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Poésie

Posts Tagged ‘résultat’

Pensant à la définition de la réalité (Kenneth White)

Posted by arbrealettres sur 20 juin 2024



    
Pensant
à la définition de la réalité
offerte par Khalil:
A+A-A-A+A-A+A…
voilà peut-être à quoi j’ai travaillé
ces neuf dernières années le résultat étant:


— une sensation plaisante
de néant-potentiel
un espace où respirer
le beau sein du vide.

(Kenneth White)

Recueil: Un monde ouvert Anthologie personnelle
Editions: Gallimard

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Je creuse un trou (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 13 avril 2024




    
Je creuse un trou
pour chercher une parole enfouie. Si je la trouve

la parole comblera le trou. Si je ne la trouve pas,
le trou restera pour toujours ouvert dans ma voix.

La recherche de l’enfouir
suppose qu’on adopte les vides sans résultat.

(Roberto Juarroz)

Recueil: Poésie verticale
Traduction: de l’espagnol par Roger Munier
Editions: Gallimard

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J’ai entendu s’éjouir (Gaucelm Faidit)

Posted by arbrealettres sur 21 septembre 2023




    
J’ai entendu s’éjouir
Par amour, dans son langage
Le rossignolet sauvage.
Il me fait mourir d’envie,
Car celle que j’aime
Ne veut aujourd’hui
Ni m’écouter ni me voir.
Le doux chant que font l’oiseau et sa mie
Conforte un peu mon courage.
Je console donc
Mon coeur en chantant.
Je n’aurais pas cru pouvoir !

Mais rien de ce que je vois
Ne saurait me réjouir.
Je reconnais ma folie,
Il est juste que je souffre,
Juste et mérité.
J’ai laissé mon coeur
S’enivrer de rêves fous.
Résultat : angoisse
Tristesse et dommage
Il faut que je me l’avoue,
J’ai perdu l’année,
Elle fut sans plaisir,
Rien n’y vint à mon désir.

Bien que j’aie fort à me plaindre
Je m’incline et je supplie
Celle qui a seigneurie
Sur mon âme et ma personne.
Elle ne put rien dire
Quand je dus partir.
Je l’entendis soupirer,
La main sur les yeux :
« Que Dieu vous protège ».
Et quand en moi je revois
Son air amoureux,
Je me dis, en larmes :
Sans elle plutôt mourir.

La dame qui tient mon coeur
Je la prie je la supplie
De ne point m’être cruelle
de ne point croire les fourbes,
De ne point penser
Que j’en aime une autre.
De bonne foi je soupire,
Sans mentir je l’aime,
Mon coeur est vrai coeur.
Je n’ai rien des faux amants
Dont les tromperies
Ont fait que l’Amour
Ne récolte que mépris.

Chanson sois ma messagère,
Sans plus tarder cours et parle
À celle qui me plaît tant,
Hôtesse de toute joie.
D’un mot dis-lui comme
Je meurs de désir,
Et si elle veut m’accueillir
Rappelle à son coeur,
Sans perdre un instant,
Mon souci et mon désir,
Mon amour si grand
Que l’envie me tue
De la voir et l’embrasser.
Ma Dame Marie,
Tel est votre Prix
Que tous estiment plaisants
Mes dits et mes chants
Et l’éloge grand
Que je fais en vous chantant.

(Gaucelm Faidit)

Recueil: Poésie des troubadours
Traduction: Texte français de René Nelli, René Lavaud et Henri Gougaud
Editions: Points

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Le Réveil (Paul Valéry)

Posted by arbrealettres sur 2 février 2019


 


 

Sergio Lopez Gray-Pearl-2010-Sergio-Lopez

Il n’est pas de phénomène plus excitant pour moi que le réveil.
S’éveiller, c’est — Re-trouver, reprendre pied, revenir.
Retrouver / se re-connaître / Ce re est capital.
Il ne faut pas dire — Je m’éveille, mais — il y a éveil — car le Je
est le résultat [de l’éveil], la fin.

(Paul Valéry)

Illustration: Sergio Lopez

 

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Additionner (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 26 juin 2018




    
Additionner est affaire de soustractions.
Le plus démentit le moins,
mais aussi le plus.

Une arithmétique flottante
retient en gage tous les résultats.

C’est ainsi que deux mains parfois
sont une seule main
qui n’en serre aucune.

Additionner est un raccourci
vers la soustraction cachée à l’affût.

(Roberto Juarroz)

 

Recueil: Poésie verticale 15
Traduction: Jacques Ancet
Editions: José Corti

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Poème-processus (Fernando Aguiar)

Posted by arbrealettres sur 13 juin 2018



Poème-processus

J’écris les vers sur la feuille
mais n’aime pas.
Je froisse
et mets de côté.

J’essaie une autre version
qui ne me convient pas plus.
Je froisse
et mets de côté.

J’insiste, sans réussir
l’effet voulu.
Je froisse
et mets de côté.

Je rabâche à nouveau
sans résultat.
Je froisse
et mets de côté.

Le poème s’obstine
à ne pas être. Découragé,
je froisse
et mets de côté.

PLUS DE FEUILLES POUR ÉCRIRE.
MAIS LE POÈME ÉTAIT PRÊT.
TERMINÉ.
MÊME LÀ DE CÔTÉ.

(Fernando Aguiar)

 

Titre: L’inventaire des choses
Traduction: Henri Deluy
Editions: Action Poétique

 

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LES YEUX (Tennessee Williams)

Posted by arbrealettres sur 3 juin 2017



Illustration: David Sarenco  
    

LES YEUX

Les yeux sont les derniers à s’en aller.
Ils restent longtemps après que le visage a disparu hélas
dans les chairs dont il est fait.
La langue dit au revoir quand les yeux s’attardent en silence,
car ils sont les derniers chercheurs à renoncer à leur quête,
ceux qui restent là où les noyés sont rejetés sur le rivage,
après le départ des lanternes, sans un au-revoir…

Les yeux n’ont foi dans ce langage trop accessible.
Pour eux pas d’occasion assez simple pour qu’un mot la justifie.
L’existence dans le temps, pas seulement la leur, mais ancestrale,
enferme tous les instants entre quatre murs de miroirs.

Fermés, ils attendent. Ouverts, ils attendent aussi.
Ils sont connus,
mais ils ont oublié le nom de qui les connaît
La jeunesse est leur oiseau inquiet, et des ombres plus claires
que la lumière
les traversent de temps à autre

Car les eaux ne sont pas plus changeantes sous les cieux
ni les pierres sous les rapides.

Les yeux peuvent être fixes avec ce regard athénien
qui répond avec calme à la terreur, ou rapides
étant tout entiers sous le charme. Presque toujours
les yeux s’accrochent à une image
de quelqu’un parti récemment ou il y a longtemps
ou seulement espéré…

Les yeux ne sont pas chanceux.
Ils semblent désespérément enclins à s’attarder.

Ils font des additions qui ne donnent aucun résultat.
Il est très difficile de dire si leur ombre est pire que leur lumière,
leurs découvertes meilleures ou pires que de ne pas savoir.

Mais ils sont les derniers à s’en aller
et leur départ survient toujours quand ils sont levés.

***

THE EYES

The eyes are last to go out.
They remain long after the face has disappeared regretfully
into the tissue that it is made of
The tongue says good by when the eyes have a lingering silence,
for they are the searchers last to abandon the search,
the ones that remain where the drowned have been washed ashore,
after the lanterns staying not saying good-by…

The eyes have no faith in that too accessible language,
For them no occasion is simple enough for a word to justify it.
Existence in time, not only their own but ancestral,
encloses all moments in four walls of mirrors.

Closed, they are waiting. Open, they’re also waiting.
They are acquainted,
but they have forgotten the name of their acquaintance.

Youth is their uneasy bird, and shadows clearer
than light
pass through them at times,
for waters are not more changeable under skies
nor stones under rapids.

The eyes may be steady with that Athenian look
that answers terror with stillness, or they may be quick
with a purely infatuate being. Almost always
the eyes hold onto an image
of someone recently departed or gone a long time ago
or only expected…

The eyes are not lucky.
They seem to be hopelessly inclined to linger.

They make additions that come to no final sum.
It is really hard to say if their dark is worse than their light,
their discoveries better or worse than not knowing,

but they are last to go out,
and their going out is always when they are lifted.

(Tennessee Williams)

 

Recueil: Dans l’hiver des villes
Traduction: Jacques Demarcq
Editions: Seghers

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Le tigre (Laurent Albarracin)

Posted by arbrealettres sur 20 Mai 2017



 

Illustration

    
Le tigre entier est l’effort
et le résultat du tigre
Il est en lui
la masse de son bond

(Laurent Albarracin)

 

Recueil: Le Secret secret
Editions: Flammarion

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Si ça est un que serait deux ? (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 8 février 2017



Si ça est un
que serait deux ?
Ce n’est pas seulement un plus un.

Parfois c’est deux
sans cesser d’être un.

Comme parfois un
ne cesse pas non plus d’être deux.

Les comptes de la réalité ne sont pas clairs
du moins ce qui ne l’est pas,
c’est notre lecture de ses résultats.

Ainsi nous échappe
ce qu’il y a entre un et un,
comme nous échappe ce qu’il y a
simplement à l’intérieur de un,

et nous échappe
ce qu’il y a dans moins un,
ou nous échappe le zéro
qui entoure et accompagne toujours
un et deux.

La rose, est-elle une ?
L’amour, est-il deux ?
Le poème, n’est-il ni l’un ni l’autre ?

(Roberto Juarroz)

Découvert ici: https://ecriturbulente.com/

 

 

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Le résultat (Guillevic)

Posted by arbrealettres sur 17 novembre 2016



Un clocher qui traverse
Une épaisseur de siècles

Et qui regarde

Le résultat
Des additions.

(Guillevic)

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