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Posts Tagged ‘motte’

LA MOTTE DE TERRE ET LE CAILLOU (William Blake)

Posted by arbrealettres sur 11 mars 2024



Illustration: William Blake
    
LA MOTTE DE TERRE ET LE CAILLOU

Amour ne cherche qu’à se satisfaire,
Et de lui-même n’a cure,
Mais pour autrui il donne son plaisir
Et bâtit un ciel au plus profond de l’enfer. »

Ainsi chantait une petite motte de terre
Écrasée sous les pas du troupeau.
Mais un caillou du ruisseau
Murmura ces vers bien plus justes :

« Amour, ne cherche qu’à se satisfaire,
A asservir autrui à son plaisir.
Il prend son plaisir aux dépens d’autrui
Et bâtit un enfer au plus profond du ciel. »

Car où brille le soleil
Et là où tombe la pluie
Le petit bébé n’y connaît pas la faim
Et la misère n’épouvante pas l’âme.

***

THE CLOD AND THE PEBBLE

Love seeketh not itself to please,
Nor for itself hath any care,
But for another gives its ease,
And builds a heaven in hell’s despair.

So sung a little clod of clay,
Trodden with the cattle’s feet,
But a pebble of the brook
Warbled out these metres meet:

‘Love seeketh only Self to please,
To bind another to its delight,
Joys in another’s loss of ease,
And builds a hell in heaven’s despite.

(William Blake)

Recueil: Chants d’Innocence et d’Expérience
Traduction: traduction de l’anglais par Marie-Louise et Philippe Soupault
Editions: Les belles lettres

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Ceci (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 20 décembre 2023




    
Ceci

« Ceci était mon fils ma fille
mon père ma mère

Cette chose mon aimé
mon aïeul mon enfant ! »

La femme vêtue de noir
agglutinée aux mouches
tournoie dans une houle d’amour
et d’aversion

Tournoie et se déchire
autour d’un tas de chair
qui suinte sous le jour

Ceci fut un vivant

Cette chose fut une personne

Ce sang dilapidé sur le bitume
s’ordonnait, hier encore, dans un réseau de veines
retissait, hier encore, la loi de l’existence

Ce coeur-sentinelle
s’est raidi sous le plomb

Ce sac-à-vermine
abritait des entrailles
où s’ouvrait le plaisir
où germinait la vie

Un rictus a drainé toute la pulpe de ces lèvres
Ces orbites-à-fourmis logeaient oeil et regards

Ceci fut un vivant

Cette chose fut une personne

L’esprit travaillait cette motte d’indifférence

La parole soulevait cette forme interrompue

La femme vêtue de noir
tremble sous la tourmente
hurle dans le chaos

s’agglutine aimantée

à ce profil d’écorce
à cette main qui stagne
à ce marécage d’humeurs
à ce baluchon putride

à ce « Toi que j’appelle
et qui ne seras plus ! »

(Andrée Chedid)

Recueil: Andrée Chedid Poèmes
Editions: Flammarion

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Chantiers de la poésie (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 1 décembre 2023



Chantiers de la poésie

Nous remontons les rigoles du temps
Pour capter l’insigne reflet

Nous explorons chaque motte
Chaque caverne
Pour dépister l’empreinte

Nous mordons les fruits
Jusqu’au noyau
Nous soutirons de chaque pousse
Le grain nu

Nous sondons le vide et l’onde
En quête du sens perdu

De ces replis et sédiments
Nous dérobons quelques lueurs
D’une clarté qui se dérobe
Et transmettons quelques vocables
A vivre
Et à mourir.

(Andrée Chedid)

 

 

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Douleur naissante des choses que j’ignore (Salvatore Quasimodo)

Posted by arbrealettres sur 22 août 2023



Illustration: Laurent Fièvre
    
Douleur naissante des choses que j’ignore :
non seulement mourir une fois
mais tout le temps sentir peser sur le cœur
avec l’herbe une motte de terre.

***

Dolore di cose che ignoro
mi nasce : non basta una morte
se ecco piu volte mi pesa
con l’erba, sul cuore una zolla.

(Salvatore Quasimodo)

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Quand elle s’envole (Pascal Commère)

Posted by arbrealettres sur 28 juin 2022



Illustration
    
Quand elle s’envole

Mésange sur un piquet dans le jardin…
A tes yeux je vois que tu ne le vois pas,
fixant le bout de mon doigt ou, là-bas, beaucoup trop loin
les maisons derrière le tas de cendres.
C’est quand elle s’envole (vers quelle motte, quel relief?)
que ton regard s’allume – Tu l’as vue.

Quand elle s’envole, quand elle n’est plus visible.

(Pascal Commère)

Recueil: Plumes de poèmes
Traduction:
Editions: Rue du Monde

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TAUREAU (Herri Gwilherm Kèrourédan)

Posted by arbrealettres sur 21 juillet 2021



TAUREAU

Ai-je vu les constellations surgir
des mottes des sables ou des chaleurs
lorsque mon sang vide roule dans mes membres

Ai-je chaque fois parlé du grand soleil
au limon que je creuse obstinément
il s’effrite dans l’ennui de mes pas

Sur ces plages sans regard
j’aime saisir la mort blanche

(Herri Gwilherm Kèrourédan)

 

 

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SOUS LE SABLE (Tristan Klingsor)

Posted by arbrealettres sur 1 juin 2020



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SOUS LE SABLE

Ah! ne posez pas trop pesamment sur le sable
De cette route neuve ou de ce vieux sentier
Dans les feuilles perdu la rose de vos pieds,
O jeunes filles du palais ou de l’étable.

En ce matin où le bouton de l’églantier
En vos beaux doigts fleurit exquis et périssable,
Que votre pas glisse comme un pas de pavane
Et soyez très légères où que vous passiez.

Car il n’est pas d’endroit où sous un peu de terre
Ne repose un amoureux aux deux bras ballants,
Un amoureux d’hier à jamais solitaire;

Car sous tous ces rubans de gravier gris ou blanc,
Sous toute motte de blé noir ou de pré vert
Dort quelqu’un qui chantait il y a trois mille ans.

(Tristan Klingsor)

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Dieu (Sri Aurobindo)

Posted by arbrealettres sur 21 mars 2020




    
Dieu

Toi qui emplis tous les mondes ici-bas
sans quitter tes hauteurs suprêmes,
Maître de tous ceux qui oeuvrent, règnent et savent,
Serviteur de l’Amour !

Toi qui ne dédaignes pas d’être le ver
ou la motte de terre,
nous reconnaissons à cette humilité
que tu es Dieu.

(Sri Aurobindo)

 

Recueil: Poésie
Traduction: Français Cristof Alward-Pitoëff
Editions: Sri Aurobindo Ashram Trust

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PAYSANNE DU VERCORS (Gabriel Cousin)

Posted by arbrealettres sur 26 février 2020



Camille Pissarro_-_Le_Repos,_paysanne_couchée_dans_l´herbe,_Pontoise_-_1882 [800x600]

PAYSANNE DU VERCORS

La pièce de terre est si pentue que la moisson se fait à fa faucille,
à genoux, poignée par poignée.
Aujourd’hui la femme est allée briser les mottes des sillons bruns.
La fatigue l’a prise là, comme un amant impétueux.
Et sur la pente, face au vide, dans le seul bruit du torrent tout en bas, elle dort.
Elle dort à même sa terre trop coriace pour être abandonnée,
trop dure pour être vendue, trop pénible pour être oubliée.
Elle dort sous le regard des faces nord encore gelées,
dans l’odeur d’étable, de silex et de sueur,
au milieu de ses jupons, comme une bête humaine.
Elle dort sous l’écriture des réacteurs
qui là-haut incisent la glace bleue du ciel, gravant leurs sillons blancs.

(Gabriel Cousin)

Illustration: Camille Pissarro

 

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DOULEUR DES CHOSES QUE J’IGNORE (Salvatore Quasimodo)

Posted by arbrealettres sur 3 janvier 2019




    
DOULEUR DES CHOSES QUE J’IGNORE

Fouillis de racines noires et blanches,
odeur de levure et lombrics,
entaillée par les eaux la terre.

Douleur naissante des choses que j’ignore:
non seulement mourir une fois
mais tout le temps sentir peser sur le coeur
avec l’herbe une motte de terre.

***

DOLORE DI COSE CHE IGNORO

Fitta di bianche e di nere radici
di lievito odora e lombrichi,
tagliata dall’acque la terra.

Dolore di cose che ignoro
mi nasce: non basta una morte
se ecco piu volte mi pesa
con l’erba, sul cuore una zolla.

(Salvatore Quasimodo)

 

Recueil: Et soudain c’est le soir
Traduction: Patrick Reumaux
Editions: Librairie Elisabeth Brunet

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