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Poésie

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EH (André Velter)

Posted by arbrealettres sur 15 juin 2024



    

EH

Par une grâce obscure,
par le tocsin d’un coeur précipité,
j’ai traversé de hautes fréquences :

c’est fou comme l’on peut revenir de loin
sans avoir bougé d’une seule voyelle
l’alphabet de son être !

Je prends à nouveau appui
sur ce que je suis,

sur mes amours, quelques amis,
la fine fleur de mes désirs,
le fin mot de mes errances,

surtout, je remets en harmonie
ma carcasse terrestre
selon les prescriptions de Zhoughi :

36 fois je serre et frotte légèrement les dents…

et ainsi de suite,
sans omettre le moindre exercice
de cette gymnastique taoïste
qui réconcilie avec plus vaste que soi.

Oui,
tambouriner l’arrière du crâne
pour libérer les vocalises,

décrasser les cervicales
pour fixer les vertiges,

capter la salive aux coins de la bouche
pour goûter au rythme des marées,

masser rudement les reins
pour ranimer la flamme,

tourner successivement chaque bras en l’air,
puis les deux ensemble
pour se réconcilier avec les moulins à vent,
émettre à pleine puissance le son HE
pour expulser les ombres mortes,
paumes à l’envers au-dessus de la tête,
prêtes à supporter le ciel,

saisir à deux mains la plante de ses pieds
pour identifier le ferme équilibre…

HE HE HE HE HE, par cinq fois,

et maintenant,
tout à l’heure,
demain ou plus tard
échappent à la désolation.

(André Velter)

Recueil: Séduire l’Univers
Editions: Gallimard

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LE SENS DE LA MARCHE (André Velter)

Posted by arbrealettres sur 29 janvier 2022



    

LE SENS DE LA MARCHE

Qu’il le veuille ou non
L’horizon m’accompagne
C’est une chimère en chemin
Une rumeur sourde qui secoue les lointains
Une manière de lâchez-tout
De providence accidentelle
À hauteur des yeux et des tempes

Là-bas est un autre
Là-bas est un être de chair et de vent
Que j identifie à merveille
Dans le sens de la marche
Un sortilège de sables mouvants
Une vue de l’esprit dans un mouvement
Qui se conjugue au futur intérieur

Au futur infaillible

(André Velter)

Recueil: Avec un peu plus de ciel
Traduction:
Editions: Gallimard

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ODE AU TEMPS A VENIR (Pablo Neruda)

Posted by arbrealettres sur 8 mars 2020



ODE AU TEMPS A VENIR

Temps, tu m’appelles. Avant,
tu étais
espace pur,
vaste prairie.
Aujourd’hui
tu es
fil ou goutte,
lumière mince
courant comme un lièvre vers les ronces
de la nuit concave.

Mais
maintenant
tu me dis, temps, ce que
naguère tu ne m’as pas dit :
presse le pas,
repose ton coeur,
déploie ton chant.
Je suis le même. Non? Qui, dans le lit
des eaux qui s’écoulent
identifie le fleuve?

Je sais seulement que là même,
une seule
porte
mon coeur frappe,
depuis hier, depuis longtemps,
depuis lors,
depuis ma naissance.
Là-bas
où répond
l’écho obscur
de la mer
qui chante et que je chante
et que
je
reconnais
simplement
un aveugle sifflement,
à un rayon
dans les vagues,
à ses vastes écumes dans la nuit.

Ainsi donc, temps, en vain
tu m’as mesuré,
en vain tu as passé
prodiguant
des chemins à l’errant.
Contre une seule porte
j’ai passé toute la nuit,
solitaire, à chanter.

Et maintenant
que ta lumière s’amenuise
comme animal courant
et se perdant dans l’ombre
tu me dis
à l’oreille
ce que tu ne m’as pas appris
et que j’ai toujours su.

(Pablo Neruda)

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Je te dédie (Bruno Grégoire)

Posted by arbrealettres sur 25 avril 2018



Illustration
    
Je te dédie la misère profonde, la joie qui crissent
d’un instrument jamais identifié,
joué depuis toujours.

(Bruno Grégoire)

 

Recueil: L’épingle du jeu suivi de Sans
Traduction:
Editions: Obsidiane

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Traverser avec le poème (René Char)

Posted by arbrealettres sur 31 décembre 2017



Traverser avec le poème la pastorale des déserts,
le don de soi aux furies, le feu moisissant des larmes.
Courir sur ses talons, le prier, l’injurier.
L’identifier comme étant l’expression de son génie
ou encore l’ovaire écrasé de son appauvrissement.
Par une nuit, faire irruption à sa suite,
enfin, dans les noces de la grenade cosmique.

(René Char)

 

 

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Retire-toi étroitement (Marie-Claire Bancquart)

Posted by arbrealettres sur 22 Mai 2017




    

Retire-toi étroitement
dans ton méandre de la ville.

Crée l’irréel de fleuves sans fin, sans courbure,
trace une cartographie du songe,
sens-toi un peu là dans l’imaginaire.

Tu pourras ensuite
doucement identifier l’arbre et le pigeon,
doucement caresser une pomme à l’étalage,
et sourire en confiance aux passants.

(Marie-Claire Bancquart)

 

Recueil: Terre Energumène
Editions: Le Castor Astral

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Au jour tombant (Marie-Claire Bancquart)

Posted by arbrealettres sur 22 Mai 2017




    
Au jour tombant les choses se relient

fleurs et chat, livre et lampe,
rêvent au magma primordial

vont jusqu’aux abords
de nous qui les admettons si distraitement.

Identifier notre royaume
serait pourtant la vraie urgence de nos soirs.

(Marie-Claire Bancquart)

 

Recueil: Terre Energumène
Editions: Le Castor Astral

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D’ailleurs (Novalis)

Posted by arbrealettres sur 13 avril 2017



Il existe un présent spirituel
qui identifie le passé et l’avenir
en les dissolvant,
et ce mélange est l’élément essentiel du poète,
son atmosphère propre.

(Novalis)

Illustration: Marc Chagall

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La nature est nature (Pierre Reverdy)

Posted by arbrealettres sur 20 novembre 2016



 

papillon

La nature est nature, elle n’est pas poésie.
C’est la réaction de la nature sur la complexion de certains titres
qui produit la poésie.

Le poète est un four à brûler le réel.
L’art qui tend à se rapprocher de la nature fait fausse route
car s’il allait au but : identifier l’art a la vie, il se perdrait.

Il ne s’agit pas de faire une image,
il faut qu’elle arrive sur ses propres ailes.

L’image est une création pure de l’esprit.
Elle ne peut mitre d’une comparaison,
mais du rapprochement de deux réalités plus on moins éloignées.

Le poète est essentiellement l’homme qui aspire au domaine réel,
le plan divin, la création mystérieuse et évidente.

(Pierre Reverdy)

 

 

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