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Poésie

Posts Tagged ‘faubourg’

DES HOMMES (Jean Follain)

Posted by arbrealettres sur 16 février 2024




    
DES HOMMES

Au milieu d’un grand luminaire
on voyait discuter des hommes
en proie à la grande peur
d’autres pleuraient
on trouvait aussi les amants
de la secrète beauté
ils gagnaient les anciens faubourgs
et rejoignaient leurs compagnes
marchant pieds nus
sur les planchers de bois blanc
pour ne pas réveiller.

(Jean Follain)

Recueil: Exister suivi de Territoires
Editions: Gallimard

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UNE EXECUTION INTIME (Georges Henein)

Posted by arbrealettres sur 23 juillet 2022



 

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UNE EXECUTION INTIME

c’est un instant toujours émouvant
que celui où l’on se demande
certains matins
si l’on va pouvoir reconnaître la vie

si les choses ont gardé la même place
si les places ont gardé le même nom
et s’il reste quelque part un miroir de secours
où l’on cesserait enfin de se voir
où l’on verrait plus loin que soi

alors c’est comme si l’on s’avançait tout seul
Boulevard Arago
à l’aube
pour une exécution intime
et l’on n’éprouve aucun soulagement
à l’idée que le bourreau n’est pas là

et pourtant tout à coup on se retourne
c’est bon signe
on se croyait suivi
il y a donc des gens qui en suivent d’autres
il y a donc une suite et c’est tout ce que l’on voulait savoir

dans les sous-bois du langage
une voix cherche à dire
le premier mot de la journée
comme on cherche sa clé
sur le palier dans le noir

on n’hésite plus
on mise sur cet objet perdu
sur cette voix déjà proche des faubourgs
sur l’étrangère qui s’appuie aux affiches lacérées de la vie
mais sur quoi ne s’appuierait-on pas ce matin ?
sur quelle blessure ?
— sur quel outrage ?

(Georges Henein)

Illustration

 

 

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Chanson du chiffonnier (Jean-Claude Pirotte)

Posted by arbrealettres sur 8 décembre 2021


La Jeune Fille Avec les Pâquerettes (1889) by Pierre-Auguste Renoir

le chiffonnier du faubourg
que personne n’écoute
fait le tour de la ville
avec son poney bleu

il sait seules permises
les chansons sans paroles
et pourtant il fredonne
une complainte étrangère

à son passage les seins
des femmes ignorantes
s’émeuvent doucement
blanches bêtes captives

(Jean-Claude Pirotte)

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Sois soumis, mon chagrin (Georges Perec)

Posted by arbrealettres sur 11 juin 2020



Sois soumis, mon chagrin, puis dans ton coin sois sourd.
Tu la voulais la nuit, la voilà, la voici:
Un air tout obscurci a chu sur nos faubourgs,
Ici portant la paix, là-bas donnant souci.

Tandis qu’un vil magma d’humains, oh, trop banals,
Sous l’aiguillon Plaisir, guillotin sans amour,
Va puisant son poison aux puants carnavals,
Mon chagrin, saisis-moi la main; là, pour toujours,

Loin d’ici. Vois s’offrir sur un balcon d’oubli,
Aux habits pourrissants, nos ans qui sont partis;
Surgir du fond marin un guignon souriant;

Apollon moribond s’assoupir sous un arc,
Puis ainsi qu’un drap noir traînant au clair ponant,
Ouïs, Amour, ouïs la Nuit qui sourd du parc.

(Georges Perec)

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IN MEMORIAM (Giuseppe Ungaretti)

Posted by arbrealettres sur 1 octobre 2019



Illustration
    
IN MEMORIAM

Son nom c’était
Mohammed Scheab

Descendait
des émirs nomades
s’est suicidé
parce qu’avait
plus de Patrie

Aimait la France
changea de nom

Il fut Marcel
mais pas Français
savait plus vivre
sous la tente des siens
où l’on écoute
la cantilène du Coran
en buvant du café

Et ne savait
pas délivrer
la chanson
de son abandon
Je l’ai suivi
avec la patronne de l’hôtel
où nous vivions
à Paris
au numéro 5 de la Rue des Carmes
une ruelle en pente les murs fanés

Il repose
au cimetière d’Ivry
un faubourg qui semble
éternellement
dans une journée
où s’en va la foire

Et peut-être suis-je seul
à savoir encore
qu’il a vécu

***

In memoria

Si chiamava
Moammed Sceab

Discendente
di emiri di nomadi
suicida
perché non aveva più
Patria

Amò la Francia
e mutò nome

Fu Marcel
ma non era Francese
e non sapeva più
vivere
nella tenda dei suoi
dove si ascolta la cantilena
del Corano
gustando un caffè

E non sapeva
sciogliere
il canto
del suo abbandono

L’ho accompagnato
insieme alla padrona dell’albergo
dove abitavamo
a Parigi
dal numero 5 della rue des Carmes
appassito vicolo in discesa

Riposa
nel camposanto d’Ivry
sobborgo che pare
sempre
in una giornata
di una
decomposta fiera

E forse io solo
so ancora
che visse

(Giuseppe Ungaretti)

 

Recueil: Vie d’un homme Poésie 1914-1970
Traduction:
Editions: Gallimard

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PETIT HAMEAU (Emile Nelligan)

Posted by arbrealettres sur 3 août 2019


PETIT HAMEAU

Or voici que verdoie un hameau sur les côtes
Plein de houx, orgueilleux de ses misères hautes.

Des bergers s’étonnant contemplent dans la plaine,
Et mon cheval qui sue à la hauteur se traîne.

Pour y vivre l’Octobre et ses paix pastorales
Je vous apporte, ô Pan, mes lyres vespérales.

Les boeufs sont vite entrés. Ils meuglent dans
l’étable,
Et la soupe qui fume a réjoui ma table.

Que vous êtes heureux, hommes bons des
campagnes,
Loin du faubourg qui pue et des clameurs de bagnes.

Jé vous bénis. Que la joie habite à vos portes,
En campagne, ô ces soirs de primes feuilles mortes!

(Emile Nelligan)


Illustration: Lucien de Maleville

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Epitaphe (François Coppée)

Posted by arbrealettres sur 31 janvier 2019



 

Epitaphe

Dans le faubourg qui monte au cimetière,
Passant rêveur, j’ai souvent observé
Les croix de bois et les tombeaux de pierre
Attendant là qu’un nom y fût gravé.

Tu m’es ravie, enfant, et la nuit tombe
Dans ma pauvre âme où l’espoir s’amoindrit ;
Mais sur mon coeur, comme sur une tombe,
C’est pour toujours que ton nom est écrit.

(François Coppée)

Illustration

 

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Les comédiens (Charles Aznavour)

Posted by arbrealettres sur 3 octobre 2018



    
Les comédiens

[Refrain]
Viens voir les comédiens
Voir les musiciens
Voir les magiciens qui arrivent
Viens voir les comédiens
Voir les musiciens
Voir les magiciens qui arrivent

Les comédiens ont installé leurs tréteaux
Ils ont dressé leur estrade et tendu des calicots
Les comédiens ont parcouru les faubourgs
Ils ont donné la parade à grand renfort de tambour
Devant l’église une roulotte peinte en vert
Avec les chaises d’un théâtre à ciel ouvert
Et derrière eux comme un cortège en folie
Ils drainent tout le pays les comédiens

[Refrain]
Viens voir les comédiens
Voir les musiciens
Voir les magiciens qui arrivent
Viens voir les comédiens
Voir les musiciens
Voir les magiciens qui arrivent

Si vous voulez voir confondus les coquins
Dans une histoire un peu triste où tout s’arrange à la fin
Si vous aimez voir trembler les amoureux
Vous lamenter sur Baptiste ou rire avec les heureux
Poussez la toile et entrez donc vous installer
Sous les étoiles où le rideau va se lever
Quand les trois coups retentirent dans la nuit
Ils vont renaître à la vie, les comédiens

[Refrain]
Viens voir les comédiens
Voir les musiciens
Voir les magiciens qui arrivent
Viens voir les comédiens
Voir les musiciens
Voir les magiciens qui arrivent

Les comédiens ont démonté leurs tréteaux
Ils ont ôté leur estrade et plié les calicots
Ils laisseront au fond du cœur de chacun
Un peu de la sérénade et du bonheur d’Arlequin
Demain matin quand le soleil va se lever
Ils seront loin et nous croirons avoir rêvé
Mais pour l’instant ils traversent dans la nuit
D’autres villages endormis les comédiens

[Refrain]
Viens voir les comédiens
Les musiciens
Les magiciens qui arrivent
Viens voir les comédiens
Les musiciens
Les magiciens qui arrivent

Viens voir les comédiens
Les musiciens
Les magiciens qui arrivent
Viens voir les comédiens
Voir les musiciens
Voir les magiciens qui arrivent
Viens voir les comédiens
Les musiciens
Les magiciens…

(Charles Aznavour)

 

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LE TROUPEAU (Umberto Saba)

Posted by arbrealettres sur 25 août 2018



 

LE TROUPEAU

Troupeau, toi qui à travers le faubourg poussiéreux
t’en vas au soir et dont me plaît l’odeur

que tu laisses sur ton passage, toi qui as tant de chemin à faire
parmi la fureur des voitures et le tintement

des trams, où la vie se hâte le plus,
que tu vas lentement, serré contre toi-même !

Troupeau, toi que j’aimai dès l’enfance égarée,
par toi la douleur se fait au coeur plus aiguë ;

et il me vient comme un désir de me mettre à genoux,
comme si je voyais dans ta masse laineuse

quelque chose de saint que nul autre ne voit,
et d’antique et de très vénérable.

Un vieux te mène, sur des pieds incertains,
un Dieu pour toi, peuple dans le désert.

(Umberto Saba)

 

 

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Quelque part (Albert Ayguesparse)

Posted by arbrealettres sur 23 juillet 2018



Quelque part
dans les rues d’un faubourg d’Europe
des soldats tristes dessinent dans le sang
les nouvelles images de la vie.
Autour d’eux
des enfants aux gros yeux mouillés de lumière
regardent ces lourds souliers cloutés
ces mains tatouées de poussière.
A l’heure où les hommes rentrent chez eux
par les portes obliques du sommeil
l’odeur des boucheries rôde près des masures
et quelqu’un crie
qu’on va manger la soupe
pour que ce soit bien un jour comme les autres.

Liberté
c’est ta dernière nuit à la belle étoile
les troupeaux s’enfoncent dans l’épouvante
la terre plie sous le genou des avalanches
et le sang des doigts se dessèche
c’est ta dernière nuit à la belle étoile
et s’il reste encore un homme

(Albert Ayguesparse)

Illustration: Otto Dix

 

 

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