Posts Tagged ‘intermittence’
Posted by arbrealettres sur 4 octobre 2023
Illustration: John Henry Fuseli
« Beau monstre de la nuit, palpitant de ténèbres,
Vous montrez un museau humide d’outre-ciel,
Vous approchez de moi, vous me tendez la patte
Et vous la retirez comme pris d’un soupçon.
Pourtant je suis l’ami de vos gestes obscurs,
Mes yeux touchent le fond de vos sourdes fourrures.
Ne verrez-vous en moi un frère ténébreux
Dans ce monde où je suis bourgeois de l’autre monde,
Gardant par devers moi ma plus claire chanson.
Allez, je sais aussi les affres du silence
Avec mon coeur hâtif, usé de patience,
Qui frappe sans réponse aux portes de la mort.
— Mais la mort te répond par des intermittences
Quand ton coeur effrayé se cogne à la cloison,
Et tu n’es que d’un monde où l’on craint de mourir. »
Et les yeux dans les yeux, à petits reculons,
Le monstre s’éloigna dans l’ombre téméraire,
Et tout le ciel, comme à l’ordinaire, s’étoila.
(Jules Supervielle)
Recueil: La Fable du monde suivi de Oublieuse mémoire
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 27 juillet 2023
sur les pentes qu’elle départage,
à chaque coup d’oeil,
le lacet de la route
lui-même fraction d’une route arrêtée dans la route,
et cette route, par intermittence,
elle aussi perdue.
(André du Bouchet)
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Posted by arbrealettres sur 1 juin 2021
Exercice du matin
Chaque matin sans église
sur le béton farouche
entre l’ignorance et l’amour
je me prosterne
je me prosterne devant rien.
Quand je suis à ma juste place
instant, instincts, intermittences
de lumière et d’aveuglement
je me prosterne
je me prosterne devant tout.
(Henry Bauchau)
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Posted by arbrealettres sur 20 avril 2020
Clos aux Mu-lan
Le mont d’automne recueille le reste du couchant
Un oiseau vole à la poursuite de sa compagne
Par intermittence chatoie le vert-bleu
La brume du soir, elle, est sans lieu
(Wang Wei)
Recueil: L’Ecriture poétique chinoise
Traduction: François Cheng
Editions: du Seuil
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Posted by arbrealettres sur 19 août 2019
Au fond je ne demande pas l’impossible:
juste que le noir, de temps à autre,
soit lavé de rose et de quelques flammes orange,
qu’une salve de lueurs bleutées
le crible par intermittence.
Que j’en puisse retenir l’éclat
avant d’arriver en bas
où le noir n’a pas son pareil
pour que tout rentre enfin dans l’ordre.
Je sais de quoi je parle :
chaque fois que j’arrive en bas,
je suis frappé de cécité,
je dois rêver pour voir.
(Alain Veinstein)
Recueil: Voix seule
Traduction:
Editions: Seuil
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Posted by arbrealettres sur 6 avril 2019
Une rose seule, c’est toutes les roses
et celle-ci: l’irremplaçable,
le parfait, le souple vocable
encadré par le texte des choses…
Comment jamais dire sans elle ,
ce que furent nos espérances,
et les tendres intermittences
dans la partance continuelle.
*
T’appuyant, fraîche claire
rose, contre mon oeil fermé —,
on dirait mille paupières
superposées
contre la mienne chaude.
Mille sommeils contre ma feinte
sous laquelle je rôde
dans l’odorant labyrinthe.
(Rainer Maria Rilke)
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Posted by arbrealettres sur 1 avril 2018
SERAIT-CE SAISON D’ARIDITÉ
Serait-ce saison d’aridité
Soleil fantôme
Épineux en baguettes de verre
Entre lesquelles glissent
Les ombres courtes du crépuscule
Par intermittence
Un cri d’oiseau
Fait rouler une pierre
De l’océan crayeux
La houle ramène la rumeur
De langages d’autres espaces
Serait-ce saison d’absence
Prise au piège
Du tourbillon du fanal
Les mots dérivent
À peine entrevus
Fragments de feu et de nuit
Le long de plages mirages
Des visages familiers
Surgissent à fleur d’écume
S’évanouissent avec le ressac
Laissant flotter un sourire
Hors saison mûrit le vide
Toute question retournée
À sa source
Ténèbres tamisées
Après la mort d’un être cher
Vol de cormoran
Dans le sillage de l’éclair
(Dominique Aguessy)
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Posted by arbrealettres sur 27 novembre 2017
Fraîcheur nocturne
Des arbres cernent le vaste étang : ombres multiples sous la lune.
Le battoir du village, la flûte de la vallée bruissent
par intermittence, dans le vent et les lianes.
Au pavillon de l’Ouest, les couvertures brodées gardent encore un parfum léger.
Toute la nuit, ma tristesse va vers les lotus flétris.
(Li Chang-Yin)
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Posted by arbrealettres sur 12 novembre 2016
Une rose seule, c’est toutes les roses
et celle-ci: l’irremplaçable,
le parfait, le souple vocable
encadré par le texte des choses.
Comment jamais dire sans elle
et que furent nos espérances,
et les tendres intermittences
dans la partance continuelle.
(Rilke)
Illustration: Alberto Pancorbo
Posted in poésie | Tagué: (Rilke), continuel, dire, espérances, intermittence, irremplaçable, partance, rose, seule, tendre | Leave a Comment »