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Poésie

Posts Tagged ‘aérien’

La créature impavide qui m’épie (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 2 avril 2024




    
La créature impavide qui m’épie
soulève parfois un léger rideau sombre
qui tremble comme s’il était un coeur.
Autour de lui nous tournons l’un et l’autre,
autour de cette contexture tiède
de fumée presque sans rêve.
Mais il arrive que le rideau vibratile
tourne autour de nous
et lève à son tour l’extrême
de cet obscur regard qui nous unit ou sépare,
cette peau aérienne qui devrait être chair
et non pas être dans l’air,
ce voile suspect d’attentes.
Épiant et épié, nous sentons alors
qu’on nous épie l’un et l’autre,
jusqu’à ce que nous soyons définitivement unis
ou définitivement séparés.

(Roberto Juarroz)

Recueil: Poésie verticale
Traduction: de l’espagnol par Roger Munier
Editions: Gallimard

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Tu es trop triste mon amour (Frankétienne)

Posted by arbrealettres sur 20 février 2024



Illustration: Frankétienne
    
Tu es trop triste
mon amour
Ne plie pas mes genoux.
Redresse
le serpent vertébral
pour la danse verticale
d’une si reine
aérienne.

(Frankétienne)

Recueil: Anthologie secrète
Editions: Mémoire d’encrier

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Nuit étoilée (Robert Mallet)

Posted by arbrealettres sur 28 janvier 2024



Illustration: Vincent Van Gogh
    
Nuit étoilée, floraison sans fin d’un arbre sans nom.

On ne voit
ni le tronc
ni les branches
ni les feuilles
ni l’humus aérien
où s’ancrent les racines

On ne voit
que les fleurs lumineuses
jamais on ne verra
les fruits

Ô belles nuits, si belles
qui ne vous fanez pas
stériles
d’être éternelles

(Robert Mallet)

 

Recueil: Cette plume qui tournoie
Editions: Gallimard

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Mon âme se réveille (Christian Bobin)

Posted by arbrealettres sur 12 novembre 2023



Illustration
    
Mon âme se réveille au bruit d’une goutte de lumière
tombant sur une dalle du onzième siècle.

Les troupes de l’infini se sont repliées
dans le très-peu, l’aérien et le méprisé.

Une violette dans un sous-bois.
L’éclat de son silence.

On reconnaît l’amour à ce qui le menace
et tout le menace.

(Christian Bobin)

Recueil: La nuit du coeur
Editions: Gallimard

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Vers cet espace calme (Cécile Sauvage)

Posted by arbrealettres sur 27 août 2023



Illustration
    
Vers cet espace calme où tourne l’hirondelle
Et qui ne connaît pas le cri des chairs mortelles,
Portez-moi, longs soupirs des oiseaux et des branches,
Que je coule dans l’air avec le vent muet.

Leur essor me soulève en sa fuite endormie
Au-dessus du bonheur, ô ruisseau d’harmonie…

Ô sonore ruisseau, musique aérienne
Où l’âme se balance en son éternité,
Calme enveloppement de lumière lointaine
Aux pâleurs de l’été.

*

Je ne suis qu’un soupir émané de la terre.

(Cécile Sauvage)

Recueil: Oeuvres complètes
Editions: La Table Ronde

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Femme et chatte (Paul Verlaine)

Posted by arbrealettres sur 20 Mai 2023



Illustration: Pierre-Auguste Renoir
    
Femme et chatte

Elle jouait avec sa chatte,
Et c’était merveille de voir
La main blanche et la blanche patte
S’ébattre dans l’ombre du soir.

Elle cachait – la scélérate ! –
Sous ces mitaines de fil noir
Ses meurtriers ongles d’agate,
Coupants et clairs comme un rasoir.

L’autre aussi faisait la sucrée
Et rentrait sa griffe acérée,
Mais le diable n’y perdait rien…
Et dans le boudoir où, sonore,
Tintait son rire aérien,
Brillaient quatre points de phosphore.

(Paul Verlaine)

Recueil: Poésies Verlaine
Editions: Hachette

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Pour moi c’était la plus grande liberté (Alberto Giacometti)

Posted by arbrealettres sur 25 avril 2023



Illustration: Joan Miró
    
Pour moi c’était la plus grande liberté.
Quelque chose de plus aérien, de plus dégagé, de plus léger
que tout ce que j’avais jamais vu.

En un sens, c’était absolument parfait.
Miro ne pouvait pas poser un point sans le faire tomber juste.
Il était si véritablement peintre
qu’il lui suffisait de laisser trois taches de couleurs sur la toile
pour qu’elle existe et soit un tableau.

(Alberto Giacometti)

Recueil: Miró oeuvre

Editions: Maeght

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Je me contente (Pier Paolo Pasolini)

Posted by arbrealettres sur 12 novembre 2022




Je me contente

Dans le noir nu du Samedi
Je me contente de regarder les gens
qui rient dans l’air.

Mon coeur même est aérien
et dans mes yeux les gens rient
et dans mes boucles resplendit la lumière du Samedi.

Jeune, je me contente du Samedi,
pauvre je me contente des gens,
vivant, je me contente de l’air.

Je suis habitué au mal du Samedi.

(Pier Paolo Pasolini)

Illustration: Micheline Pruneau

 

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Non plus de quelque architecture aérienne et trop pure (Paul Nougé)

Posted by arbrealettres sur 26 septembre 2022



Gao Xingjian

Non plus de quelque architecture aérienne et trop pure,
quelque complexe et subtil jeu de lignes à travers quoi pour l’éternité joue le vide.
Il s’agit de descendre. Plus bas. Encore plus bas.
Nous sommes au niveau de la terre noire,
au niveau des odeurs humides, de la fraîcheur obscure,
au niveau de la naissance des pensées verdoyantes.
Nous sommes chez nous.

(Paul Nougé)

Illustration: Gao Xingjian

 

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Le Bonheur (Dominique Cagnard)

Posted by arbrealettres sur 9 novembre 2021



Illustration: Albert Lamorisse
    
Le Bonheur

Tous les hommes étaient devenus des saints,
Tous les saints des oiseaux,
Tous les oiseaux des enfants,
Personne n’y comprenait plus rien,
C’était presque comme au tout premier jour
De la création du monde.
Plus personne n’avait peur des sauterelles,
Chacun avait son vélo, son ballon rouge.
Il y avait partout des bus aériens,
Les mouches ne tournaient plus autour des vaches.
C’était presque le bonheur.

(Dominique Cagnard)

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