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SONNET DE L’ASCENSEUR ÉTERNEL (André Berry)

Posted by arbrealettres sur 15 janvier 2024



    

SONNET DE L’ASCENSEUR ÉTERNEL

Attendu pour dîner dans un mauvais ménage
Et respirant déjà l’adultère douceur,
Je m’étais rencogné pour vertical voyage
Dans le mince cachot d’un grinçant ascenseur.

Passé le sept centième et le millième étage,
S’élevait, s’élevait le bachot sans passeur;
Et je luttais debout dans le droit sarcophage,
Me pinçant pour sortir du cauchemar farceur.

« Il croit encor qu’il rêve et bien en vain s’étire,
Dit alors une Voix, précédant un grand rire
Qui fit sonner d’échos la plus haute des tours.

« Le pauvre ne sait point que c’est son purgatoire,
Et que pour son rachat, dans la Colonne Noire,
Il doit ainsi monter toujours, toujours, toujours.

(André Berry)

 

Recueil: Poèmes involontaires suivi du Petit Ecclésiaste
Traduction:
Editions: René Julliard

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La beauté (Radu Bata)

Posted by arbrealettres sur 14 avril 2021




    
La beauté

la beauté c’est marcher
sur le fil du soir
comme une lumière
sur une balançoire

courir les oiseaux
dans l’air doux de l’été
non pas pour les chasser
mais pour les chanter

ressusciter les fées
embrasser les chimères
dans les bras de Morphée
faire jouir l’éphémère

traverser les nuits
avec les hirondelles
jouer à la marelle
dans un champ d’étincelles

effacer en douceur
les peines de la mémoire
afin qu’elle trouve la paix
dans un miroir

jubiler comme un ange
avant le purgatoire
croiser fort les phalanges
dans le noir

(Radu Bata)

Découvert ici: https://schabrieres.wordpress.com/

Recueil: Le blues roumain
Traduction:
Editions: Unicité

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Purgatoire (Ingerborg Bachmann)

Posted by arbrealettres sur 16 novembre 2019



Illustration: Adolfo Busi
    
Purgatoire

La plénitude ne nous épuise donc pas ?
Dans mes mains lasses j’amasse,
j’aime, offre et accomplis
mais le jour persiste et la clarté aussi.

Je bois et vide tous les puits ;
le temps s’enfonce au plus profond des mers,
l’espace rencontre ma pesanteur
et me presse au soir de rentrer.

Comme une flèche je monte et descends les escaliers ;
il pleut des heures dans le silence,
rompant toutes les vannes, la plénitude s’élance,
je cours jusqu’à mourir éreintée.

Mais de nouveau il fait jour et la clarté persiste
– j’ai beau me tourner et me défendre, en vain –
de moi sans fin poussent des mains,
je dors et ne meurs pas.

***

Fegefeuer

Erschöpft uns denn die Fülle nicht?
Ich häufe in die müden
ich liebe, schenke und vollende,
doch es bleibt Tag und es bleibt licht.

Ich trinke aile Brunnen aus;
die Zeit rückt tiefer in die Meere,
der Raum begegnet meiner Schwere
und drängt mich in das Abendhaus.

Ich flieg’ die Treppen auf und ab;
es regnet Stunden in die Stille,
aus allen Schleusen bricht die Fülle,
bis ich mich totgelaufen hab’.
Doch wieder tagt es und bleibt licht,
-— wie ich mich wehre und mich wende –
mir wachsen unaufhörlich Hände,
ich schlafe und ich sterbe nicht.

(Ingerborg Bachmann)

 

Recueil: Toute personne qui tombe a des ailes
Traduction: Françoise Rétif
Editions: Gallimard

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La mer (Alessandro Baricco)

Posted by arbrealettres sur 23 août 2018



La mer

La mer ensorcelle, la mer tue, émeut, terrifie,
fait rire aussi parfois, disparaît, par moments,
se déguise en lac ou alors bâtit des tempêtes,
dévore des bateaux, elle offre des richesses,

elle ne donne pas de réponses,
elle est sage, elle est douce,
elle est puissante,
elle est imprévisible.

Mais surtout,
la mer appelle.
… Elle ne fait que ça, au fond :
appeler.

Jamais elle ne s’arrête,
elle pénètre en toi,
elle te reste collée après,
c’est toi qu’elle veut.

Tu peux faire comme si de rien n’était,
c’est inutile.
Elle continuera à t’appeler.

Cette mer que tu vois
et toutes les autres que tu ne verras pas
mais qui seront là,
toujours, aux aguets,
patientes,
à deux pas de ta vie.

Tu les entendras appeler,
infatigablement.

Voilà ce qui arrive dans ce purgatoire de sable.
Et qui arriverait dans n’importe quel paradis,
et dans n’importe quel enfer.

Sans rien expliquer, sans te dire où,
il y aura toujours une mer qui sera là
et qui t’appellera.

(Alessandro Baricco)

Découvert chez Lara ici

Illustration: William Bouguereau

 

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3 POÈMES DU PURGATOIRE (Heather Dohollau)

Posted by arbrealettres sur 10 octobre 2016



3 POÈMES DU PURGATOIRE

Déboucher de la nuit
Sur la lumière fraîche
De la plage le matin
Être lavé parmi les roseaux
Des traces de larmes
Et lentement hors de la douleur
Le jour renaît de lui-même

Ce n’est plus fuite mais chemin
Aime ce que tu aimes
Est la loi qui révéle
La distance vraie
Entre regard et mémoire

L’ascension commence
Quand les yeux peuvent voir
A quelle hauteur l’absence
Ne cache plus la présence

(Heather Dohollau)

 
Illustration: ArbreaPhotos

 

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PURGATOIRE (Joyce Mansour)

Posted by arbrealettres sur 4 février 2016



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PURGATOIRE

Morts – prêtres – nudités – autels
Peintures – cercueils – racines,
Pensées mangées par les vers
Des vers nourris de péchés avortés.
Des fleurs mourantes sur des morts déjà morts
Font ce monde plein de cris étouffés.
Il fait noir – touffu dans le tombeau
Le murs bougent sans rythme;
Les pensées sont des cris monotones
Des hurlements plus forts prennent l’air
Et volent autour de nos têtes sans cheveux
C’est long.

(Joyce Mansour)

Illustration

 

 

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