’attendre le jour.
Il viendra, avec ses voitures et ses paroles,
déchirant le foulard d’un songe,
crevant la rue de Klaxons et de détritus.
Le chat s’est endormi,
la nuit est comme un ventre de Mère,
oui je vais l’attendre encore,
dans l’odeur des tilleuls, de la menthe,
dans la dentelle des papillons.

(Michelle Caussat)

Découvert ici: http://laboucheaoreilles.wordpress.com/

Illustration: ArbreaPhotos

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Intimité (Jean Moréas)

Posted by arbrealettres sur 25 novembre 2015



Intimité

Les rumeurs des hommes et des choses
Comme un flot expiré se sont tues.
Tes beaux desseins que tu prostitues,
O mon cœur, compte-les, si tu l’oses.

Des détritus de bouquets de roses
Parfument les brises abattues.
Compte tes fiertés condescendues,
Et tes vains essors aux ailes closes.

Mais le doux ciel d’une nuit d’été
Bénit le sommeil de la cité ;
Au sort, va, n’en gardons pas rancune !

Puisque la vie est un sottisier,
Que je fume en face de la lune
Ma bonne pipe de merisier !

(Jean Moréas)

Illustration: Caroline Duvivier

 

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Intimité (Jean Moréas)

Posted by arbrealettres sur 18 novembre 2015



Intimité

Les rumeurs des hommes et des choses
Comme un flot expiré se sont tues.
Tes beaux desseins que tu prostitues,
O mon cœur, compte-les, si tu l’oses.

Des détritus de bouquets de roses
Parfument les brises abattues.
Compte tes fiertés condescendues,
Et tes vains essors aux ailes closes.

Mais le doux ciel d’une nuit d’été
Bénit le sommeil de la cité ;
Au sort, va, n’en gardons pas rancune !

Puisque la vie est un sottisier,
Que je fume en face de la lune
Ma bonne pipe de merisier !

(Jean Moréas)

 

 

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