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Poésie

Posts Tagged ‘comptoir’

American Express (Edith Bruck)

Posted by arbrealettres sur 29 septembre 2023



Edith Bruck    
    
American Express

Quel beau visage
m’a dit la fille aux beaux yeux
derrière son comptoir
je lui ai souri heureuse
comme une mariée amoureuse
je voulais justement entendre quelque chose de ce genre
pour aller mieux
parfois il suffit de si peu
de presque rien
à peine d’un geste
d’un regard ;
comme quand dans les camps
on nous concédait une pomme de terre
un navet
un gant troué.
En de tels moments la vie est belle
et comme les hommes sont bons.

(Edith Bruck)

Recueil: La voix de la Vie
Traduction: René de Ceccatty
Editions: Payot & Rivages

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Exil (Grégory Rateau)

Posted by arbrealettres sur 18 février 2023




    
Exil

Je ne suis plus d’ici
Lieu de transit
Comptoir d’un hôtel
Baie vitrée panoramique
Les silhouettes tournent
Et me reviennent
La ville les appelle
Vivre vite
Ne plus chercher un visage en particulier
J’ai échoué en suivant des ombres
Dans les impasses de l’amitié
Alors je me glisse dans la première valise venue
Retiens mon souffle
Bringuebalé aux douanes du hasard
En passe-muraille de mon époque
Je rentre peut-être chez moi

(Grégory Rateau)

Recueil: Imprécations nocturnes
Traduction:
Editions: Conspiration

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Communication (François de Cornière)

Posted by arbrealettres sur 3 septembre 2022


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La queue au bureau de poste
odeur de travail
comme l’odeur de l’école
qui collait aux affaires
qui revient de très loin

derrière le comptoir
regards baissés
gestes lents

une femme dans une cabine
crie
que ce n’est pas grave

nous
attendant notre tour
et sachant bien
qu’elle ment

(François de Cornière)

 

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L’HUMEUR DU POEME (Jacques Taurand)

Posted by arbrealettres sur 31 août 2022



L’HUMEUR DU POEME

On communie
au café du matin
La ville est sur ses jambes
Le temps monte dans mes veines

Au comptoir
l’humanité s’échange
un rêve de pastis
côtoie celui d’un petit blanc

C’est comme hier cet aujourd’hui
et son odeur de croissant
Paris court à ses rendez-vous
Le regard du ciel est dans les yeux des gens

Le macadam règle ses pas
sur ceux du cœur
La Seine accroche aux berges
son mouvant taffetas de souvenirs
Et moi je vais tranquille
suivant l’humeur de mon poème.

(Jacques Taurand)

Découvert ici: http://laboucheaoreilles.wordpress.com/

Illustration: Robert Doisneau

 

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UNE VILLE (Robert Desnos)

Posted by arbrealettres sur 26 juin 2021



Illustration: Gottfried Salzmann
    
UNE VILLE

Dans la ville où l’on pend le diable par les cornes
Dans la ville ouverte et fermée
Dans la ville où l’on tient comptoir pour tous les désirs

Dans la ville sans feu ni lieu
Dans la ville sans foi ni loi
Dans la ville sans fieux

Dans la ville où l’on s’amuse
Dans la ville où l’on pleure à froides larmes
Dans la ville d’onze heures
Je ne sais pas très bien ce qui se passe
Car je n’y suis pas encore allé.

(Robert Desnos)

 

Recueil: Les poètes et la ville
Traduction:
Editions: Le cherche midi

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Terre plaine (Pascal Commère)

Posted by arbrealettres sur 17 juillet 2020



 

Salvador Dali __ - Verre de vin et bateau 1956

Terre plaine, quelque part : villages,
dans les verres pernod épais, le soir
épaules porte ouverte des hommes dos tourné
ne savent pas, leurs yeux : les posent
n’importe où — comptoirs éteints. Et
les grandes serrures, la mer
n’entre pas. Les îles seules

(Pascal Commère)

Illustration: Salvador Dali

 

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LE JOUEUR DE TROMPETTE (52è rue) (Langston Hughes)

Posted by arbrealettres sur 4 juin 2020



 

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LE JOUEUR DE TROMPETTE (52è rue)

Le Noir
Avec la trompette à ses lèvres,
Porte sous les yeux sa lassitude
En sombres croissants de lune
Là où couve la braise mémorable
Des vaisseaux négriers
Que rallume le claquement des fouets
Autour des cuisses.

Le Noir
Avec la trompette à ses lèvres,
Sa tête frémissante de cheveux
Maintenant matés
Et lisses comme cuir qu’on a tant verni
Qu’ils brillent
Comme jais…
Si le jais pouvait lui faire une couronne.

La musique
De la trompette à ses lèvres
Est miel
Coulé dans le feu.
Le rythme
De la trompette à ses lèvres
Est extase
Exhalé d’antique désir…

Désir
Qui aspire à la lune
Quand sa lumière n’est qu’un projecteur
Au fond de ses yeux,
Désir
Qui aspire à la mer
Quand la mer n’est qu’un verre au comptoir
A la taille du nigaud.

Le Noir
La trompette à ses lèvres,
Dans son veston
Parfaitement boutonné
Ne sait pas
Sur quel motif la musique enfonce
Son aiguille hypodermique
Et le pénètre jusqu’à l’âme…

Mais doucement
Quand le chant monte de sa gorge,
Sa douleur mûrit
Et se change en note d’or.

***

Trumpet Player

The Negro
With the trumpet at his lips
Has dark moons of weariness
Beneath his eyes
where the smoldering memory
of slave ships
Blazed to the crack of whips
about thighs

The negro
with the trumpet at his lips
has a head of vibrant hair
tamed down,
patent-leathered now
until it gleams
like jet-
were jet a crown

the music
from the trumpet at his lips
is honey
mixed with liquid fire
the rhythm
from the trumpet at his lips
is ecstasy
distilled from old desire-

Desire
that is longing for the moon
where the moonlight’s but a spotlight
in his eyes,
desire
that is longing for the sea
where the sea’s a bar-glass
sucker size

The Negro
with the trumpet at his lips
whose jacket
Has a fine one-button roll,
does not know
upon what riff the music slips

It’s hypodermic needle
to his soul
but softly
as the tune comes from his throat
trouble
mellows to a golden note

(Langston Hughes)

 

 

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Nous, les marchands (Géo Libbrecht)

Posted by arbrealettres sur 31 août 2019



 

Nous, les marchands, derrière les saisons,
nous avions établi nos comptoirs dans le vent,
entre nos coeurs et bételgeuse
où, sans balance, nous pesions
la poussière d’or des comètes.
Nous vendions cif ou fob,
pris à quai, sans surestarie ;
nos navires étaient de verre
avec pour marins, nos fantômes,
et par les fentes de la nuit,
nous franchissions les routes navigables.
Nous avions ancré des îles de sable
où poser maisons et clochers,
de l’écume sur le rivage,
et jalonner ainsi nos chemins parcourus ;
mais à chacun de nos retours,
rien n’était plus.

(Géo Libbrecht)

Illustration: Vladimir Kush

 

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LE BOUT DU ROULEAU (Henri Thomas)

Posted by arbrealettres sur 30 mars 2019



Illustration: Ludovic Florent
    
LE BOUT DU ROULEAU

Le poète muet, défait,
s’appuie au comptoir du café.

Ses poèmes sont loin de lui,
c’était hier qu’ils ont fleuri

quand la lumière environnait
d’un duvet d’or le moindre objet

maintenant nu dans la poussière
près des crachats, fils de misère.

(Henri Thomas)

 

Recueil: Trézeaux
Traduction:
Editions: Gallimard

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De la science des miroirs (Petr Král)

Posted by arbrealettres sur 29 juin 2018




    
De la science des miroirs:
Par habitude, je prends le cadran derrière le comptoir
pour son reflet dans une glace,
lisant « midi moins cinq » comme « midi cinq ».
Mais c’est moi seul qui observe le décor de l’autre côté.

(Petr Král)

 

Recueil: Cahiers de Paris
Traduction:
Editions: Flammarion

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