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Posts Tagged ‘précaution’

ТU ES VRAIMENT FOFOLLE (Attila József)

Posted by arbrealettres sur 14 décembre 2023



Illustration: Toulouse Lautrec
    
ТU ES VRAIMENT FOFOLLE,
Tu cours
Comme le vent du matin,
Tu finiras par te faire écraser : gare aux voitures !
Pourtant j’ai récuré ma petite table,
Et déjà
Le faible éclat du pain est une lumière plus pure.
Reviens donc, si tu veux bien,
J’achèterai une couverture pour mon lit de fer :
Cela va bien
Avec ma pauvreté qui t’aime,
Et que le Seigneur aime aussi.
Et le Seigneur m’aime aussi.
Il ne vient jamais ici dans toute sa clarté
Car il ne veut pas abîmer
Mes yeux pris d’un tel désir de le voir.
Et ils te regarderont avec tant de douceur.
Quand tu seras revenue !
Je t’embrasserai avec précaution,
Je n’arracherai pas ton manteau,
Mais je te dirai toutes les friponneries
Que j’ai inventées depuis ton départ
Pour que tu ries à ton tour.
Tu rougiras,
Tu baisseras les yeux et nous rirons comme des fous.
Les voisins nous entendront,
Les journaliers graves et taciturnes nous entendront,
Et dans leur sommeil las et brisé, ils esquisseront un sourire.

(Attila József)

 

Recueil: Aimez-moi – L’oeuvre poétique
Traduction: Georges Kassaï
Editions: Phébus

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L’hirondelle (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 27 novembre 2023




    
L’hirondelle

Quand le sang est de pierre

Que les doigts desséchés
Égrènent la précaution

Les souvenirs ressemblent à des noyés

L’hirondelle pour mourir
Se jette contre les voûtes.

(Andrée Chedid)

Recueil: Andrée Chedid Poèmes
Editions: Flammarion

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Voyage au Canada (Charles Trenet)

Posted by arbrealettres sur 2 décembre 2021



 

Canada .  jpg

Voyage au Canada

Une famille des plus charmantes
Trois enfants maman papa
Partit un beau jour de Nantes
Pour visiter le Canada
Fixant leur itinéraire
Après maintes réflexions
Ils choisirent pas ordinaire
Ces moyens de locomotion
C´est ainsi qu´avant de partir
Ils chantaient pour se divertir

{Refrain:}
Nous irons à Toronto
En auto
Nous irons à Montréal à cheval
Nous traverserons Québec à pied sec
Nous irons à Ottawa en oua oua
Nous irons à Valleyfield sur un fil
Nous irons à Trois Rivières en litière
Passant par Chicoutimi
Endormis
Nous irons au lac Saint-Jean en nageant
Voilà! Voilà!
Un beau voyage un beau voyage
Voilà! Voilà!
Un beau voyage au Canada!

Oui mais parfois c´est étrange
On ne fait pas toujours ce qu´on veut
Bien souvent le hasard change
Nos projets les plus heureux
Nos amis furent c´est pas de chance
Victimes d´une distraction
Du chef du bureau de l´agence
Des moyens de locomotion
Et à cause de l´employé
Qui s´était trompé de billets

Ils allèrent à Toronto
En nageant
Ils allèrent à Montréal endormis
Ils se rendirent à Québec en litière
Ils allèrent à Ottawa sur un fil
Ils allèrent à Valleyfield à pied sec
Ils allèrent à Trois Rivières en oua oua
Passant par Chicoutimi à cheval
Ils plongèrent dans le lac Saint-Jean en auto
Voilà! Voilà!
Un beau voyage au Canada!

Depuis ce temps-là
Messieurs dames
Les voyageurs ont compris
Pour éviter bien des drames
Il faut à n´importe quel prix
Contrôler dans les agences
Les billets de locomotion
Si vous partez en vacances
La plus simple des précautions
C´est de chanter mon petit air
Mon petit air itinéraire

{au Refrain}

(Charles Trenet)

 

 

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Si un matin à l’aube (Bo Carpelan)

Posted by arbrealettres sur 22 février 2021




    
Si un matin à l’aube, avec d’infinies précautions,
tu tentes de mesurer l’air entre deux arbres immobiles,
tu aperçois un arc de fraîcheur presque invisible, tel un chant.
Tu vois que l’été est en chemin, et peut-être peux-tu, si ton cœur,
même en pensées, est proche du cœur lumineux de quelqu’un d’autre,
être empli de la consolation heureuse venue d’une source inattendue,
invisible

(Bo Carpelan)

Découvert ici: https://schabrieres.wordpress.com/

Recueil: Dehors
Traduction: Traduit du suédois par Pierre Grouix
Editions: Arfuyen

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UN double fond du rêve (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 4 mars 2019



Illustration: Dyane Suib
    
UN double fond du rêve
me rappelle que je rêve.

Le rêve possède
en son fond un repli
où il conserve avec une étrange précaution
une bobine encapsulée
avec le fil qui l’unit à la veille.

A défaut de ce dense repli
le rêve s’échapperait de la vie,
nous laisserait choir ailleurs
ou peut-être finirait par nous effacer.

N’en serait-il pas de même de la mort ?
La mort n’aurait-elle pas aussi un double fond ?
Toutes choses n’en auraient-elles pas ?
La vie ne serait-elle pas un double fond
qui nous rappelle aussi quelque chose
que nous ne pouvons préciser ?

***

UN doble fondo del sueño
me recuerda que sueño.

El sueno tiene
un repliegue en el fondo
donde conserva con precaución extraña
un carretel encapsulado
con el hilo que lo une a la vigilia.

Sin ese denso pliegue
el sueño se saldría de la vida,
nos dejaría caer en otra parte
o tal vez acabara borrándonos .

¿No ocurrirá lo mismo con la muerte?
¿No tendra también la muerte un doble fondo?
No lo tendrán todas las cosas?
No será la vida un doble fondo
que nos recuerda también algo
que no podemos precisar?

(Roberto Juarroz)

 

Recueil: Onzième Poésie Verticale
Traduction: Fernand Verhesen
Editions: Lettres Vives

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Les demeures (Jean Grosjean)

Posted by arbrealettres sur 29 avril 2018




    
Les demeures

Je dors dans un palais de marbre et d’ambre,
le jour n’a pas soulevé ma paupière.
J’entends rôder tes pas de chambre en chambre
comme y rôdaient les matins de septembre
et mon sommeil s’emplit de ta lumière.

Mais t’entendrai-je encor si tu m’éveilles,
si tu m’ouvres les yeux pour ne rien voir?
Mes yeux ne sont pas faits pour le soleil.
Mon lendemain vaudrait moins que la veille
si tu montrais sans précaution ta gloire.

Puisque j’étais convié à tes demeures
je n’avais peur ni de toi ni des anges
mais je suis si peu fait pour ta splendeur
qu’il m’eut suffi d’être le maraudeur
qu’on laisse asseoir sous ton portail de grange.

(Jean Grosjean)

 

Recueil: Les parvis
Traduction:
Editions: Gallimard

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LE POTIER (Philippe Delaveau)

Posted by arbrealettres sur 3 mars 2018



Illustration: Bella Gingell
    
LE POTIER

Le soleil nous aura creusés longuement
Comme une lampe sur le tour.
Les doigts du temps agile
Ont façonné nos cœurs aux pentes lisses.

Sous l’eau des nuits et le regard patient,
Quand sonne l’heure des volets,
Dans les pièces tardives, l’ombre s’endort,
Autour de la solitude des lampes.

L’huile a gardé le jour qui baisse,
Une clarté sur les dernières branches.
La précaution de la main nocturne,
Autour du tremblement d’un jour
Secret, plus secret que le jour.

(Philippe Delaveau)

 

Recueil: Le Veilleur amoureux précédé d’Eucharis
Traduction:
Editions: Gallimard

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Le rond et l’étoile (Robert Desnos)

Posted by arbrealettres sur 20 février 2018



 

étoile

Le rond et l’étoile

Pour faire une étoile à cinq branches
Ou à six ou davantage
Il faut d’abord faire un rond

Pour faire une étoile à cinq branches…
Un rond !
On n’a pas pris tant de précaution
Pour faire un arbre à beaucoup de branches
Arbres qui cachez les étoiles !
Arbres!
Vous êtes pleins de nids et d’oiseaux chanteurs
Couverts de branches et de feuilles
Et vous montez jusqu’aux étoiles !

(Robert Desnos)

 

 

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Ce sera un jour… (Anna Gréki)

Posted by arbrealettres sur 12 juin 2017



Ce sera un jour…

Ce sera un jour pareil aux autres jours
Un matin familier avec des joies connues
Eprouvées parce qu’elles sont quotidiennes.

Avec des mots brûleurs du ciel
Avec des mots traceurs de route
Qui font du bonheur une question de patience
Qui font du bonheur une question de confiance.

Et ces femmes fières d’avoir le ventre rouge
A force de remettre au monde leurs enfants
A chaque aube, ces femmes bleuies de patience
Qui ont trop de leur voix pour apprendre à se taire.

Forte comme une femme aux mains roussies d’acier
Tu caresses tes enfants avec précaution
Et quand leur fatigue se blesse à ta patience
Tu marches dans leurs yeux afin qu’ils se reposent.

(Anna Gréki)

Découvert ici: http://www.bulledemanou.com/

Illustration

 

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Tu prends le mot « sein » (Paul Mahieu)

Posted by arbrealettres sur 25 juin 2016



Tu prends le mot « sein »
attention c’est un mot sensible,
à manier avec infiniment de précaution,
de la douceur s’il te plaît, de l’aménité,
j’oserais dire du respect

c’est un mot de main, de paume,
de doigt, de bout d’ongle

c’est un mot de regard, de voile,
de halo ou de flambance, d’étincelle
ou de prière, de poème

c’est un mot de bouche,
de lèvre, de bout de dent,
de bout de langue
et d’un rien de salive

c’est un mot de framboise et de pêche
d’aubépine et de serpolet

c’est un mot d’écoute-coeur

tu le prends,
tu l’environnes ,
tu l’envoisines,
tu l’encotonnes ,
de partout

mais, je te le dis encore
il a besoin d’amour, tu sais

(Paul Mahieu)

Découvert ici: https://ecriturbulente.com/

Illustration: Oleg Zhivetin

 

 

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