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Posts Tagged ‘gobelet’

SUR UN AIR LENT (Li Qing Zhào)

Posted by arbrealettres sur 21 janvier 2023



Illustration: Dai Dunbang
    
SUR UN AIR LENT

Quêter, quérir, fouiller, fureter,
Froidure vide, froid dur limpide,
Morne monotonie, amère mélancolie, lamentable ennui…
Douceur subite, retour du froid,
Cette saison où je souffre le plus de respirer ;
Avec trois gobelets et deux coupes de vin clair,
Comment y résister, quand le soir vient, quand le vent s’énerve ?
Voici les oies sauvages parties,
Le plus cruel à mon coeur,
Pourtant nous étions bien complices aux temps passés.

Partout au sol les chrysanthèmes s’amoncellent,
Défraîchis et déchus
à présent, qui viendrait prendre la peine de les ramasser ?
Veillant près de la fenêtre,
Solitaire, par moi-même comment parviendrai-je à rejoindre l’obscurité ?
Au sterculier vient s’adjoindre la bruine,
Qui jusqu’au crépuscule dégoutte et dégouline ;
Et toute cette composition,
Comment le seul mot de « souci » pourrait-il en donner le sens ?

***

(Li Qing Zhào) (1084 — après 1149)

Recueil: Quand mon âme vagabonde en ces anciens royaumes Poèmes Song illustrés par Dai Dunbang
Traduction: du Chinois par Bertrand Goujard
Editions: De la Cerise

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ILS SE CROISENT, LES TRAINS (Aksinia Mihaylova)

Posted by arbrealettres sur 24 décembre 2020




    

ILS SE CROISENT, LES TRAINS
à mon frère Mikhaïl

Tout est comme avant
peu après la moitié de la vie.
Nous achetons trois sortes de pommes
au marché de la gare,
un kilo de maïs pour les semis de papa
et trois racines de pétunias pour maman.
Ce quart d’heure contient les quelques samedis
que nous avons partagés
sur des quais différents.

Alors que nous touillons le silence
au fond du café dans des gobelets en plastique
les fleurs de pétunias grandissent
aussi hautes que le clocher du village
et retentissent d’un son long et lent
deux fois pour maman, trois fois pour papa
le maïs pousse long et dru jusqu’au ciel
là, où une barque essaie de rompre
la chaîne des nuages.

Dans l’étreinte d’adieu
dans le bleu de tes yeux qui fane
je ne décrypte
plus rien
sauf notre sang
qui est tout comme avant.

[…]

(Aksinia Mihaylova)

 

Recueil: Le baiser du temps
Traduction:
Editions: Gallimard

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SEUL DEVANT LA COUPE SOUS LA LUNE ESTIVALE (Yang Wanli)

Posted by arbrealettres sur 18 juin 2019



SEUL DEVANT LA COUPE SOUS LA LUNE ESTIVALE

Qui dit que cet été est caniculaire ?
Cette nuit me paraît exceptionnellement fraîche
Sous le vent venu des bambous je me croirais déjà au neuvième mois
Au clair de lune le ruisseau est aussi éclatant qu’en plein jour
Le ciel est parcimonieux de nous accorder un tel temps
Seul je m’offre un gobelet de vin
Demain matin le soleil dardera son feu sur mon ombrelle
Il est toujours préférable de le prévoir

(Yang Wanli)

 

 

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VIDONS NOS VERRES (Wei Zhuang)

Posted by arbrealettres sur 18 Mai 2018



trinquer

VIDONS NOS VERRES

Buvons ce soir tout notre soûl
Oublions demain devant la coupe
J’apprécie votre accueil si hospitalier
le gobelet rempli de votre amitié

Attention à ce que la nuit printanière soit courte
Les verres ne sont jamais trop pleins
Trinquons une fois encore
A notre vie qui passe comme l’éclair

(Wei Zhuang)

 

 

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Ecoute (Katell Antoine)

Posted by arbrealettres sur 10 Mai 2018



écoute:
c’est le vent de
la mer
dans un gobelet
d’argent

(Katell Antoine)

Illustration: Robert Doisneau

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Jette les dés (Robert Sabatier)

Posted by arbrealettres sur 4 janvier 2018



    

Jette les dés

Jette les dés. Qu’importe ce qu’ils disent.
Chaque point noir est un grain de beauté
et s’il te vient le souci de victoire,
pense qu’un geste est plus beau qu’un présent.

Le tapis vert, le gobelet de cuir
et la musique et l’orage du ciel.
Ô ce destin d’attendre quelques chiffres
et de compter ce qui ne compte pas !

Jette les dés comme on jette sa vie
dans le temps noir pour offrir un éclair
et reprends-les bien vite pour le jeu
car immobile il te faudrait mourir.

(Robert Sabatier)

 

Recueil: Oeuvres poétiques complètes
Traduction:
Editions: Albin Michel

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Comment ? (Avrom Sutzkever)

Posted by arbrealettres sur 10 mars 2017



Comment ?

Comment allez-vous donc remplir vos gobelets
le jour de la libération ? Et avec quoi ?
Êtes-vous prêts, tout à votre joie, à supporter
Le hurlement sombre, que vous avez entendu
c’étaient les squelettes des paillettes des jours
Dans un puits sans fond ?

Vous chercherez une clé pour ouvrir
Vos serrures bloquées. Vous mordrez
Les trottoirs, comme du pain,
Réfléchissez : il y a meilleur usage.
Et le temps vous rongera comme un grillon
Pris dans un poing.

Alors, votre mémoire sera comme
Une ancienne ville enterrée
Et vos yeux brouillés se terreront
Comme une taupe, une taupe…

(Avrom Sutzkever)

 

 

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Vraiment, vous perdez le sens ! (Jean Tardieu)

Posted by arbrealettres sur 21 octobre 2016



choix

Vraiment, vous perdez le sens !

Préférer ? Préférer ? Bon Dieu ! Pré-fé-rer ?
Qu’est-ce ce que ça veut dire ? Un pré, un
fer, une fée ? Et finir par un ré ?

Plus je répète ces syllabes, plus je
m’étonne et m’enchante, me déconcerte et
m’égare. Tantôt le mot est vide de tout
sens, tantôt il s’ouvre à tous vents.

Tantôt transparent et désert, tantôt
plein et opaque, une bulle ou une autre, tantôt
un sac magique, un chapeau d’où l’on
peut faire surgir toutes sortes de choses :
un ballon un œuf une colombe un gobelet.

Quoi ! Irais-je préférer un ballon
à un œuf, une colombe, un gobelet ?
Qui vous l’a dit ? cela n’a aucun sens.
Donc je ne préfère rien.
Je m’arrête de préférer.
J’aime mieux ne rien préférer.

(Jean Tardieu)

 

 

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