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Posts Tagged ‘acrobate’

Toujours au bord (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 10 mars 2024



Toujours au bord.
Mais au bord de quoi?

Nous savons seulement que quelque chose tombe
de l’autre côté de ce bord
et qu’une fois parvenu à sa limite
il n’est plus possible de reculer.

Vertige devant un pressentiment
et devant un soupçon:
lorsqu’on arrive à ce bord
cela aussi qui fut auparavant
devient abîme.

Hypnotisés sur une arête
qui a perdu les surfaces
qui l’avaient formée
et resta en suspens dans l’air.

Acrobates sur un bord nu,
équilibristes sur le vide,
dans un cirque sans autre chapiteau que le ciel
et dont les spectateurs sont partis.

(Roberto Juarroz)

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Un ravi de la vie (Patrick Bertrand)

Posted by arbrealettres sur 20 février 2023



Illustration: Serge Ceccarelli
    
Un
ravi
de la
vie

Il
Est
Félin,
Câlin,
Malin,
Taquin,
Bagarreur
À ses heures,
Acrobate-cascadeur,
Joueur impénitent et autonettoyant.

(Patrick Bertrand)

 

Recueil: Silence la queue du chat balance
Traduction:
Editions: Actes Sud

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Il n’est plus rien (William Carlos Williams)

Posted by arbrealettres sur 16 novembre 2020



Il n’est plus rien
il est mort
ratatiné sous sa peau
Mettez sa tête sur
une chaise et ses
pieds sur une autre et
il sera là
comme un acrobate –
L’amour est vaincu. Il
l’a vaincu. C’est pourquoi
il est insupportable –
parce que
… il fait de l’amour
un hurlement contenu
d’angoisse et de défaite –

(William Carlos Williams)

Illustration: Andrea Mantegna

 

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Mieux que les ours et la tigresse (Louise de Vilmorin)

Posted by arbrealettres sur 21 août 2018



Catherine Musnier  cirque [800x600]

Mieux que les ours et la tigresse,
La chatte grise, un gris d’iris,
La chouette devineresse,
La guenon, plurent à mon fils
Mieux que les ours et la tigresse.

« Je les ferai rire à mon tour.
Allons leur dire bon voyage;
Elles s’en vont au petit jour.
Rien qu’en leur demandant leur âge
Je les ferai rire à mon tour. »

Mon amour, en sa préférence
Aimait prolonger les plaisirs.
Elle reconnut son enfance
En cet enfant de nos désirs,
Notre amour et sa préférence.

Ces bêtes n’attiraient que nous,
Chacun s’en allait vers les cages
Où rampe et tourne le courroux
Des fauves grondant leur orage.
Ces bêtes n’attiraient que nous.

De la lune, les eaux laiteuses
Baignaient le campement forain.
Curieux, dompteurs et jongleuses,
Les acrobates et les nains
Se mouvaient en cette eau laiteuse.

Alors, devant les animaux
Qu’il voulut revoir dans leur cage,
Mon fils agita son chapeau,
Les taquina jusqu’à la rage.
Il taquina ces animaux.

Le feu d’une lampe à pétrole,
Troublé par un souffle de vent,
Projetait autant d’ombres molles
Que de lueurs en se mouvant,
Et cette flamme de pétrole

Tremblait sur de jeunes amants,
Baiser premier, seul baiser rare
Qu’interrompit le jeu dément
De mon fils et ses cris barbares.
Ce jeu fit trembler les amants.

« Enfant, ces bêtes sont savantes
Et, savantes, peuvent punir.
Ton jeu méchant les mécontente,
Prends garde, dis je, il faut partir.
Enfant, ces bêtes sont savantes. »

(Louise de Vilmorin)

Illustration: Catherine Musnier 

 

 

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Ce que tu déchires n’est plus mon coeur (Alain Borne)

Posted by arbrealettres sur 22 décembre 2017



    

Ce que tu déchires n’est plus mon coeur
il y a longtemps que mon coeur est mort
et ce qui t’aime en moi
est un fantôme aux mains dures
tirant sur le filet des veines
et n’y trouvant jamais d’autre poisson
que ton image

Je romprais corde à corde le piège
corde à corde
acrobate je gagnerais la mort
dans la gloire du cirque et de la musique aigre
afin de ne plus savoir que j’aime encore
et toi seule

Laisse-moi t’aimer
donne à mon fantôme
ton fantôme en pâture
et qu’ils mêlent loin de nous
longuement leurs sexes
nous laissant au moins en repos
le court moment de leur plaisir.

(Alain Borne)

 

Recueil: Oeuvres poétiques complètes
Traduction:
Editions: Curandera

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Un acrobate (Thierry Cazals)

Posted by arbrealettres sur 16 juin 2017



 

feuille main [1280x768]

Un acrobate

feuille morte

que tu brandis
souverainement

fais tourner dans le vent
tel un sceptre d’or

non pour commander, ordonner

mais pour ne faire qu’un
avec

l’ingouvernable

(Thierry Cazals)

 

 

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Acrobate (Vítězslav Nezval)

Posted by arbrealettres sur 14 mars 2017



Acrobate

A la fin l’acrobate s’était mis à se balancer
Sur les ailes du papillon des suicidés
II jeta une rose au petit marin
Dont les yeux fidèles et transparents comme un bon vent
Coulaient sur les joues
En regardant l’acrobate qui tombait
Et faisait voir dans sa poitrine ouverte
Son coeur noir comme une chauve-souris

Les agents de police se sont précipités
Pour faire des rapports exacts sur l’identité de cet acrobate fou
Qui en tombant a laissé un aveu si mystérieux
Qu’il faut le dire
Qu’il faut le crier
Qu’il faut le chuchoter
Qu’il faut se taire devant ses paroles si mystérieuses
Si mystérieuses
Qu’il faut les chanter.

(Vítězslav Nezval)

Découvert ici: https://schabrieres.wordpress.com/

Illustration: Gilles Candelier

 

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Quand la brume était épaisse (Tomas Tranströmer)

Posted by arbrealettres sur 22 avril 2016




Quand la brume était épaisse : visibilité réduite, vitesse
limitée. D’une enjambée, la presqu’île sortait de
l’invisible et se tenait à proximité.
Un beuglement toutes les deux minutes. Les yeux
lisaient droits dans l’invisible.
(Avait-il le dédale en tête?)
Les minutes passaient.
Les fonds et les îlots remémorés comme des psaumes.
Et cette sensation d’être « et nulle part ailleurs» qu’il
fallait conserver, comme lorsqu’on porte un vase
rempli jusqu’à ras bord et qu’on ne doit rien renverser.

Un regard jeté dans la salle des machines.
La machine compound, aussi robuste que le coeur
humain, travaillait avec des gestes délicatement
élastiques, acrobates d’acier, et des parfums montaient
comme d’une cuisine.

(Tomas Tranströmer)

Illustration

 

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