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Posts Tagged ‘s’enténébrer’

Au soleil couchant (Taneda Santoka)

Posted by arbrealettres sur 13 avril 2024



Au soleil couchant
L’ombre du laboureur
S’enténèbre.

(Taneda Santoka)

Illustration: Jules Jacques Veyrassat

 

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La traversée du Fongmu Ling (Gu Lin)

Posted by arbrealettres sur 13 décembre 2022




Illustration: Shan Sa
    
La traversée du Fongmu Ling

Le doigt tendu vers la cime embrumée
Indique la haute frontière indécise, entre terre et ciel.
Voilà la montagne magnifique
Qu’aucun oiseau en son vol n’a jamais dépassée.
Qui saurait franchir ces hauts degrés de pierre ?
Nos mains s’agrippent le long des sentiers sinueux.
À chaque pas gagné, l’abîme grandit devant mes yeux terrifiés
Et la brume généreuse empoisse mes vêtements alourdis.
Je m’empourpre des derniers traits du soleil qui meurt,
Tandis qu’à mesure, c’est la vallée qui s’enténèbre.
Mon pays natal me rappelle alors et détourne vers lui mon regard.
Je vois les flots hardis du grand fleuve ;
Je sens le souffle vif des confins du monde.
Comment rester debout quand tout vous porte à être à genoux.

(Gu Lin)

(1476-1545)

 

Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel

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Le « fu » de la Chouette (Jia Yi)

Posted by arbrealettres sur 6 décembre 2022



Illustration: Shan Sa
    
Le « fu »* de la Chouette

Le grand homme ne fléchit pas.
Il reste droit au coeur de mille changements ;
Ils ne sont pour lui qu’une même compromission.
L’homme abêti s’enchaîne aveugle à la coutume
Et souffre sans fin comme un prisonnier qui s’engeôle.
Le sage sait plier au bel abandon des choses.
Il lie sa vie au rythme saint du Tao seul.
Mais voici la foule qui s’enténèbre
Dans la soif et la haine qui plombent leur coeur.
Limpide et calme, l’homme véritable
Trouve la paix céleste dans le Tao seul.
Écartant la sagesse, oublieux des formes,
Dégagé, hors du souci de soi, vif et sauvage,
Plein d’une ampleur vide, il vole sur les ailes du Tao.
Porté par le flux, il navigue à la proue du monde.
Il trouve repos sur les îlots du fleuve,
Libérant son corps au destin,
Départie des craintes égoïstes,
Sa vie est flottaison,
Sa mort est grand repos.
Dans le calme tranquille
Qui rappelle au coeur des printemps,
Une barque sans amarre au courant sans objet.
Il regarde la perle de vide que sa vie a sertie.
Son destin ajouré le libère du chagrin d’exister.

(Jia Yi)

(201-169)

(*Fu: poème chinois en prose)

Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel

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L’ANGE (Michel Lermontov)

Posted by arbrealettres sur 14 avril 2022




    
L’ANGE

Un ange, à minuit, volait dans les cieux,
Chantant un chant délicieux.
Les astres, la lune, ensemble, écoutaient
Ce chant rayonnant de beauté.

Il chantait la joie où les esprits purs
Vivent dans le céleste azur.
Il parlait de Dieu, sa louange était
Toute extase et sincérité.

Il portait une âme exquise en ses bras.
Sur terre elle s’enténébra.
Et l’écho du chant dans le jeune esprit
Demeura sans mots, mais compris.

Et longtemps sur terre il s’étiola,
Soupirant après l’Au-Delà.
Et ne purent jamais nos sons durs et tranchants
Remplacer le céleste chant.

(Michel Lermontov)

Recueil: Michel Lermontov Poèmes
Traduction: Igor Astrow
Editions: Du Tricorne

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JE NE PLEURERAI PAS DE TE VOIR ME QUITTER (Emily Brontë)

Posted by arbrealettres sur 7 décembre 2017




    
JE NE PLEURERAI PAS DE TE VOIR ME QUITTER

Je ne pleurerai pas de te voir me quitter
Il n’est rien d’aimable ici-bas,
Et doublement m’affligera ce sombre monde
Tant que ton coeur y pâtira.

Je ne pleurerai pas : la splendeur de l’été
Nécessairement s’enténèbre;
L’histoire la plus heureuse, quand on la suit,
Se termine avec le tombeau!

Et je suis excédée de l’angoisse qu’apporte
Le long cortège des hivers,
Outrée de voir l’esprit languir au long des ans
Dans le plus morne désespoir.

Si donc un pleur m’échappe à l’heure de ta mort,
Sache-le, il ne marquera
Qu’un soupir de mon âme impatiente de fuir
Et d’être en repos avec toi.

***

I’LL NOT WEEP THAT THOU ART GOING TO LEAVE ME

I’ll not weep that thou art going to leave me,
There’s nothing lovely here;
And doubly will the dark world grieve me
While thy heart suffers there.

I’ll not weep, because the summers’ glory
Must always end in gloom;
And, follow out the happiest story—
It closes with the tomb!

And I am weary of the anguish
Increasing winters bear;
I’m sick to see the spirit languish
Through years of dead despair.

So, if a tear, when thou art dying,
Should haply fall from me,
It is but that my soul is sighing
To go and rest with thee.

(Emily Brontë)

 

Recueil: Poèmes
Traduction: Pierre Leyris
Editions: Gallimard

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Lassitude (Hannah Arendt)

Posted by arbrealettres sur 21 novembre 2016



Lassitude

Soir qui s’enténèbre —
L’appel, douce plainte
L’appel tinte encore
Des oiseaux que j’ai créés.

Des murs gris
S’éboulent,
Mes mains
Se retrouvent.

Ce que j’ai aimé
Je ne peux le saisir,
Ce qui m’entoure
Je ne peux le lâcher.

Tout sombre.
Le jour surgit.
Rien ne me vainc —
C’est bien le train de la vie.

***

Müdigkeit

Dämmernder Abend —
Leise verklagend
Tönt noch der Vägel Ruf
Die ich erschuf.

Graue Wände
Fallen hernieder,
Meine Hände
Finden sich wieder.

Was ich geliebt
Kann ich nicht fassen,
Was mich umgibt
Kann ich nicht lassen.

Alles versinkt.
Dämmern steigt auf.
Nichts mich bezwingt —
Ist wohl des Lebens Lauf.

(Hannah Arendt)

 

 

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Silence ! (Paul Celan)

Posted by arbrealettres sur 11 juin 2016



Silence ! J’enfonce l’épine à ton cœur,
car la rose, la rose
est debout au miroir parmi les ombres, elle saigne !
Elle saignait déjà du temps où nous mêlions le oui et le non
où nous buvions à petites gorgées
parce qu’un verre, jeté de table, tinta :
il annonçait une nuit qui s’enténébra plus longtemps que nous.

(Paul Celan)

 

 

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