Arbrealettres

Poésie

Posts Tagged ‘(Gérard Macé)’

Promesse (Gérard Macé)

Posted by arbrealettres sur 17 août 2020



Promesse, la réalité qui naît de la parole.
Promesse, l’écharpe rouge de la passante
et le gilet brodé du singe savant.
Promesse, la table tournante et le miroir
qui permet de traverser les apparences.
Promesse, la boîte à double fond
sur laquelle se penche un homme
en frac et chapeau melon.

(Gérard Macé)

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , | 1 Comment »

Je voudrais m’endormir (Gérard Macé)

Posted by arbrealettres sur 27 juillet 2020



Je voudrais m’endormir

dans un delta. Dans le triangle au tracé tremblant
dessiné par l’eau de la rivière, qui coule en pente douce
et devient une déesse aux mille bras, puis disparaît
dans le goût saumâtre du néant.

Je voudrais m’endormir dans un delta
sans savoir ce que veut dire
cette phrase surgie de nulle part,
à moins qu’elle ne rappelle une jeune géante
dont les jambes s’ouvriraient pour moi.

(Gérard Macé)


Illustration: Gilbert Garcin

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Pour écrire un seul vers (Gérard Macé)

Posted by arbrealettres sur 25 juillet 2020



Pour écrire un seul vers

il faut se souvenir de cent ans de sommeil
et des vies qui précédèrent, de la piqûre des roses
et de l’aïeule qui voulait voir la mer,
de l’homme au large dos couvert de ventouses
et de ses enfants effrayés par les méduses.
Des objets magiques et des formules
où s’enroulent des fleurs autour des lettres gothiques.

Puis abandonner à son sort
cet homme en nous qui se noie dans ses souvenirs,
pour renouer avec la magie sans accessoires
et la jonglerie sans rien, mais avec des gestes
suspendus en l’air et la réalité
qui se retourne comme un gant.

Avec les êtres et les choses
attirant les mots comme des aimants.

(Gérard Macé)


Illustration: Sylvie Lemelin

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Le miroir (Gérard Macé)

Posted by arbrealettres sur 28 août 2018




Illustration: ArbreaPhotos
    
Le miroir ne s’approche pas
de celui qui vient.

Le miroir accueille tout
mais ne retient rien.

Le miroir ne se retourne pas
sur celui qui s’en va.

(Gérard Macé)

 

Recueil: Filles de la mémoire
Traduction:
Editions: Gallimard

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , | 1 Comment »

Aveugle et sourde (Gérard Macé)

Posted by arbrealettres sur 28 août 2018




    
Aveugle et sourde,
la nature ne voit pas les châteaux
que nous bâtissons en paroles,
ni la bête à l’écart du troupeau
qui broute la fleur empoisonnée.

Elle n’entend pas les têtes chantantes
qui flottent au-dessus de nos rivières,
ni les tambours en peau de chagrin
qui nous servent à compter les jours.

(Gérard Macé)

 

Recueil: Filles de la mémoire
Traduction:
Editions: Gallimard

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Dans le fruit, le ver (Gérard Macé)

Posted by arbrealettres sur 28 août 2018



    

Dans le fruit, le ver

depuis toujours, et cette odeur de pourriture
à laquelle nous tenons si fort :
la moisissure et les oeufs centenaires,
l’amour et la venaison des corps.

Mais le pied parfumé du dieu
qu’on lave de son vivant. Le pied nu
de la femme qu’on caresse en s’endormant.

(Gérard Macé)

 

Recueil: Filles de la mémoire
Traduction:
Editions: Gallimard

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

La pudeur des époux (Gérard Macé)

Posted by arbrealettres sur 28 août 2018




    
La pudeur des époux

à la fin du banquet, sur le sarcophage
où la mort les a surpris côte à côte.

Et la nôtre à l’entrée de la nuit,
comme si nos corps familiers l’un à l’autre
aspiraient à la gloire aveugle de la chair,
et se cherchaient encore.

(Gérard Macé)

 

Recueil: Filles de la mémoire
Traduction:
Editions: Gallimard

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Il n’y aura plus personne pour souffler sur le feu (Gérard Macé)

Posted by arbrealettres sur 28 août 2018




    
«Il n’y aura plus personne pour souffler sur le feu, quand
nous ne lirons plus les grands récits. »
Cette fausse prophétie s’est logée dans ma mémoire,
parce que nous jouons souvent à nous faire peur,
et parce que certaines phrases refusent de tomber dans l’oubli.
Je les lance ici à la volée, comme des cendres
qu’on disperse au-dessus de la page blanche.

Phrases inachevées ou sans début, ce sont mes étoiles
filantes, qui traversent en plein jour le ciel de la pensée.
Je forme un voeu quand je les aperçois :
le voeu de ne pas les abandonner aux ténèbres,
ni de me laisser entraîner dans leur course à l’abîme.

(Gérard Macé)

 

Recueil: Filles de la mémoire
Traduction:
Editions: Gallimard

Posted in méditations | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Fumée sans feu (Gérard Macé)

Posted by arbrealettres sur 28 août 2018




    
Fumée sans feu du rêve.
Son souvenir, un brouillard qui se lève.

Le langage est un cheval de Troie :
une ruse pour s’introduire dans le réel,
avec des phrases qui sonnent le creux.

(Gérard Macé)

 

Recueil: Filles de la mémoire
Traduction:
Editions: Gallimard

Posted in méditations | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Tu crois piéger (Gérard Macé)

Posted by arbrealettres sur 28 août 2018



Illustration: René Magritte
    
Tu crois piéger le temps dans les plis de ta toge,
et la parole en toi comme un oiseau en cage.

Comme les poètes et les accoucheurs, contente-toi
d’aider ce qui vient tout seul.
Dors quand tu dors,
danse quand tu danses.

(Gérard Macé)

 

Recueil: Filles de la mémoire
Traduction:
Editions: Gallimard

Posted in méditations | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »