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NOUVELLES FRAÎCHES (René Guy Cadou)

Posted by arbrealettres sur 28 décembre 2022




    
NOUVELLES FRAÎCHES

Souvenirs de la mer
Le grand panneau du fond découpé par l’éclair
La vague abandonnée aux démons du parterre
La fumée des étoiles
Aux ras des flots le lustre éteint
Les voyageuses du matin
Plus haut que nous la robe ouverte

Le regard bleu
Les mouches vertes
Une heure après
L’espace blanc
Le beau gaillard est à l’avant
Ses mains mesurent l’entourage
Le vent se lève
Une autre page

Il est trop tôt pour s’attarder
Le monde va par coups de dés
L’étrave blesse les paupières
Creuse la route la lumière
Aucun regret des passeports
C’est l’aventure naturelle
Et plus nouvelle que la mort.

(René Guy Cadou)

 

Recueil: René Guy Cadou Poésie la vie entière oeuvres poétiques complètes
Traduction:
Editions: Seghers

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L’hirondelle neurasthénique (Guy Lévis Mano)

Posted by arbrealettres sur 21 Mai 2019


 


 

L’hirondelle neurasthénique
Noire et blanche une hirondelle neurasthénique
dans l’atonie d’un soir bleuissant
depuis deux heures immobile sur le fil télégraphique
comme un funambule endormi sur sa corde

Vanité du vol ou vacuité d’amour
qui sait

Un petit trou noir et blanc sur l’immense panneau du soir

(Guy Lévis Mano)

 

 

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Je viens de la rue (Henri Thomas)

Posted by arbrealettres sur 6 Mai 2019




    
Je viens de la rue aux travaux sans nombre,
j’ai vu l’arroseur matinal changer
le bord du trottoir en azur léger,
sur l’autre trottoir c’est encore l’ombre.

J’ai vu fuir, presque silencieuse,
une automobile merveilleuse,
et les petits bars, très en retard
sur le jour (ils n’ouvrent que le soir).

J’ai vu peu de chose et bien des choses,
la rosée au fond des parcs déserts,
la Seine où mouraient de froides roses,
les chalands de leurs panneaux couverts.

Que m’en restera-t-il dans dix années,
et dans trente, seul, geignant dans un lit?
Rien peut-être, une incertaine pensée,
ou bien tout un monde, épars dans ma nuit?

(Henri Thomas)

 

Recueil: Poésies
Traduction:
Editions: Gallimard

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220 satoris mortels (François Matton)

Posted by arbrealettres sur 13 août 2018



Illustration

    

Quand ce serait l’heure d’y aller
mais qu’on n’y est pas du tout

Quand en sauvant un papillon
attaqué par des fourmis
on se prend pour un saint

Quand on est si loin de chez soi
qu’on finit par l’oublier

Quand on est couché dans son lit
et qu’on entend soudainement craquer
le plancher du grenier

Quand le spectacle de la Nature
devient le seul spectacle supportable

Quand on est heureux
et malheureux
simultanément
sans raison

Quand
OH Regarde

Quand un arc-en-ciel
une colline jaune
un lapin à deux pas

Quand la projection
est subitement suspendue

Quand on ne saurait dire
si le monde préexiste à la perception

Quand toutes les salles se vident
et que le silence revient

Qaund passer le balai
se révèle plus efficace
qu’avaler un anxiolytique

Quand on n’est plus personne
à l’instant où le petit oiseau va sortir

Quand tout paraît
bulles de savon
à la surface
et au-dedans

Quand un changement de focale
sauve du monde bavard des hommes

Quand on se demande bien
pourquoi
on n’a pas commencé par là

Quand la montagne
déplace la Foi

Quand on hésite à frapper
au seuil de l’Inconnu

Quand on jurerait être
déjà passé par là

Quand les mots s’espacent
à mesure que le souffle s’allonge

Quand la joie se réveille
au moment où
on s’y attend le moins

Quand toute votre enfance resurgit
du simple fait d’être
monté au grenier

Quand on s’arrête
soudainement
de se croire
un monstre

Quand ça chatouille les chakras
à travers la forêt
des plaisir sensoriels

Quand tout l’éclat du monde
se concentre sur un seul point

Quand on espère très fort
que ça n’est pas une mauvaise blague

Quand bêtement
d’un coup
on ne veut plus
mourir

Quand vous n’avez
plus de tête
et que vous ne
le regrettez pas

Quand on assiste
au retour inopiné
de figures
très aimées

Quand la joie descend
jusqu’aux orteils

Quand la tentation est trop forte
bien que le panneau soit énorme

Quand ça semblerait bien
pouvoir durer toujours

Quand Ouuuiii ii i iii i i i i

Quand on n’a plus
qu’une envie

Quand il fait si bon
si doux
si tout

Quand cet élan
qui nous prend
c’est le pur Amour

[…]

(François Matton)

 

Recueil: 220 satoris mortels
Traduction:
Editions: P.O.L.

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Les murs peints (Agnès Varda)

Posted by arbrealettres sur 23 juin 2017



Illustration: ArbreaPhotos
    
Les murs peints

En Californie on peut venir voir des amis
et fumer des herbes très raffinées.
À Los Angeles on peut venir voir des anges
marcher sur les eaux du Pacifique
en fait ce sont des blonds sur des planches.
On peut visiter les studios majeurs d’Hollywood
et voir pour de vrai les stars de cinéma.
Moi, à Los Angeles j’ai surtout vu des murs.
Tout d’abord des graffitis,
beaux comme des peintures,
signés par des dizaines d’anonymes
sur des murs longs comme des serpents mythiques.
C’était le début d’une découverte pleine de plaisirs
et de surprises,
celle des murs peints.
On dit murals en américain,
je les ai appelés murals
Mural comme mur vivant,
mur vital, mur moral,
Mural comme mur parlant, mur murmurant.
Mural comme… un mur râle l’autre pas
mais …
mais mural comme non commercial :
ces murs-là n’ont rien à vendre.
Un billboard, grand panneau de réclame,
c’est bien placé, c’est efficace,
c’est souriant, c’est maquillé.
Un mural non.
Et c’est évident dès qu’on arrive.
D’aéropistes en autoroute,
on repère quelques fois un mural
grâce à un embouteillage.
C’est une image souvent mal placée, pas maquillée,
pas souriante.
C’est en pleine rue, en gros plan,
un visage au regard insistant.
Comment les nommer,
ces habitants des murs de Los Angeles ?
Les losangelots ?
Les losangeliques ?
ou alors
les losanges laids
ou les os en gelée
les losangelois ?
ou encore, les anglilosains comme on dirait à
Pont-à-Mousson.
En tout cas de visage en palmier
et de palmier en mural,
j’ai roulé 60 kilomètres de l’Est
où est Losangelest
à l’océan où est Losangelouest.

(Agnès Varda)

 
« Quelques » photos de Los Angeles et sa grande banlieue et aussi San Francisco où nous avons vu quelques beaux murs

RANDONNEES AUTRES ET VOYAGES

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