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Posts Tagged ‘révélé’

Ainsi, à notre façon secrète (Hilda Doolittle)

Posted by arbrealettres sur 19 janvier 2019



William Turner plaie-egypte-5

Les murs ne tombent pas
[12]

Ainsi, à notre façon secrète, sournoise,
nous sommes fiers et défiants

de toute compagnie avec vous autres,
nos supérieurs, qui semblez indiquer

que nous serons bientôt écartés,
loques froissées, bons à rien pour les bannières,

trop courts pour un bandage ;
mais quand les bardeaux ont sifflé

dans la pluie des incendiaires,
d’autres valeurs nous ont été révélées,

d’autres étendards nous ont consacrés ;
étrange texture, une aile nous couvrait,

et bien que très haut l’air ait vrombi et grondé,
il y avait une Voix plus forte,

bien que sa parole ait été plus basse
qu’un murmure.

***

So, in our secretive, sly way,
we are proud and chary

of companionship with you others ,
our betters, who seem to imply

that we will soon be swept aside,
crumpled rags, no good for banner-stuff,

no fit length for a bandage;
but when the shingles hissed

in the rain of incendiary,
other values were revealed to us,

other standards hallowed us;
strange texture, a wing covered us,

and though there was whirr and roar in the high air,
there was a Voice louder,

though its speech was lower
than a whisper.

(Hilda Doolittle)

Illustration: William Turner

 

 

 

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LUMIÈRE DE SCALPAY (Kenneth White)

Posted by arbrealettres sur 13 octobre 2018



 

sunset over loch carron

LUMIÈRE DE SCALPAY

Voici le sommet de la contemplation, et
nul art ne saurait l’atteindre
bleu, si bleu, le lointain archipel, et
la mer qui miroite, miroite
nul art ne saurait l’atteindre, l’esprit ne peut
que tenter de s’y accorder
de s’apaiser, de s’espacer, tenter
de s’ouvrir, tranquille, au-delà du monde
révélé lui-même en terre de diamant,
dans la lumière au-delà des mots

*

A HIGH BLUE DAY ON SCALPAY

This is the summit of contemp la tion, and
no art can touch it
blue, so blue, the far-out archipelago, and
the sea shimmering, shimmering
no art can touch it, the mind can only
try to become attuned to it
to become quiet, and space itself out, to
become open and still, unworlded
knowing itself in the diamond country, in
the ultimate unlettered light

(Kenneth White)

Illustration

 

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DES batailles se livrent (Álvarez Ortega)

Posted by arbrealettres sur 12 octobre 2018




    
DES batailles se livrent à chaque rencontre,
des solitudes qui auparavant, dans l’isolement initial,
supportaient l’oeuvre commune.

Dans l’espace révélé, après chaque conjonction,
seule demeure la terreur,
le mystère qui à l’âme ne suffit pas.

En alerte, cependant,
une absence rôde, rôdera toujours,
autour des humides dépouilles du lit.

(Álvarez Ortega)

 

Recueil: Genèse suivi de Domaine de l’ombre
Traduction: Jacques Ancet
Editions: Le Taillis Pré

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Saisissement par la beauté comme par le rire (Gérard Pfister)

Posted by arbrealettres sur 25 Mai 2018



Saisissement par la beauté comme par le rire.
La même sensation d’étrangeté absolue.
Mais dans le rire, ce qui nous est révélé,
c’est le caractère illusoire de l’être.
Par la beauté, la perfection de notre appartenance au néant.

Le rire nous secoue, nous étrangle.
La beauté nous frappe. Nous écrase.

L’amitié des choses a bien de ces rudesses
lorsqu’il s’agit de nous réveiller.

(Gérard Pfister)

Illustration: Pol Ledent

 

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C’est dans le sommet que j’habite (Jean Malrieu)

Posted by arbrealettres sur 30 septembre 2017




Illustration: ArbreaPhotos
    
C’est dans le sommet que j’habite,
Où la lumière est crue.
Une herbe tendre comme une croupe.
Paysage masculin, féminin,
Hanté de plaques tournantes,
Autant d’arbres, autant de cadrans
Et personne pour lire l’heure.
C’est avant le déluge
Promis à la destruction,
Détruit avant d’être créé,
Quelque chose comme l’innocence non révélée,
Le bleu clair qui sonne
Dans un air sans tympan,
Un dieu sans visage enfoui dans le cœur de l’arbre,
Mais qui ordonne tout
A partir de l’ombre ou du jour, on ne sait pas.

(Jean Malrieu)

 

Recueil: EN PAYS DE VERTIGE
Editions: Le Verbe et l’Empreinte

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Si tu désires être révélé (Khalil Gibran)

Posted by arbrealettres sur 29 juillet 2017




    
Seule une grande peine ou une grande joie
peuvent révéler ta vérité.

– Si tu désires être révélé,
tu dois danser nu au soleil
ou porter ta croix.

(Khalil Gibran)

 

Recueil: Le sable et l’écume

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Puisque le miracle a lieu (François Cheng)

Posted by arbrealettres sur 26 juillet 2017




    
Puisque le miracle a lieu,
Présence à présence révélée,
Présence de présence pénétrée,
Épiphanie désormais,
Nulle saison en pure perte,
Nulle terre vaine,

A ciel ouvert, au centre
De la rencontre des soleils
Et des rosées terrestres,
La rose thé tant de fois meurtrie
Se sait jusqu’à la racine
Pour qui pour quoi désormais

Re-fleurir.

(François Cheng)

 

Recueil: La vraie gloire est ici
Editions: Gallimard

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Entre le murmuré et le ressenti (François Cheng)

Posted by arbrealettres sur 2 juillet 2017



Illustration: Pal Szinyei-Merse
    
Entre le murmuré
et le ressenti
rompant tout rivage
Calmement se propage
l’ombreux infini
au rythme révélé

Infini autre
Infini tien

Une source se libère
traverse l’aire de chair
se perd au plus loin
Où terre-ciel s’unit
au vol de l’alouette
re-née de son chant

Infini tien
Infini autre

(François Cheng)

 

Recueil: A l’orient de tout
Editions: Gallimard

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Ô ce mot mystérieux (Kabîr)

Posted by arbrealettres sur 19 avril 2017



Ô ce mot mystérieux,
comment pourrais-je jamais le prononcer ?

Oh, comment puis-je dire :
Il n’est pas comme ceci et Il est comme cela ?

Si je dis qu’il est en moi,
l’Univers a honte de mes paroles;

Si je dis qu’Il est en dehors de moi,
je mens.

Des mondes intérieurs et extérieurs
Il fait une indivisible unité;

Le conscient et l’inconscient
sont les tabourets de ses pieds.

Il n’est ni manifesté ni caché ;
Il n’est ni révélé ni irrévélé.

Il n’y a pas de mot pour dire ce qu’Il est.

(Kabîr)

 

 

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Ce mot secret (Kabîr)

Posted by arbrealettres sur 16 avril 2017



Ce mot secret, oh! comment jamais le puis-je proférer?
Oh ! comment puis-je dire : c’est à ceci et non pas à cela qu’Il ressemble ?
Si je dis qu’Il est au-dedans de moi,
c’est à l’univers que je fais honte
Si je dis qu’Il est hors de moi, cela est faux.
Du monde intérieur et du monde extérieur
Il ne fait qu’un indivisible;
Le conscient et l’inconscient sont ses deux marchepieds
Il n’est non plus manifeste que caché;
Il n’est révélé, ni irrévélé.
Pour exprimer ceci qu’Il est,
je sais qu’il n’existe pas de paroles.

***

O how may I ever express that secret word ?
O how can I say He is not like this, and He is like that?
If I say that He is within me, the universe is ashamed :
If I say that He is without me, it is falsehood.
He makes the inner and the outer worlds to be indivisibly one;
The conscious and the unconscious, both are His footstools.
He is neither manifest nor hidden, he is neither revealed nor unrevealed :
There are no words to tell that which He is.

(Kabîr)

 

 

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