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Poésie

Posts Tagged ‘jus’

L’ombre (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 12 avril 2024




    
L’ombre est un fruit mûri à contretemps.
Si on le presse, il donne le jus de la lumière,
mais peut aussi tacher les mains pour toujours.

Il faut vivre l’ombre comme un fruit,
mais la vivre du dedans, comme on vit sa propre voix.

Et il faut sortir d’elle goutte à goutte ou mot à mot,
jusqu’à devenir lumière sans se rendre compte.

Le jour des hommes n’est pas un jeu.
Le jour des hommes est fait
de quelque chose qui ne commence qu’avec la lumière.

(Roberto Juarroz)

Recueil: Poésie verticale
Traduction: de l’espagnol par Roger Munier
Editions: Gallimard

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BOIRE, LA FARIDONDAINE, LA FARIDONDON (Chansons du XVIIIè)

Posted by arbrealettres sur 15 novembre 2023



Illustration: Le Caravage
    
BOIRE, LA FARIDONDAINE, LA FARIDONDON

1

L’aimable boisson
Que le jus de la treille
C’est avec raison
Qu’on en dit merveille, bon
La faridondaine gai
La faridondon.

2

De cette liqueur
Vantons l’excellence
Faisons tous honneur
A sa bienfaisance, bon
La faridondaine gai
La faridondon.

3

De ce jus divin
Remplissons nos tasses
Et dans ce festin
Buvons avec grâce, bon
La faridondaine gai
La faridondon.

4

Le doux passe temps
Que celui de boire
En rogne bon temps
Imitons Grégoire, bon
La faridondaine gai
La faridondon.

5

Le jour et la nuit
Il aimait à boire
Du moindre réduit
Il faisait sa foire, bon
La faridondaine gai
La faridondon.

6

Un vaste tonneau
Rempli de quoi boire
Sera le tombeau
Qu’on doit à sa gloire, bon
La faridondaine gai
La faridondon.

(Chansons du XVIIIè)

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LE VIN ARRANGE TOUT (Chansons du XVIIIè)

Posted by arbrealettres sur 15 novembre 2023



    

LE VIN ARRANGE TOUT

1

Buvons tous ensemble
Et faisons chorus.
Célébrons l’aimable jus,
Si bon il vous semble,
Du bon dieu Bacchus (bis).

2

Le plaisir de boire
Est le vrai plaisir.
Et qui n’a pas ce désir
N’eut jamais de gloire
De se réjouir (bis).

3

Soyez en querelle :
Un verre de vin
Fait oublier tout soudain.
Quand pleine est l’écuelle
Adieu le chagrin (bis).

4

On voit tout le monde
Aimer le repas.
On en ferait moins de cas
Si tout à la ronde
L’on ne buvait pas.

5

Vive l’allégresse
On la doit au vin.
Quand l’amour, ce dieu malin,
Y joint la tendresse
Quel heureux destin (bis) !

(Chansons du XVIIIè)

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L’obscurité me désaltère (Jules Supervielle)

Posted by arbrealettres sur 4 octobre 2023




    
L’obscurité me désaltère,
Elle porte de si beaux fruits
Plus mûrs que tous ceux de la terre,
J’aime les pêches de la nuit,
Sentir couler au fond de l’âme
Ce jus qui vient du fond des temps
Et laisse sans discernement
Comme après le vin ou la femme.

Obscurité non seulement
Du ciel mais de l’aveuglement.
Mon sang noircit d’un sombre éclat
A gros bouillons au fond de moi.
L’âme au loin dans tout son recul
S’étoile à de grandes distances
Avec la même confiance
Du ciel après le crépuscule.

Ô petits enfants dans la nuit
Sous votre capuchon épais
Vous comprenez bien ce que c’est,
A demi-mots on se saisit.
Est-ce le maternel tombeau
Vivant dont vous vous souvenez,
Tout ce qui nous a précédés
Ou ce qui fait encor défaut ?

Morts, je demande un coup de main
Pour comprendre tout ce qui rient,
Mangeons ensemble les raisins
De la grande treille nocturne
Et retenons-en bien le grain
Pour le faire germer en nous.
Encore, encore de la nuit
Au fond des houles taciturnes.

Nous irons au loin, nous irons,
Nous nous immobiliserons
Dans la bonace inévitable
Et nous mangerons à la table
Où l’on n’a pas besoin d’y voir
Où les mets entrent dans la bouche
Sans que nos pauvres mains les touchent,
Où l’on ignore le sanglot
Sous la bannière du tombeau.

Je ne crois plus à la clarté
De l’après-mort mais à du noir
Qui gagne encore sur le noir
Auquel j’étais habitué.
Ah ! par avance taisons-nous
Afin d’être un peu préparés
Au grand silence fédéré
Entre les étoiles et nous.

(Jules Supervielle)

Recueil: La Fable du monde suivi de Oublieuse mémoire
Editions: Gallimard

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Le jus des herbes (Alain Vircondelet)

Posted by arbrealettres sur 23 juillet 2023


herbes

Le jus des herbes
Qui les tient droites,
Le voir circuler.

(Alain Vircondelet)

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S’occuper instamment des petits cailloux qui pèsent et qui chagrinent (Brigitte Sensevy)

Posted by arbrealettres sur 19 janvier 2021



Illustration: Ira Mitchell-Kirk
    
S’occuper instamment des petits cailloux qui pèsent et qui chagrinent : les prendre, les rincer à grande eau, les dénoyauter, les presser, les expurger de tout leur jus noir et amer, les laisser s’adoucir dans du sucre, mettre à macérer trois jours durant sous un couvercle.

Premier jour partir, légère, dans un chemin ouvert, grand ouvert, très très grand ouvert sur un azur qui s’étale, et se clame.

Deuxième jour, se jeter à corps perdu vers les moissons du ciel, y étendre sa chanson d’amour et de lumière.

Profiter du dernier jour pour en faire sa demeure fraîche et ouverte, son lit de déraison.
Enfin tirer la couverture de la curiosité : défaire les plis un à un, se couler sous elle et déguster le chutney de petits cailloux apporté par le Tendre…

(Brigitte Sensevy)

 

Recueil: Bruissement d’elles
Traduction:
Editions: L’Harmattan

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LE JUS DU TEMPS (Jean Mambrino)

Posted by arbrealettres sur 1 juin 2020



LE JUS DU TEMPS

Déshabille la pêche.

Une gorgée de vin nu
dans ta bouche.

La fable est fraîche.

Le goût
de ce qui n’est plus.

(Jean Mambrino)

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DIFFÉRENT (Norge)

Posted by arbrealettres sur 15 octobre 2018



DIFFÉRENT

Un beau jour, ce fut différent.

— Différent, quoi ? expliquez-vous.

— Pas facile… on respirait beaucoup mieux,
les idées coulaient comme des jus de fruit,
les arbres avaient l’air d’accord ;
c’était différent.

— Tatata, ça ne veut rien dire.

— Oh, non, ça ne veut rien dire.
Mais ce fut
différent.

(Norge)

 

 

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Un jour les muses (James Noël)

Posted by arbrealettres sur 25 septembre 2018




    
Un jour les muses poseront nues
pour les poètes
un jour la poésie sortira du marché de la poésie
la poésie sortira de sa tanière
et prendra la route toute seule
comme une grande

ce sera un jour de fresque
un jour peint
sans chevalet
avec des nuances hautes en couleurs
ce jour se boira clair comme une source
se mangera par grappes
mûres de fruits
de beaux fruits qui exploseront de rire
dans le jus de la bouche

l’horizon se donne couché
en toute déraison devant la phrase

un jour viendra
où les muses poseront nues pour les poètes

(James Noël)

 

Recueil: Le Pyromane adolescent suivi de Le sang visible du vitrier
Traduction:
Editions: Points

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Les Grenades (Paul Valéry)

Posted by arbrealettres sur 30 juillet 2018



 

grenades

Les Grenades

Dures grenades entr’ouvertes
Cédant à l’excès de vos grains,
Je crois voir des fronts souverains
Éclatés de leurs découvertes !

Si les soleils par vous subis,
Ô grenades entre-bâillées,
Vous ont fait d’orgueil travaillées
Craquer les cloisons de rubis,

Et que si l’or sec de l’écorce
A la demande d’une force
Crève en gemmes rouges de jus,

Cette lumineuse rupture
Fait rêver une âme que j’eus
De sa secrète architecture.

(Paul Valéry)

Découvert ici chez laboucheaoreilles

Illustration

 

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