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Posts Tagged ‘incommensurable’

L’incommensurable (Stéphane Bataillon)

Posted by arbrealettres sur 29 septembre 2022




    
L’incommensurable

Pourquoi personne ne dit rien?
Pourquoi personne ne me dit rien?
Pourquoi alors que c’est cela
que je recherche
que tout le monde recherche
— non?

pas blanc
pas vide
pas néant

ni clairière
ni plage
ni au pied de l’arbre

peut-être une forme
peut-être un son
peut-être autre chose

d’éternel

quelque chose
que le temps
que l’oxydation

que l’oubli
n’attaquerait pas

jamais

impossible de le dire
impossible de te le dire

à moins d’une équation
d’un regard
d’une caresse sur tes seins

et toi qui réponds juste
que tout cela

peut-être

(Stéphane Bataillon)

 

Recueil: La désir Aux couleurs du poème Anthologie établie par Bruno Doucey et Thierry Renard
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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ENFIN (Kathleen Raine)

Posted by arbrealettres sur 2 décembre 2018




ENFIN l’occasion attendue, du temps libre
De toutes ces tâches, imposées volontairement ou non,
Cependant maintenant, prise au piège, je m’affole, j’essaie
De trouver un prétexte, n’importe quoi pour me dérober
À une confrontation avec la page blanche.
Il n’y a pas d’hôte invisible dans ma chambre:
Les temps et les lieux sont à eux, non à nous,
Rendant leur présence présente, infinie.
Ce vide est le terme
De bien des dérobades: nous nous détournons
Rien qu’un instant en l’incommensurable absence.

***

AT LAST the awaited opportunity, time free
Of all those tasks, imposed or self-imposed,
Yet now, trapped, I panic, try
To think of some pretext, anything to evade
A confrontation with the unwritten page.
There is no invisible visitant in my room:
The times and places are theirs, not ours,
Who make their presence present, infinite.
This blankness is the term
Of many evasions: we turn aside
Only for a moment into immeasurable absence.

(Kathleen Raine)

Illustration: Catherine Mayet

 

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Et que cela nous mène (George Oppen)

Posted by arbrealettres sur 2 juillet 2018




    
Et que cela nous mène
à l’incommensurable.

(George Oppen)

 

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Le Tao se répand comme un flot (Lao Tseu)

Posted by arbrealettres sur 24 novembre 2016



Le Tao se répand comme un flot.
Sa puissance est sans limite.

Les dix mille êtres
naissent et vivent de lui
sans qu’il en soit l’auteur.

Il poursuit son oeuvre éternelle
sans vouloir rien imposer.
Il commande aux hommes
sans s’en déclarer le maître.

Il est sans désir
et dénué d’ambition.
On peut le dire petit.
Quelle erreur :
il est immense,
incommensurable.

Les dix mille êtres
retournent à lui
sans qu’il ne demande rien.

On peut alors le dire immense,
et nul ne peut le cerner.

Le sage ignore sa grandeur,
ainsi
elle se réalise d’elle-même.

A l’infini.

(Lao Tseu)

 

 

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Incommensurable (Hannah Arendt)

Posted by arbrealettres sur 21 novembre 2016



Incommensurable, l’étendue, juste,
quand nous nous apprêtons à mesurer,
ce dont notre coeur avait ici pour mission de s’emparer.

Insondable, la profondeur, juste,
quand, approfondissant, nous sondons,
ce qui, dans notre chute, nous accueille comme fond.

Inaccessible, l’altitude, juste,
quand nos yeux s’épuisent à scruter
ce qui, flamme devenu, s’élève au-dessus du firmament.

Inévitable, la mort, juste,
quand, assoiffés d’avenir,
nous ne supportons pas le pur continu d’un instant.

***

Unermessbar, Weite, nur,
wenn wir zu messen trachten,
was zu fassen unser Herz hier ward bestellt.

Unergründlich, Tiefe, nur,
wenn wir ergründend loten,
was uns Fallende als Grund empfángt.

Unerreichbar, Höhe, nur,
wenn unsere Augen mühsam absehn,
was als Flamme übersteigt das Firmament.

Unentrinnbar, Tod, nur,
wenn wir zukunftsgierig
eines Augenblickes reines Bleiben nicht ertragen.

(Hannah Arendt)

 

 

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SANS CADASTRE (Marie-Claire Bancquart)

Posted by arbrealettres sur 6 novembre 2016



SANS CADASTRE

De la rose à l’inadmissible
l’espace étroit comme une trace d’ange
est arpenté par le poète.

depuis les origines il sait
une géométrie plus furtive qu’Euclide.

Toujours tremblent les lieux. La marge
envahit le centre incertain de notre parole.

Et notre double
très doucement se décale de nous
dévoyant notre corps vers le vertige d’intervalles incommensurables
où le Cyclope vit cette chose nocturne
nommé Personne.

(Marie-Claire Bancquart)

Illustration: Salvador Dali

 

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Demain le fameux silence de l’éther déferlera sur nous (Jean Rousselot)

Posted by arbrealettres sur 6 août 2016



Demain le fameux silence de l’éther
Déferlera sur nous
A grandes houles de syllabes insensées
Qui nous assourdiront
Arracheront les haillons d’idées
Qui nous protègent encore
Et nous drosseront
Sur l’éboulis incandescent des galaxies
Pêle-mêle avec nos morts
Nos partitions de sommeil
Et nos traités d’espérance

En vain nous débattrons-nous
Avec des cris inaudibles pour nous-mêmes
Il nous faudra choir et gésir
Abominablement éveillés pour toujours
Dans l’incommensurable trou de mémoire
Que nous étions accoutumés de nommer Dieu.

(Jean Rousselot)

 

 

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Silence (Hector de Saint-Denys Garneau)

Posted by arbrealettres sur 29 juillet 2016


 

Silence

Toutes paroles me deviennent intérieures
Et ma bouche se ferme comme un coffre
qui contient des trésors
Et ne prononce plus ces paroles dans le temps,
des paroles en passage,
Mais se ferme et garde comme un trésor
ses paroles
Hors l’atteinte du temps salissant, du temps passager.
Ses paroles qui ne sont pas du temps
Mais qui représentent le temps dans l’éternel
Des manières de représentants
Ailleurs de ce qui passe ici,
Des manières de symboles
Des manières d’évidences de l’éternité qui passe ici,

Des choses uniques, incommensurables,
Qui passent ici parmi nous mortels,
Pour jamais plus jamais,
Et ma bouche est fermée comme un coffre
Sur les choses que mon âme garde intimes,
Qu’elle garde
Incommunicables
Et possède ailleurs.

(Hector de Saint-Denys Garneau)

Illustration

 

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Sous les plantes le banc (Abbas Bouhlal)

Posted by arbrealettres sur 11 mars 2016


Soleil mobile
dans le jour discordant:
sous les plantes le banc avait quelque chose
de reposant, comme une vieillesse incommensurable

(Abbas Bouhlal)


Illustration


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Voir (Jong N. Woo)

Posted by arbrealettres sur 25 février 2016



voir
c’est se retirer, s’isoler, s’éloigner
puis de nouveau, mais autrement,
sortir au dehors, en plein air,
devant l’immobilité mouvante, variante
de l’arbre

voir
c’est ainsi contempler, patienter, endurer,
veiller, s’abandonner

jusqu’à ce que l’invisible se fonde
avec l’incommensurable apparaître

(Jong N. Woo)

Illustration: Odilon Redon

 

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