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Poésie

Posts Tagged ‘découvert’

L’occulte est né de la paresse (Antonin Artaud)

Posted by arbrealettres sur 29 juin 2018




    
Je ne crois pas qu’il y ait un monde occulte ou quelque chose de caché au monde,
je ne crois pas qu’il y ait sous le réel apparent
des étages enfouis ou refoulés de notions, de perceptions, de réalités, ou de vérités.

Je crois que tout l’essentiel surtout fut toujours à découvert et en surface
et que ça a coulé à pic et au fond
parce que les hommes n’ont pas su et pas voulu le maintenir.
C’est tout.

L’occulte est né de la paresse,
mais n’en est pas devenu occulte,
c’est à dire irrévélable, pour cela.

(Antonin Artaud)

 

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Peut-être n’y a-t-il rien, à part le silence, le repos (Léon Tolstoï)

Posted by arbrealettres sur 24 Mai 2018



«Qu’est-ce ? je tombe ? mes jambes flageolent », se dit-il, et s’écroula sur le dos.
Il rouvrit les yeux, espérant voir l’issue de la lutte engagée entre le Français et les artilleurs,
avide de savoir si oui ou non l’artilleur roux était tué et la batterie conquise.
Mais il ne vit plus rien.

Il n’y avait au dessus de lui que le ciel, un ciel voilé mais très haut, immensément haut,
où flottaient doucement des nuages gris.
« Quel calme, quelle paix, quelle majesté ! songeait-il.
Quelle différence entre notre course folle, parmi les cris et la bataille,
quelle différence entre la rage stupide des deux hommes qui se disputaient le refouloir
– et la marche lente de ces nuages dans le ciel profond, infini !
Comment ne l’ai-je pas remarqué jusqu’alors ?
Et que je suis heureux de l’avoir découvert enfin !

Oui, tout est vanité, tout est mensonge en dehors de ce ciel sans limites.
Il n’y a rien, absolument rien d’autre que cela…
Peut-être même est-ce un leurre,
peut-être n’y a-t-il rien ,
à part le silence,
le repos.
Et Dieu en soit loué !…

(Léon Tolstoï)

 

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Maintenir le vide (Didier Cahen)

Posted by arbrealettres sur 25 mars 2018



Illustration: Gilbert Garcin
    
Maintenir le vide,
réserver l’emplacement vide
pour qu’en avant de soi
quelque chose revienne à découvert

(Didier Cahen)

 

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Jusqu’où faudra-t-il se dénuder ? (Séverine Daucourt-Fridriksson)

Posted by arbrealettres sur 27 février 2018



 

Illustration: Danny Quirk
    
jusqu’où faudra-t-il se dénuder ? dire que j’ai été si heureuse d’être découverte

.

(Séverine Daucourt-Fridriksson)

 

Recueil: Salerni
Traduction:
Editions: La lettre volée

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DIRE OUI A LA VIE (Maurice Zundel)

Posted by arbrealettres sur 25 décembre 2017




    
DIRE OUI A LA VIE

Il faut garder la jeunesse de notre corps dans la mesure du possible,
la Jeunesse de notre mémoire et de notre. intelligence.
Et toujours garder la jeunesse de notre coeur.
Et la garder, ce sera cela:
être simplement tourné sans cesse vers cet Orient
où luit le visage de l’éternelle jeunesse.
II faut que nous soyons toujours disponibles
A toutes les idées,
A toutes les découvertes,
A toutes les rencontres,
A tous les renouvellements,
que nous changions de clavier à cinquante, à soixante ans…
Il faut que nous soyons entièrement disponibles
au point de vue de toutes les opinions
en gardant simplement la continuité de direction vers la lumière vivante,
vers la lumière toujours jeune et toujours belle
qui vient à nous avec un Visage de candeur…
Cette éternelle jeunesse, c’est celle qui est ici définie:

la seule jeunesse impérissable est celle du OUI.
Il faut entrer à nouveau chaque matin dans le monde
par le consentement à la vie…
Dire oui à la vie telle qu’elle est,
dire oui aux autres tels qu’ils sont,
oui à la création tout entière,
c’est entrer chaque matin de nouveau dans le monde,
c’est renaître, c’est communier au oui créateur,
c’est être jeune enfin de la jeunesse éternelle de Dieu.

(Maurice Zundel)

 

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Boire très calme (Alain Borne)

Posted by arbrealettres sur 21 décembre 2017



Illustration
    
Boire très calme
la foudre inattendue;
la tige découverte après l’étang de pierre,
et revenir encore à l’incendie parfait,
rêveur sous la paille,
et vénérer la paille où l’incendie se fait,
tenter contre la mort ce simple appareillage
où ne pendent aux mâts que des voiles de flammes

Quelqu’un au bord du vertige,
une doublure agile,
un miroir de blessures.

(Alain Borne)

 

Recueil: Oeuvres poétiques complètes
Traduction:
Editions: Curandera

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Sur les fleuves (Lucien Becker)

Posted by arbrealettres sur 2 octobre 2017




    
Sur les fleuves que le soir fait déborder,
dans les champs qui deviennent au loin un horizon,
au-dessus des arbres soudain changés en ciel,
j’ai vu la joie paraître à visage découvert.
Elle avait souffert des siècles durant
de devoir vivre entre le regard des hommes,
à la merci d’une larme qui coule au moment
où l’espace s’élève de tout son monument de lumière,
à la merci des pays inconnus
qui s’étendent d’une tempe à l’autre,
à la merci des déserts que la mort élargit
entre des êtres qui se comptent à l’heure des repas.
Mais je ne l’ai vu que le temps de la reconnaître.
Elle s’en est allée d’un seul coup
comme une branche chargée de fruits
qui échappe des mains de qui veut la retenir.

(Lucien Becker)

 

Recueil: Rien que l’amour
Editions: La Table Ronde

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Le vent prend feu (Lucien Becker)

Posted by arbrealettres sur 16 août 2017



Illustration: Maria Amaral
    
Le vent prend feu dans les lumières
qui font de la nuit une haute racine vivante.
Les objets tendent leur cou sans tête,
tendent leurs mains sans doigts.

Tant de bras se tordent sur les murs
que la chambre bascule et va se renverser.
Toi que j’aime, je te vois, fermée par ta bouche
et découverte peu à peu par ta propre lueur.

Ton corps est pareil à une eau
où le soleil entre de toute sa nudité.
Il y a dans ton regard de l’obscurité
qui brûle du feu sourd des vitres incendiées.

Quand tout s’éteint le monde est si vaste
que je me demande si tu existes encore,
si tu es bien contre moi de toute ta chair
qui a repris sa forme dure de plante.

La nuit devient si dense autour de nous
que, même serrés l’un contre l’autre,
nous sentons que cette nuit nous sépare
de tout ce qui n’est peut-être que notre peau.

(Lucien Becker)

 

Recueil: Rien que l’amour
Editions: La Table Ronde

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Tentation (Yvonne Le Meur-Rollet)

Posted by arbrealettres sur 25 juin 2017



 

Zabh (21)

Tentation

Très souvent,
J’ai eu
Envie de m’en aller,
Envie de te quitter.
Je ne supportais plus d’attendre
Qu’enfin tu rentres,
Qu’enfin tu changes,
Qu’enfin tu penses un peu à moi
Et que tu sois moins infidèle,
Que tu devines le danger
Auquel je m’étais exposée
Depuis que j’avais découvert
D’autres regards
Aussi luisants que la cascade au déversoir,
Une autre bouche au goût de saule,
Un autre cou pour y plonger
Et d’autres paumes
Venues puiser
Au creux bleuté de mon désir.

Je suis toujours restée,
Barque trop sûre
Pour chavirer
Aux crues des rêves dévalés…
Tu n’as même pas soupçonné
Que le danger
Était passé tout près
Et qu’aujourd’hui encore,
J’ai parfois comme un regret
D’y avoir échappé.

(Yvonne Le Meur-Rollet)

Illustration: Zabh

 

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RECHERCHE D’UNE DÉFINlTION (Paul Auster)

Posted by arbrealettres sur 27 Mai 2017



 

Bradley Walker Tomlin number-14-1949

RECHERCHE D’UNE DÉFINlTION
(en regardant un tableau de Bradley Walker Tomlin)

Toujours la plus petite action

possible
en ce temps d’actions

plus vastes que la vie, un geste
vers l’objet qui passe

presque inaperçu. Un petit vent

agitant un feu de joie, par exemple,
que j’ai découvert l’autre jour
par hasard

sur le mur d’un musée. Presque rien
ne s’y trouve : quelques touches
de blanc

jetées négligemment sur le noir pur
du fond, rien de plus

qu’un petit geste
essayant de n’être rien

de plus que lui-même. Et pourtant
il n’est pas ici
et à mes yeux la question
ne sera jamais
d’essayer de simplifier
le monde, mais une manière de chercher un lieu
par où pénétrer le monde, une manière d’être
présent
au milieu des choses
qui nous ignorent — mais dont nous avons besoin
tout autant que nous avons besoin
de nous-mêmes. Un instant à peine auparavant
la belle

femme
qui était auprès de moi
avait dit combien elle désirait
un enfant
et qu’il était grand temps de
la féconder. Nous sommes convenus
d’écrire chacun un poème
qui utilise les mots «un petit
vent
agitant un feu de joie». Depuis ce temps-là
rien

n’a plus de sens que la petite
action
présente dans ces mots, l’action
d’essayer de prononcer

des mots

qui ne veulent presque rien dire. Jusqu’au bout
je veux être égal

à tout ce que
mon oeil m’apportera, comme si
je pouvais finalement me voir moi-même

disparaître
dans les choses presque
invisibles

qui nous entraînent nous-mêmes et tous
les enfants à naître

dans le monde.

(Paul Auster)

Illustration: Bradley Walker Tomlin… peut-être ce tableau dont parle Paul ?

 

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