Arbrealettres

Poésie

Posts Tagged ‘appareiller’

Vive voix (René Guy Cadou)

Posted by arbrealettres sur 25 décembre 2022




Illustration: Christophe Leparoux
    
Vive voix

Pleine terre à craquer
Maison de serre chaude
O visage à deux mains
Nacelle de l’oubli
Les copeaux du couchant volent sous l’établi

Tu veilles
Ton enfant se lisse dans ses ailes
Lentement tu descends les marches
Les prunelles
Une rose épargnée envahit la fenêtre

Déjà
Et dans le sang
Ta femme va paraître

Alors le vent soulève une larme
Un rideau
Le plafond s’enhardit jusqu’au bord du tréteau
Et la scène écartée du ciel et de la rampe
Appareille à jamais vers la plus haute lampe.

(René Guy Cadou)

 

Recueil: René Guy Cadou Poésie la vie entière oeuvres poétiques complètes
Traduction:
Editions: Seghers

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Sur la grève (Jean-Baptiste Besnard)

Posted by arbrealettres sur 4 septembre 2020



Sur la grève

Tout au bord de la grève
Bientôt le soleil lève
L’ancre de son escale
Vers l’horizon d’opale

Pour un autre univers
Aux grands espaces verts
Lentement appareille
Sa lumière vermeille.

(Jean-Baptiste Besnard)

 

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Je te réveillais (Louis Calaferte)

Posted by arbrealettres sur 14 avril 2020



Erica Hopper d9e [1280x768]

Je te réveillais

Nos matins mouillés
tièdes oreillers
cheveux embrouillés
tes épaules blanches

Le jour à pas de loup glissait comme une écharpe
par les rideaux entrebâillés

Je te réveillais
recroquevillée
les yeux gribouillés
un sein qui se penche

Serpentins à mon cou les soyeuses écharpes
de tes bras appareillaient

Où sont nos anges et leurs harpes

(Louis Calaferte)

Illustration: Erica Hopper

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Pavillon noir (Armand Lanoux)

Posted by arbrealettres sur 26 août 2018



Pavillon noir

Quand les filles de proue des caravelles
chantèrent à poitrine nue
l’amour sur la mer
les vaisseaux de ces reines
frémirent des cales aux hunes
comme de grands violoncelles
couchés sous la lune
et l’archet des vents
dans les cordages
prolongeait le chant
qui regrettait les rivages.

C’était un rude capitaine
le Roi l’avait remarqué
un jour que Jean s’en était allé
avec son vaisseau Fleur de Misaine
son équipage et ses gabiers
et qu’il avait souri à la reine
en jetant à ses pieds
les épices
de l’amour sans espoir
sous le pavillon noir.
C’est toujours l’amour qui appareille.
Lover signifie parfois bien-aimé.

Le vent chantait
Misaine Misaine
le vent qui vient de Vire
pare à vire
pare à virer
l’amour chavire
pare à aimer.

Et jouant dans les ramures du navire
pour les matelots qui ont la vague à
l’âme
le vent nonchalant
s’amusait
à ses essais sur la gamme.

La mort est mon second
ensemble nous voguons.
Quand les filles de proue des caravelles
devinrent de bois chantant
sur la mer la mer des sirènes
les sirènes se turent de honte
et noyèrent dans l’onde
les feux de leurs écailles.

Sur le pont Jean de la Manche dort.
Il rêve de la reine infidèle
qui oublia qu’elle fut sa belle
un instant.
II rêve de grille d’or
pour mettre la dame en cage
car l’amour est un sauvage
rouge et tatoué et menaçant.

La mort est mon second
ensemble nous voguons.
C’était un rude capitaine
qui commandait la Fleur de Misaine
capitaine que la Reine
a trop regardé
pour sa santé.
La Reine est morte depuis dix ans.
Le Roi ombrageux l’a étouffée
comme un canard au sang.
Misaine cherche dans le vent
Misaine cherche dans les cris

de la mouette et de la poulie
Misaine cherche jusque dans la haine
le souvenir de la voix
de l’infidèle au marin de l’infidèle au Roi
quand elle disait je t’aime
et qu’il était son amant.

Quand les filles de proue des caravelles
chantèrent la peine des forçats
la peine sur la mer
l’eau du monde ne fut plus qu’une voix
et les galériens crièrent au Roi :
Beau Sire du grand collège
tu as fait de nous les Juifs errants
de l’Océan
Hollandais volants
condamnés à ramer dix mille ans
mais nous avons le cœur content.
La mer chante dans le vent
du soleil levant!

La mort est mon second
ensemble nous voguons.

Quand les corsaires goddons
prirent Jean de Misaine
pour le pendre
Jean de Misaine chantait
Jean de Misaine chantait
devant la cravate de chanvre:
Mon amour revient dans le vent
mon amour mon beau revenant.
J’ai tué le Roi la Reine est morte
bourreau blond
tu m’ouvres la porte
du grand élan.

En manière d’ancre les marins de la
Misaine
portent une lyre de laine
sur leur maillot rayé.
Une rose à la main
le plus jeune mousse la tient
à peine effeuillée
c’est la rose des vents.

(Armand Lanoux)

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 1 Comment »

La brume (Jean-Baptiste Besnard)

Posted by arbrealettres sur 16 août 2018



La brume s’effiloche
J’écoute à ma croisée
Le tintement des cloches
D’argent de la rosée

La maison appareille
Pour un nouvel endroit
Elle reste pareille
Avec le même toit

Les oiseaux volent vers
L’horizon migrateur
Ils seront bleus ou verts
Sous les nuages pleureurs

Le jour s’est promené
Sur les toits vagabonds
Et il a ramené
Des soleils moribonds

(Jean-Baptiste Besnard)


Illustration

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , | 4 Comments »

Fugue (Olivier Larronde)

Posted by arbrealettres sur 25 octobre 2017



Fugue

Retirez-vous mon cœur d’un si grave appareil.

D’après, d’avant, les coups ont entre eux l’étincelle.
Constant, le choc muet de la mort vous cisèle,
Cœur vanté… brûle… saoule un atroce organiste.

Va belle main écrite où l’idée s’organise
Déchire l’encre en moi quand le reste appareille.

(Olivier Larronde)

Illustration: Salvador Dali

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

L’inerte chanson (Marie Dauguet)

Posted by arbrealettres sur 15 octobre 2017




    
L’inerte chanson

Combien de baisers en suspens
Au bord des lèvres affamées
Et parmi les palais absents
De princesses inanimées
Dormant à jamais embrumées
Sous l’or de leurs cheveux dolents.

Combien à l’ancre au fond du port,
Et malgré les voiles vermeilles,
Souplement arquant leur essor,
De bateaux captifs qui sommeillent
Et qui jamais n’appareillent
Que vers ce havre noir, la Mort.

Combien de lys n’ont point éclos
Dont l’aube dédaigna l’offrande;
Et, sur des îles de coraux
Où leurs bras vainement se tendent,
Combien d’exilés qui t’attendent,
O Mort, sous tes verts oripeaux!

(Marie Dauguet)

 

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

LA SAGESSE M’A ROMPU LES BRAS (Anne Hébert)

Posted by arbrealettres sur 25 juin 2017



ae194d657912
LA SAGESSE M’A ROMPU LES BRAS

La sagesse m’a rompu les bras, brisé les os
C’était une très vieille femme envieuse
Pleine d’onction, de fiel et d’eau verte

Elle m’a jeté ses douceurs à la face
Désirant effacer mes traits comme une image mouillée
Lissant ma colère comme une chevelure noyée

Et moi j’ai crié sous l’insulte fade
Et j’ai réclamé le fer et le feu de mon héritage.

Voulant y laisser pousser son âme bénie comme une vigne
Elle avait taillé sa place entre mes côtes.
Longtemps son parfum m’empoisonna des pieds à la tête

Mais l’orage mûrissait sous mes aisselles,
Musc et feuilles brûlées,
J’ai arraché la sagesse de ma poitrine,
Je l’ai mangée par les racines,
Trouvée amère et crachée comme un noyau pourri

J’ai rappelé l’ami le plus cruel,
la ville l’ayant chassé,les mains pleines de pierres.
Je me suis mise avec lui pour mourir sur des grèves mûres

Ô mon amour, fourbis l’éclair de ton coeur,
nous nous battrons jusqu’à l’aube
La violence nous dresse en de très hautes futaies
Nos richesses sont profondes et noires pareilles
au contenu des mines que l’éclair foudroie.

En route, voici le jour, fièvre en plein coeur scellée
Des chants de coq trouent la nuit comme des lueurs
Le soleil appareille à peine, déjà sûr de son plein midi,
Tout feu, toutes flèches, tout désir au plus vif de la lumière,
Envers, endroit, amour et haine, toute la vie en un seul honneur.

Des chemins durs s’ouvrent à perte de vue sans ombrage
Et la ville blanche derrière nous lave son seuil où coucha la nuit.

(Anne Hébert)

Illustration: Fidel Garcia

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 4 Comments »

Mille grillons dans chaque oreille! (Robert Ganzo)

Posted by arbrealettres sur 11 Mai 2017



Mille grillons dans chaque oreille!
Mais au fond de cette rumeur
Un mot languissant appareille
Doux comme un enfant qui se meurt.

(Robert Ganzo)


Illustration: Michel Ogier

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , | 2 Comments »

Un amour ancien (Georges Bonnet)

Posted by arbrealettres sur 18 février 2017



Un amour ancien
de traces légères

L’oubli
qui a du mal à mourir

Un espoir naissant
pour appareiller

(Georges Bonnet)

 

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , | Leave a Comment »