Illustration
Quand ce serait l’heure d’y aller
mais qu’on n’y est pas du tout
Quand en sauvant un papillon
attaqué par des fourmis
on se prend pour un saint
Quand on est si loin de chez soi
qu’on finit par l’oublier
Quand on est couché dans son lit
et qu’on entend soudainement craquer
le plancher du grenier
Quand le spectacle de la Nature
devient le seul spectacle supportable
Quand on est heureux
et malheureux
simultanément
sans raison
Quand
OH Regarde
Quand un arc-en-ciel
une colline jaune
un lapin à deux pas
Quand la projection
est subitement suspendue
Quand on ne saurait dire
si le monde préexiste à la perception
Quand toutes les salles se vident
et que le silence revient
Qaund passer le balai
se révèle plus efficace
qu’avaler un anxiolytique
Quand on n’est plus personne
à l’instant où le petit oiseau va sortir
Quand tout paraît
bulles de savon
à la surface
et au-dedans
Quand un changement de focale
sauve du monde bavard des hommes
Quand on se demande bien
pourquoi
on n’a pas commencé par là
Quand la montagne
déplace la Foi
Quand on hésite à frapper
au seuil de l’Inconnu
Quand on jurerait être
déjà passé par là
Quand les mots s’espacent
à mesure que le souffle s’allonge
Quand la joie se réveille
au moment où
on s’y attend le moins
Quand toute votre enfance resurgit
du simple fait d’être
monté au grenier
Quand on s’arrête
soudainement
de se croire
un monstre
Quand ça chatouille les chakras
à travers la forêt
des plaisir sensoriels
Quand tout l’éclat du monde
se concentre sur un seul point
Quand on espère très fort
que ça n’est pas une mauvaise blague
Quand bêtement
d’un coup
on ne veut plus
mourir
Quand vous n’avez
plus de tête
et que vous ne
le regrettez pas
Quand on assiste
au retour inopiné
de figures
très aimées
Quand la joie descend
jusqu’aux orteils
Quand la tentation est trop forte
bien que le panneau soit énorme
Quand ça semblerait bien
pouvoir durer toujours
Quand Ouuuiii ii i iii i i i i
Quand on n’a plus
qu’une envie
Quand il fait si bon
si doux
si tout
Quand cet élan
qui nous prend
c’est le pur Amour
[…]
(François Matton)