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Poésie

Posts Tagged ‘agate’

Agates (Georges Perec)

Posted by arbrealettres sur 1 novembre 2018




    
Je me souviens des billes en terre qui se cassaient en deux dès que le choc était un peu fort,
et des agates, et des gros calots de verre dans lesquels il y avait parfois des bulles.

(Georges Perec)

 

Recueil: Je me souviens
Traduction:
Editions: Hachette

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AGATE (Jacques Lacarrière)

Posted by arbrealettres sur 8 septembre 2018



AGATE

Sur les yeux clos des ères, les cernes de la terre.
Remords du feu. Pleurs et fleurs des silices aux
calices des laves. Méandres de la mémoire éteinte
des volcans. Ocelles. Ocelles irisés. Du temps
qui nous regarde.

(Jacques Lacarrière)


Illustration

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Sonnet (Théophile Gautier)

Posted by arbrealettres sur 26 avril 2018



Illustration: Goyo Hashiguchi
    
Sonnet

Pour veiner de son front la pâleur délicate,
Le Japon a donné son plus limpide azur ;
La blanche porcelaine est d’un blanc bien moins pur
Que son col transparent et ses tempes d’agate ;

Dans sa prunelle humide un doux rayon éclate ;
Le chant du rossignol près de sa voix est dur,
Et, quand elle se lève à notre ciel obscur,
On dirait de la lune en sa robe d’ouate ;

Ses yeux d’argent bruni roulent moelleusement ;
Le caprice a taillé son petit nez charmant ;
Sa bouche a des rougeurs de pêche et de framboise ;

Ses mouvements sont pleins d’une grâce chinoise,
Et près d’elle on respire autour de sa beauté
Quelque chose de doux comme l’odeur du thé.

(Théophile Gautier)

 

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L’art (Théophile Gautier)

Posted by arbrealettres sur 7 avril 2018



Illustration: Juliette Choukroun
    
L’art

Oui, l’oeuvre sort plus belle
D’une forme au travail
Rebelle,
Vers, marbre, onyx, émail.

Point de contraintes fausses !
Mais que pour marcher droit
Tu chausses,
Muse, un cothurne étroit.

Fi du rhythme commode,
Comme un soulier trop grand,
Du mode
Que tout pied quitte et prend !

Statuaire, repousse
L’argile que pétrit
Le pouce
Quand flotte ailleurs l’esprit :

Lutte avec le carrare,
Avec le paros dur
Et rare,
Gardiens du contour pur ;

Emprunte à Syracuse
Son bronze où fermement
S’accuse
Le trait fier et charmant ;

D’une main délicate
Poursuis dans un filon
D’agate
Le profil d’Apollon.

Peintre, fuis l’aquarelle,
Et fixe la couleur
Trop frêle
Au four de l’émailleur.

Fais les sirènes bleues,
Tordant de cent façons
Leurs queues,
Les monstres des blasons ;

Dans son nimbe trilobe
La Vierge et son Jésus,
Le globe
Avec la croix dessus.

Tout passe. – L’art robuste
Seul a l’éternité.
Le buste
Survit à la cité.

Et la médaille austère
Que trouve un laboureur
Sous terre
Révèle un empereur.

Les dieux eux-mêmes meurent,
Mais les vers souverains
Demeurent
Plus forts que les airains.

Sculpte, lime, cisèle ;
Que ton rêve flottant
Se scelle
Dans le bloc résistant !

(Théophile Gautier)

 

Recueil: Émaux et Camées
Traduction:
Editions: Gallimard

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MATRICE ET RÊVE (Paul Auster)

Posted by arbrealettres sur 30 janvier 2018



 

MATRICE ET RÊVE

Choses imperceptibles, taillées
chaque nuit :
souffle, traversée
souterraine de l’hiver : mots-puits
tombant dans la lumière minée
de ruisselet-berceuse
et gouffre.

Tu passes.
Entre peur et mémoire,
l’agate
de ton pas devient
pourpre
dans la poussière de l’enfance.

Soif : et coma : et feuille —
des bribes
de ce qu’on ne sait plus : le message non signé
enfoui dans mon corps.

Le linge blanc
étendu sur la corde. L’armoise
écrasée
dans le champ.

L’odeur de menthe
venant des ruines.

(Paul Auster)

Illustration: Andrej Gorenkov

 

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Retouche au gel (Daniel Boulanger)

Posted by arbrealettres sur 1 décembre 2017



Illustration
    
retouche au gel

Moi,
trait d’union dans la suite des mots
il me semble parfois entendre
le son de la phrase-unique

et mon coeur en un bond passe les siècles
aussi dur qu’une agate
où s’est pris un rêve

(Daniel Boulanger)

 

Recueil: Les dessous du ciel
Editions: Gallimard

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La mort (Philippe Granier)

Posted by arbrealettres sur 18 septembre 2017


>André Mantegna - Le Christ Mort, 1480-1490 La mort
absurde
(la mort)
comme un gel
comme une agate
éclatée
dans tes yeux la mort
changée en larme de sel
une vie s’est arrêtée
net
et au travers
je t’aime
plus de mots à trouver
que les sanglots
la nuit glacée
le silence
de nos bras
nos coeurs gros
la présence
ouvert et sans arme
je reste là
contre toi
comme un gaz
comme une braise
comme étonné dans l’air
les mots ne boivent pas les larmes

(Philippe Granier)

Illustration: Andrea Mantegna

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La fulgurante nuit (François Cheng)

Posted by arbrealettres sur 23 juillet 2017


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Nus nous sommes
Pourtant par nous
passent les métamorphoses
Gemmes de grenade
Rubis de paon
Agates et améthystes
de dix mille aurores…
Car nous étions seuls
à avoir dévisage
La fulgurante nuit

A l’instant où la lumière fut

(François Cheng)

Illustration

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Quelle est la couleur du joyau ? (Hilda Doolittle)

Posted by arbrealettres sur 20 juillet 2017



agate

Hommage aux anges
[13]

« Quelle est la couleur du joyau ? »
blanc-vert, opalescent,

avec sous-couche de bleu changeant,
avec veine rose ; une agate blanche

avec un pouls incalmé qui bat encore,
vague bleu-violet ;

il vit, respire,
il répand — fragrance ?

j’ignore ce qu’il dégage,
une vibration que nous ne pouvons nommer

car elle n’a pas de nom ;
mon patron a dit : « nomme-la » ;

j’ai dit, je ne peux pas la nommer,
il n’y a pas de nom ;

il a dit:
« invente-le ».

[14]

Je ne peux pas l’inventer,
j’ai dit que c’était agate,

j’ai dit qu’il vivait, qu’il donnait —
fragrance — j’étais assez proche

pour expliquer cette qualité
pour laquelle il n’est pas de nom ;

je ne veux pas le nommer,
je veux regarder sa vague

pulsation, battement de coeur
quand il frémit, je ne veux pas

en parler,
je veux minimiser la pensée,

me concentrer sur lui
jusqu’à rétrécir,

dématérialiser
et être entraînée en lui.

***

« What is the jewel colour? »
green-white, opalescent,

with under-layer of changing blue,
with rose-vein; a white agate

with a pulse uncooled that beats yet,
faint blue-violet;

it lives, it breathes,
it gives off—fragrance?

I do not know what it gives,
a vibration that we can not name

for there is no name for it;
my patron said, « name it »;

I said, I can not name it,
there is no name;

he said,
« invent it ».

I can not invent it,
I said it was agate,

I said, it lived, it gave
fragrance—was near enough

to explain that quality
for which there is no name;

I do not want to name it,
I want to watch its faint

heart-beat, pulse-beat
as it quivers, I do not want

to talk about it,
I want to minimize thought,

concentrate on it
till I shrink,

dematerialize
and am drawn into it.

(Hilda Doolittle)

 

 

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Nus nous sommes (François Cheng)

Posted by arbrealettres sur 26 juin 2017




    
Nus nous sommes
Pourtant par nous
passent les métamorphoses
Gemmes de grenade
Rubis de paon
Agates et améthystes
de dix mille aurores…
Car nous étions seuls
à avoir dévisagé
La fulgurante nuit

À l’instant où la lumière fut

(François Cheng)

 

Recueil: A l’orient de tout
Editions: Gallimard

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