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Poésie

Posts Tagged ‘moite’

Vaste prison muette (Attila Jozsef)

Posted by arbrealettres sur 9 mars 2018



Silence au guet – une heure tinte.
Rentre à tes débuts, rentre aux gris
murs moites en ciment qui suintent,
et t’imagine libre, ami,
me dis-je. Et me dressant debout,
je vis qu’au ciel, dessus ma tête,
le Grand Chariot brillait, verrou
d’une vaste prison muette.

(Attila Jozsef)


Illustration

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Que j’aime au fond des bois… (Marie Dauguet)

Posted by arbrealettres sur 15 novembre 2017




    
Que j’aime au fond des bois…

Que j’aime au fond des bois la plainte souterraine,
Fuyant sous le gravier, d’une source captive!
L’anneau de fer verdit au pavé qui le rive
Parmi l’amas des glands, des cornes et des faînes.

Partout la mousse étend autour de la fontaine
Son velours moite; à peine, amoureuse et pensive,
Murmure obscurément, à travers la bourdaine
Et le houx, l’eau suintant aux glèbes de la rive.

Mon coeur est cette source en pleurs au fond des bois,
Qu’entoure le silence et voile le mystère,
Que nul rayon ne frôle, où nul oiseau ne boit;

Mais vers la sombre dalle approche et penche-toi,
Ecoute pour toi seul du flot crépusculaire
La chanson s’égrener comme un divin rosaire!

(Marie Dauguet)

 

 

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Permets-moi de ne pas t’aimer (Ossip Mandelstam)

Posted by arbrealettres sur 5 Mai 2017



L’air grisâtre est bruissant et moite;
On se sent bien et à l’abri dans la forêt.
Docile je vais porter une fois encore
La croix légère des promenades solitaires.

Et de nouveau, vers l’indifférente patrie,
Le reproche, comme l’oiseau, monte en spirale.
Je participe à la vie ténébreuse,
Je suis innocent de ma solitude.

Un coup de feu. Sur le lac assoupi
Les ailes des canards pèsent lourd à présent.
Les troncs des sapins sont hypnotisés
Par le reflet d’une double existence.

Ciel vitreux à l’étrange miroitement,
De l’univers la brumeuse douleur —
Ô permets-moi d’être pareillement brumeux,
Permets-moi de ne pas t’aimer.

(Ossip Mandelstam)

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La belle (Luc Bérimont)

Posted by arbrealettres sur 7 février 2017



La belle

Belle fille mordant la pluie
Dans les salines de l’ennui
Belle fille dorant la nuit
Dans la plume chaude, à minuit

Belle, je dis belle à ta bouche
Ouverte sur la poix du sang
Belle, je dis belle à ta jambe
A ta main piégeuse, à ta langue

Belle, je dis belle à l’eau pure
Qui t’éclaire de sa blessure
Je dis belle à ta voix d’amour
Qui gonfle et gorge les colombes

Je dis la marée belle au monde
La câline levant les ongles
Je dis belle à la forêt moite
A la source où le soleil boite

Belle, je dis belle à toi
Et seule belle entre mes bras.

(Luc Bérimont)

 

 

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Sur le Balcon (Verlaine)

Posted by arbrealettres sur 26 janvier 2017



Toutes deux regardaient s’enfuir les hirondelles :
L’une pâle aux cheveux de jais, et l’autre blonde
Et rose, et leurs peignoirs légers de vieille blonde
Vaguement serpentaient, nuages, autour d’elles.

Et toutes deux, avec des langueurs d’asphodèles,
Tandis qu’au ciel montait la lune molle et ronde,
Savouraient à longs traits l’émotion profonde
Du soir et le bonheur triste des cœurs fidèles.

Telles, leurs bras pressant, moites, leurs tailles souples,
Couple étrange qui prend pitié des autres couples,
Telles, sur le balcon, rêvaient les jeunes femmes.

Derrière elles, au fond du retrait riche et sombre,
Emphatique comme un trône de mélodrame
Et plein d’odeurs, le Lit, défait, s’ouvrait dans l’ombre.

(Verlaine)

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PIETA (André Spire)

Posted by arbrealettres sur 10 novembre 2016




PIETA

« J’ai crié, j’ai souri,
Et j’ai tendu les bras.

« J’ai chanté, j’ai rêvé,
En regardant ses yeux.

« J’ai peigné ses cheveux,
Et j’ai coupé ses ongles.

« Et j’ai lavé son corps,
Et j’ai cousu ses langes.

« Son front chaud, son front moite,
J’ai essuyé son front.

« J’ai mesuré sa fièvre,
J’ai humecté ses lèvres.

J’ai suivi le cortège.
« Et j’ai veillé, je veille,

Le menton aux genoux,
Les paupières brûlantes;

« Les yeux secs, les yeux fixes,
Pleins de la chose froide,
Des petits os gisants qui sont sortis de moi. »

(André Spire)

Illustration

 

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Je ne vois presque rien (André du Bouchet)

Posted by arbrealettres sur 26 septembre 2016



Angela Brookes 00 [1280x768]

Je ne vois presque rien

Le papier que je coupe
est moite
la montagne est presque cachée par son surplis blanc

les mots se calment
et retrouvent
leur assiette

l’air plus chaud que la peau

je sors enfin

ce n’est pas moi qui taille ces rues

tout existe si fort
et loin
que je peux lâcher ma main

dehors

je ne vois presque rien.

(André du Bouchet)

Illustration: Angela Brookes

 

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Ô SOMMEIL… (Giovanni Della Casa)

Posted by arbrealettres sur 4 juin 2016



Ô SOMMEIL…

Ô sommeil, ô toi de la douce, moite, ombreuse
Nuit calme fils ; ô toi qui, aux mortels dolents
Donnes le réconfort, l’oubli douillet de maints
Cruels tourments qui font leur vie âpre et morose;

Secours enfin ce coeur languissant, qui ne trouve
Point de repos, et soulage un corps harassé
Et frêle; vole vers moi, ô sommeil, et viens
Entendre et replier sur moi tes ailes sombres.

Où donc est le silence, que l’éclat du jour
Fait fuir? Où, les songes furtifs, mal assurés,
Dont l’empreinte sans cesse accompagne ta marche?

Las, je t’implore en vain, c’est en vain que je flatte
Ces ombres noires et glacées. Que cette couche
Est rude ! Ô nuits, qu’amèrement vous me poignez !

***

O SONNO…

O sonno, o de la queta, umida, ombrosa
Nolte placido figlio; o de’ mortali
Egri conforto, oblio dolce de’ mali
Si gravi ond’è la vita aspra e noiosa;

Soccorri al core omai, che langue e posa
Non ave, e queste membra stanche e frali
Solleva : a me ten vola, o sonno, e l’ali
Tue brune sovra me distendi e posa.

Ov’è’l silenzio che’l di fugge e’l lume?
E i lievi sogni, che con non secure
Vestigia di seguirti han per costume?

Lasso, che’nvan te chiamo, e queste oscure
E gelide ombre invan lusingo. O piume
D’asprezza colme! o notti acerbe e dure!

(Giovanni Della Casa)

Illustration: John Henry Fuseli

 

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Malamour (André Frénaud)

Posted by arbrealettres sur 6 janvier 2016


Sans nom maintenant, sans visage,
sans plus rien de tes yeux ni de ta pâleur.

Dénoué de l’assaut de mon désir
dans ton égarante image,
dénué par les faux aveux du temps,
par les fausses pièces de l’amour racheté,
par tous ces gains perdu,
libéré de toi maintenant,
libre comme un mort,
vivant de seule vie moite,
enjoué avec les pierres et les feuillages.

Quand je glisse entre les seins des douces mal aimées
je gis encore sur ton absence,
sur la vivante morte que tu fais
par ton pouvoir ordonné à me perdre
jusqu’au bout de mon silence.

(André Frénaud)

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