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Poésie

Posts Tagged ‘froide’

Identité (Karl Popper)

Posted by arbrealettres sur 23 septembre 2022




On peut dire qu’une feuille d’arbre verte change
lorsqu’elle devient brune,
mais on n’affirme pas qu’une feuille verte change
si on lui substitue une feuille brune.

Le devenir présente cette caractéristique essentielle
que la chose soumise au changement conserve son identité à travers ce changement.
Et cependant, elle doit devenir autre :
de verte qu’elle était, elle devient brune,
d’humide elle devient sèche ;
elle était chaude, la voici froide.

(Karl Popper)

 

 

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Chant du dernier délai (Paul Eluard)

Posted by arbrealettres sur 14 juillet 2021



 

Alena Plihal - Tutt'Art@ (17) [1280x768]

Chant du dernier délai

Noir c’est mon nom quand je m’éveille
Noir le singe qui me tracasse
Qui grimace moule à manies
Devant le miroir de ma nuit
Noir c’est mon poids de déraison
C’est ma moitié froide pourrie

Noir où la flèche s’est plantée
Où le tison a prospéré
Noir le gentil corps foudroyé
Noir le coeur pur de mon amour
Noire la rage aux cheveux blancs
A la bouche basse et baveuse

Cette envie folle de hurler
Ne cessera qu’avec ma voix
Que sur les charmes de ma tombe
Où viendront pleurer mes complices
Tous ceux qui m’approuvaient d’aimer
Et qui voudraient fêter mon deuil

J’étais construit les mains ensemble
Doublé de deux mains dans les miennes
J’étais construit avec deux yeux
Qui se chargeaient des miens pour voir
Mais aujourd’hui je sens mes os
Se fendre sous le froid parfait

Je sens le monde disparaître
Rien ne demeure de nos rires
Ni de nos nuits ni de nos rêves
Et la rosée est charbonneuse
J’ai trop pleuré la coque est vide
Où ne nous pouvions qu’être deux

Écartez-vous de ma douleur
Elle vient droit de la poussière
Elle nie tous les sacrifices
La mort n’est jamais vertueuse
Écartez-vous si vous avez
Envie de vivre sans mourir

Sous vos paupières desséchées
Et dans la boue de vos désirs
Noir un zéro s’arrondirait
Zéro petit et très immense
Qui est capable de gagner
La souveraine part de l’homme

Noir c’est moi seul soyez plus clairs

(Paul Eluard)

Illustration: Alena Plihal

 

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Froide est l’haleine du soir (Leonardo Sinisgalli)

Posted by arbrealettres sur 12 juillet 2021



 

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Froide est l’haleine du soir
Sur ces prés que j’ai touchés de mon front
Chaud, empli du bonheur de la course.

***

Fredda alita la sera

Fredda alita la sera
Su questi prati che toccai con la fronte
Calda e felice della corsa.

(Leonardo Sinisgalli)

 
Illustration: ArbreaPhotos

 

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L’odeur froide de la terre remuée (Seamus Heaney)

Posted by arbrealettres sur 24 août 2020



 

Jean-Francois Millet   3254

L’odeur froide de la terre remuée, le gargouillis
De la terre détrempée, les courtes entailles d’une lame
Au travers de racines vivantes s’éveillent dans ma tête.
Mais je n’ai pas de pelle pour suivre de tels hommes.

Entre mon doigt et mon pouce
Le stylo trapu repose

Je creuserai avec.

(Seamus Heaney)

Découvert chez Lara ici

Illustration: Jean-Francois Millet

 

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L’HIVER (Philippe Jaccottet)

Posted by arbrealettres sur 7 août 2020



 

L’HIVER

J’ai su pourtant donner des ailes à mes paroles,
je les voyais tourner en scintillant dans l’air,
elles me conduisaient vers l’espace éclairé…

Suis-je donc enfermé dans le glacial décembre
comme un vieillard sans voix, derrière la fenêtre
à chaque heure plus sombre, erre dans sa mémoire,
et s’il sourit c’est qu’il traverse une rue claire,
c’est qu’il rencontre une ombre aux yeux clos, maintenant
et depuis tant d’années froide comme décembre…

Cette femme très loin qui brûle sous la neige,
si je me tais, qui lui dira de luire encore,
de ne pas s’enfoncer avec les autres feux
dans l’ossuaire des forêts ? Qui m’ouvrira
dans ces ténèbres le chemin de la rosée ?

Mais déjà, par l’appel le plus faible touchée,
l’heure d’avant le jour se devine dans l’herbe.

(Philippe Jaccottet)

Illustration: ArbreaPhotos
 

 

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Lui et le saule (Pierre Albert-Birot)

Posted by arbrealettres sur 27 juillet 2020



Lui et le saule il se l’aime tant
Mais elle reste froide
Ses cheveux sont trop longs dit-elle
Et puis quoi faire de ce grand désolé
Moi qui ne pense qu’à rire

(Pierre Albert-Birot)

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Je suis à ma fenêtre (Liu Yong)

Posted by arbrealettres sur 22 juin 2020



Je suis à ma fenêtre, oisive, depuis une éternité.
Sous la lune froide, le givre tombe.
Silencieusement, je baisse le store :
La lampe ne jette plus qu’une faible lueur.
Je n’en finis pas de poursuivre le passé,
L’âme égarée d’absence,
Le coeur broyé de peine.
Je reste assise à fredonner des airs sans paroles.
Les beaux jours peuvent bien revenir,
Mon front ne saurait plus se dérider.

Trop tôt et trop souvent j’ai été blessée.
Au fil des mois et des années,
Que d’abandons, que de ruptures !
Ah ! si nous pouvions nous revoir
Et de nouveau recommencer,
Comme par le passé !
Mais à quoi bon regretter, mon mal est sans remède.
La beauté de la nuit est hors d’atteinte
Pour moi qui ne suis plus que cendres.

(Liu Yong)


Illustration: Francine Van Hove

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NOTRE TERRE (Langston Hughes)

Posted by arbrealettres sur 4 juin 2020



 

Giampaolo Ghisetti -  (6)

NOTRE TERRE

Il nous faudrait une terre de soleil
De soleil resplendissant,
Et une terre d’eaux parfumées
Où le crépuscule
Est un léger foulard
D’indienne rose et or,
Et non cette terre où la vie est toute froide.

Il nous faudrait une terre pleine d’arbres,
De grands arbres touffus
Aux branches lourdes de perroquets jacassants
Et vifs comme le jour,
Et non cette terre où les oiseaux sont gris.

Ah, il nous faudrait une terre de joie,
D’amour et de joie, de chansons et de vins
Et non cette terre où la joie est péché.

O ma douce amie, fuyons!
Fuyons, ma bien-aimée!

(Langston Hughes)

Illustration: Giampaolo Ghisetti

 

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Si dure, si forte, si froide (Langston Hughes)

Posted by arbrealettres sur 4 juin 2020



Tous les tam-tams de la jungle battent dans mon sang
Toutes les lunes farouches et ardentes de la jungle
brillent au fond de mon âme.
J’ai peur de cette civilisation,
Si dure,
Si forte,
Si froide.

(Langston Hughes)


Illustration: Charlie Chaplin

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POEME (Langston Hughes)

Posted by arbrealettres sur 4 juin 2020



 

Halina Menaï Bleus -

POEME
Pour le portrait d’un jeune Africain
à la manière de Gauguin.

Tous les tam-tams de la jungle battent dans mon sang,
Toutes les lunes farouches et ardentes de la jungle brillent
au fond de mon âme.
J’ai peur de cette civilisation,
si dure,
si forte,
si froide.

***

POEM
For the portrait of an African boy
after the manner of Gauguin

All the tom-toms of the jungles beat in my blood,
And all the wild hot moons of the jungles shine in my soul.
I am afraid of this civilization—
So hard,
So strong,
So cold.

(Langston Hughes)

Illustration: Halina Menaï

 

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