Posted by arbrealettres sur 9 septembre 2018
En quelques morceaux
Soif et joie;
pieds lavés dans la rivière
remontent à la source.
Rêve d’élan.
De l’engagement.
Nos propres découvertes
portées haut et partagées,
repas pris en commun.
Ensemble sur
un même chemin,
vers une oeuvre.
Solidarité des oiseaux;
une mésange guette,
surveille, annonce, prévient.
Rouges-queues, chardonnerets,
passereaux au sol picorent,
partage équilibré.
Parfois, une colère, une révolte.
Et tu déposes tes sentiments,
affirmes l’être que tu es,
insuffle une direction.
Parfois, oui,
une mise à nu simple.
Révélation de l’être,
reconnaissance.
Tu es, je te vois, t’entends.
Mots, portée d’une page,
mots murmurés, répétés.
Ils pénètrent l’intérieur,
mordant d’une oreille, elle
écoute.
Un feu; le feu en nous
n’incendie plus la forêt et son
entêtante illusion du sauvage en gestation
avant son réveil brutal, brûlure vive.
Ici, seul le désir partagé, désir commun,
s’érige contre-feu.
Embrasement des coeurs.
Nous puiserons dans la flamme
ravivée chaque matin.
Opiniâtreté des jours
courage de l’oiseau éclatant,
persistante volonté
où chacun prend part à.
Néfliers rougeoyants, éclats des regards.
Il y a de la passion dans cette terre brandonnée.
Ne rêvons-nous pas secrètement de prolonger le jour?
Le bois nourrit l’âtre,
repousse le noir de la nuit.
Coûte que coûte maintenir flamme,
chaleur et lumière.
Ne confondons pas
ombres et corps,
mirage de l’oeil.
Dissocier braises et cendres
en suivant les signaux des fumées.
N’avons-nous pas à chaque instant
à tisonner le corps ?
Une main s’ouvre pour qu’un mot
se dépose dans sa paume : ardeur.
(Arnaud Savoye)
Recueil: L’Ardeur ABC poétique du vivre plus
Traduction:
Editions: Bruno Doucey
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Posted by arbrealettres sur 1 septembre 2018
Mondes innombrables ! Nous rêvons à eux.
Qui nous dit que leurs habitants inconnus ne songent pas à nous, eux aussi,
et que l’espace n’est pas travers par des vols de pensées
comme il l’est par les effluves de la gravitation universelle et de la lumière?
N’existe-t-il pas, entre les humanités célestes,
dont la Terre n’est qu’un modeste hameau,
une immense solidarité,
à peine pressentie par nos sens imparfaits
(Camille Flammarion)
Recueil: Astronomie des dames
Traduction:
Editions:
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Posted by arbrealettres sur 9 avril 2018
Solidarité
– Tu creusais une fosse?
– Oui-da.
– Et tu es tombé dedans?
– Tu vois.
– Tu ne peux pas en sortir?
– Exact.
– Et tu voudrais une échelle?
– C’est ça.
– Il fait très froid là-dedans?
– Très froid.
– Mais tu n’as rien de cassé?
– J’crois pas.
– Alors, salut! Je rentre chez moi…
(Oleg Grigoriev)
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Posted by arbrealettres sur 20 octobre 2016
L’autre, c’est lui, là-bas. Toujours là-bas.
Parce qu’ici, c’est moi, c’est toi, c’est nous – c’est du pareil au même.
L’autre, c’est la peur remontée du fond des âges qui fabrique un étranger.
Qui fait serrer les fesses, et puis les poings, et puis les rangs.
C’est quelqu’un que l’on attendait pas, quelqu’un qui vient de loin,
quelque autre qui s’est invité dans nos jeux de miroirs et s’y réfracte.
Il diffère, on le compare. Il se distingue, on s’en méfie.
Et parce qu’il nous ressemble trop, les différences s’exaspèrent.
L’autre se tient là-bas, au delà d’une frontière.
Il est le nom d’une peur commune aux êtres dissemblables,
qui porte les peuples depuis toujours aux solidarités de clan, de tribu, de meute.
(Michel Baglin)
Illustration: Gurbuz Dogan Eksioglu
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