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Poésie

Posts Tagged ‘se reconnaître’

Au maître du chant (José Ángel Valente)

Posted by arbrealettres sur 31 décembre 2023



Illustration: Georges Braque
    

Au maître du chant

MAÎTRE, vous avez dit que dans la sphère du poétique
une brusque saisie suspend les mots, les détruit,
c’est-à-dire les immerge dans un matin
où ils ne se reconnaissent pas eux-mêmes.

Il y a, en effet, un filet
que survole l’impossible oiseau,
mais l’ombre de ce dernier,
oiseau-poisson, humide et palpitante, reste,
enfin, prise au filet.

Et le mot est méconnaissable.
Mot qui a vécu parmi nous.
Mot d’une nature telle
qu’il contient, plus que le sens,
la totalité de l’éveil.

(José Ángel Valente)

Recueil: Trois leçons de ténèbres suivi de Mandorle et de L’éclat
Traduction: Jacques Ancet
Editions: Gallimard

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Pendant des années (Jean Rousselot)

Posted by arbrealettres sur 19 février 2023



Illustration: Jérôme Royer
    
Pendant des années
je me perds de vue.

Quand je me retrouve
je ne me reconnais pas.

(Jean Rousselot)

 

Recueil: Minimes
Traduction:
Editions: Les Deux-Siciles

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Elle est là (Grégory Rateau)

Posted by arbrealettres sur 18 février 2023



Illustration: Gao Xingjian
    
Elle est là

Elle est là
l’angoisse glissée entre tes doigts
celle qui déclenche Le geste
aligne les mots
dans un ordre préexistant
à ta naissance
où tous les soleils te reconnaissent

Sans Elle
c’est la sensation d’une faim démoniaque
et ces perceptions glauques
durant cette nuit définitive
mais comment renouer avec la Muse ?
regagner ce territoire solaire
entre ton carnet vide et ce cendrier plein de poèmes

(Grégory Rateau)

Recueil: Imprécations nocturnes
Traduction:
Editions: Conspiration

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Les balles butinent (Jean-Baptiste Besnard)

Posted by arbrealettres sur 3 juillet 2022




Les balles butinent
Abeilles de mort
Et leur dard s’enfonce
Dedans la chair vive
Blessure invisible
D’où jaillit le sang

La poitrine se vide
De chaleur et d’amour
Et les deux mains étreignent
Dans un dernier sursaut
Le sol qui sentait bon
Les cailloux qui chantaient

Les yeux ont perdu leur regard
Et le ciel qui s’y reflétait
Ne s’y reconnaît plus.

(Jean-Baptiste Besnard)

 

 

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Tu me ressembles et je te reconnais (Martine Broda)

Posted by arbrealettres sur 4 septembre 2020



Erika Hopper-21 [1280x768]

 

tu me ressembles et je te reconnais
où tu rassembles et je reconnais
ce que j’aimais toujours
au nom de mon amour apparu si brillant
cité de mon amour dans le brouillard de larmes
mes doigts se nouent tendre hélice à la perte
à son cou mon toujours mon jamais
au nom rallumé de mon amour
cité de loin dans le brouillard de larmes
a-t-on jamais cru
avoir ce qui est perdu

(Martine Broda)

Illustration: Erica Hopper

 

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ENFIN (Robert Champigny)

Posted by arbrealettres sur 11 juillet 2020



ENFIN

Quand seront morts le faux le vrai
Trié les cartes les images
Enfin je me reconnaîtrai
Où est le masque où le visage

Trié les cartes les images
Appris enfin ta vie par coeur
Où est le masque oû le visage
Que la parole en écho meure

Appris enfin ta vie par coeur
Il ne faut pas laisser de trace
Que la parole en écho meure
Seul en histoire un zéro passe

ll ne faut pas laisser de trace
Quand j’aurai fait assez l’humain
Seul en histoire un zéro passe
Quoi se reconnaîtra enfin

(Robert Champigny)

 

 

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Engloutir la matière (Stéphane Bataillon)

Posted by arbrealettres sur 21 avril 2019



Illustration: David Galchutt  
    

Engloutir la matière
sans être rassasié

Vouloir que tout ressemble
au vide que l’on porte

Que l’on s’y reconnaisse.

(Stéphane Bataillon)

 

Recueil: Où nos ombres s’épousent Vivre l’absence
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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QUESTIONS (Paul de Roux)

Posted by arbrealettres sur 12 février 2019



Illustration: Fan Ho 
    
QUESTIONS

Tous ceux qui passent le matin et dont tu entends les pas
tracent-ils avec toi les lignes d’une dessin caché?
Un jour ces milliards de pas déboucheront-ils dans quelque clairière
et vous étant retrouvés verrez-vous par le gros bout de la lorgnette
la rue là-bas, ces pas, ces veilles, ces sommeils dans les chambres
vous reconnaissant, vous nommant
dans l’architecture délicieuse qui fait trembler les anges?

(Paul de Roux)

 

Recueil: Les pas
Traduction:
Editions: L’Alphée

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Inglorieuse est la vie (Fernando Pessoa)

Posted by arbrealettres sur 28 septembre 2018




Inglorieuse est la vie, inglorieux la connaître.
Combien, s’ils pensent, ne se reconnaissent plus
Tels qu’ils s’étaient connus.
A toute heure pour nous change non l’heure seule
Mais ce que nous croyons à cette heure, et la vie
Passe entre vivre et être.

(Fernando Pessoa)

Illustration: Gilbert Garcin

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Le temps n’est pas unique (Eugenio Montale)

Posted by arbrealettres sur 12 août 2018



 

Le temps n’est pas unique :
plusieurs rubans glissent, parallèles
souvent en sens contraire et rarement s’entrecroisent.

C’est quand se révèle la seule vérité que, dévoilée,
elle est aussitôt biffée par qui surveille engrenages et aiguillages.

Puis on replonge dans le temps unique.
Mais ce fut l’instant où les rares vivants se sont reconnus
pour se dire, non au revoir, mais adieu.

(Eugenio Montale)

Découvert chez Lara ici

Illustration: Gilbert Garcin

 

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