Arbrealettres

Poésie

Posts Tagged ‘éclipse’

Paroles — soleil (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 22 décembre 2023




    
Paroles — soleil

Broyés par la violence
Minés par la haine
Les corps se rompent
L’âme s’écroule
Le coeur se râpe

Pourtant d’éclipses en éclipses
Enjambant lacunes et lagunes
Rendant arme
Rendant grâce
Sur le sable des mémoires
Les hommes retracent parole d’amour

Parole d’héritage et d’amour
Qu’aucune redite n’érode
Qu’aucun pillage ne décime

Fraîche parole
parmi nos loques

Parmi nos ombres
parole soleil!

(Andrée Chedid)

Recueil: Andrée Chedid Poèmes
Editions: Flammarion

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Je t’aime (Tahar Bekri)

Posted by arbrealettres sur 14 décembre 2022




    
Je t’aime
Dans les lueurs étincelantes
Dans l’envolée des rayons comme des rubis
Dis au soleil
Libère ta lumière
L’éclipse est soeur des potentats
Suppôts tapis dans les pliures sans relâche
Dis au soleil
La rumeur par-delà les haies
Paraphe nos désirs de pleine lune
Cyprès figuiers de barbarie et alfa
Pour tanner nos visages
Nulle peur ne se terre
Mais la torche neuve et résolue

(Tahar Bekri)

 

Recueil: Je te nomme Tunisie
Editions: Al Manar

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Tu sais ce que c’est la mélancolie ? (Christian Bobin)

Posted by arbrealettres sur 28 novembre 2022



Tu sais ce que c’est la mélancolie ?
Tu as déjà vu une éclipse ?
Et bien c’est ça :
la lune qui se glisse devant le coeur,
et le coeur qui ne donne plus sa lumière.
La nuit en plein jour.
La mélancolie
c’est doux et noir.

(Christian Bobin)

 

 

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

A TELLE ENSEIGNE (Paul Gilson)

Posted by arbrealettres sur 12 novembre 2021



 

Roland H. Heyder   (16) [1280x768]

A TELLE ENSEIGNE

D’UN pied de nez vers la rue
Pastourelle
l’enseigne de Polichinelle
changeant le décor à vue
fait neiger le jour de l’An
blanchisseur pour chaperons rouges
et s’empourprer les manteaux blancs
au carreau des spectres d’un bouge
en procession du Saint Sang

Roi des fous croquant la fève
du dimanche
quand l’ombre tombe des manches
de mon rempailleur de rêves
je cherche le mille pertuis
qui fleurit au Pas de la Mule
sous l’auvent où Dieu fut bouilli
par le sorcier gobeur de bulles
chez un échaudeur de la nuit

O brocante des années
sans mémoire
la cire coule dans l’armoire
désolante des poupées
qui n’auront plus droit de regard
Voici le temps mort de l’éclipse
bureaucratique et les buvards
sécheront pour l’Apocalypse
les pleurs des enfants nés trop tard

(Paul Gilson)

Illustration: Roland H. Heyder

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Huitième soliloque (Zéno Bianu)

Posted by arbrealettres sur 30 novembre 2020




Huitième soliloque

J’ai été larme dans les yeux de Marilyn
j’ai été eau vive étoile filante
j’ai été infrarouge ultraviolet
caresse au bord de l’abîme

j’ai été cœur battant
parmi les météores
baptisé par trois gouttes d’arc-en-ciel
pris à la gorge par une rose écorchée

j’ai été collectionneur d’éclipses
j’ai été où les arbres savent écrire
j’ai été toute une journée sans toi
j’ai été avec toi pour toujours

j’ai été toupie d’absolu
j’ai été la clé de mille alphabets
j’ai été allumeur de constellations

(Zéno Bianu)

 

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 1 Comment »

SANS LIEU (Zéno Bianu)

Posted by arbrealettres sur 8 octobre 2020



Milarépa

    
SANS LIEU

Je suis celui qui pourchasse
le visage des apparences
Milarépa

sans lieu
sans nom
le géomètre des éclipses
parcourt l’horizon

sans lieu
sans mémoire
il prend le suaire du ciel
et l’étend sur le monde

sans lieu
sans boussole
le visage sillonné d’ombres
il explore les abîmes d’en-haut
sans lieu
sans cesse
il s’en va caresser la mort
au-delà des lunes brûlées

(Zéno Bianu)

 

Recueil: Infiniment proche et Le désespoir n’existe pas
Traduction:
Editions: Gallimard

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

DU COTE DU LENDEMAIN (Mihai Beniuc)

Posted by arbrealettres sur 17 juin 2020




    
DU COTE DU LENDEMAIN

Avec ta bouche tu me cherches
Comme un aveugle cherche une porte.
Ta raison s’est écroulée sous des mots fous
Et je suis tombé, vaincu,
Sous les murs de ta cité.
Pourquoi cette éclipse du soleil ?
Pourquoi les volcans ont-ils éclaté
Bouillonnant et crachant des flammes ?
Neige-t-il des cendres ou des silences
Dans le tumulte de la nuit partagée ?

Ce sont des cendres et des silences à venir.
C’est ce que disent les chouettes et toi
Par le terrestre tremblement
De tes ailes d’oiseau gigantesque.
Et voilà que tu as peur !
Il n’y a personne.
Un enfant a frappé à la porte,
De l’autre côté,
Du côté du lendemain.

(Mihai Beniuc)

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

UN JOUR (Mihai Beniuc)

Posted by arbrealettres sur 17 juin 2020



    

UN JOUR

Un jour nous nous appellerons sans nous entendre,
L’un de nous deux ne répondra plus,
L’aile déchirée un oiseau tombera
Et son oeil effrayé cherchera pourquoi
Dans le hallier le chant ne répond plus;
Pour arriver au nid tu bats de l’aile
Et cette aile frappe la terre
Comme une main qui ne peut plus rien,
Et de l’autre tombent de chaudes gouttes de corail.
Tu cours te cacher, mais pourquoi, de qui ?
Et te voilà seul dans ta solitude.
On aurait dit qu’un coeur battait auprès du tien.
Pourquoi plus, maintenant ?
Oh ! si davantage encore nous nous étions aimés,
Alors, peut-être…
Et tout à coup tu t’entends parler seul,
C’est le vide qui te fait place,
C’est le silence qui t’écoute.
Qui a mis ces linceuls noirs sur les miroirs ?
A table tu tarderas
A prendre la cuiller dans ta main
Et la chaise, tu le sais trop,
Restera vide.
Les allées de l’automne seront beaucoup plus longues
Et tu redouteras de les suivre jusqu’au bout
Et tu n’auras plus envie
De revenir à la maison.

(Mihai Beniuc)

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

QUI? (Leiser Aichenrand)

Posted by arbrealettres sur 13 décembre 2019




    
QUI?

Toi
Avec l’horloge des étoiles
Pour toute la durée des siècles
Réglée
À l’heure de Dieu.

Qui nous a
Envahis
Avec les sables du naufrage
– Instants épars
Du ciel muet ?

Qui provoqua
Au ciel de chaque époque
L’éclipse
De notre sang ?

Au fer rouge qui marqua
L’essor de notre parole
Sur les ailes de marbre
De la mort?

Sous les pelles des ténèbres
Toutes les horloges du silence
Ponctuent en battant
Notre interrogation.

(Leiser Aichenrand)

 

Recueil: Anthologie de la poésie yiddish Le miroir d’un peuple
Traduction:
Editions: Gallimard

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Les yeux d’Amaranthe (Pierre de Marbeuf)

Posted by arbrealettres sur 3 Mai 2019



 

Fernand Khnopff_tête-de-femme theswedishparrot.com

Les yeux d’Amaranthe

Beaux yeux que j’aime tant, hé quelle est votre essence,
Car l’on vous pense feux à mon embrasement,
Puis l’on vous juge cieux par votre mouvement,
Mais non, vous êtes Dieux selon votre puissance.

Ces yeux n’ont que des feux toujours en influence,
Comme s’ils n’étaient faits que de cet élément :
Mais ces yeux étant dieux, leur branlant règlement
N’a que leur volonté pour toute intelligence.

Feux germains et gémeaux qui me donnez le jour,
Tandis que vous luirez dedans le ciel d’amour,
En tout temps et tout lieu je veux cueillir la rose.

Et quoi que le Démon avec ses appareils,
De rage et de noirceur à mes beaux jours oppose,
Je ne crains point l’éclipse avecque deux soleils.

(Pierre de Marbeuf)

Illustration: Fernand Khnopff

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »