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Poésie

Posts Tagged ‘sottise’

Chanson (Peire Raimon de Toulouse)

Posted by arbrealettres sur 21 septembre 2023



Illustration: Domenico Ghirlandaio
    
Chanson

Certes j’ai appris d’Amour
Comme il sait piquer du dard,
Mais j’ignore encor comment
Il sait guérir gentement.
Je connais le médecin
Qui seul me rendrait la vie,
Mais si je n’ose, à quoi bon
Lui dévoiler ma blessure !

Ma sottise me tuera
Si je ne peux pas lui dire
Et lui montrer mon chagrin.
Nul ne peut me secourir,
Sauf elle, courtoise, gaie,
Que j’aime, que je chéris.
Mais quoi, demander merci ?
J’ai trop peur de lui déplaire !

Au loin quand je l’aperçois
J’ai grand désir de pouvoir
À genoux venir à elle,
Et parvenu à ses pieds,
Mains jointes lui rendre hommage
Comme serf doit au seigneur,
Puis implorer sa pitié
Sans souci des malveillants.

En vous seule, bonne Dame,
Tout bonheur germe et fleurit.
Je vous aime et vous désire.
C’est de foi bonne et limpide
Que je demande pitié.
Je promets d’être discret
Et plus fidèle (Dieu m’aide !)
Que ne fut Landric à Aye.

Mon cher Diamant, mon jongleur,
Je t’en prie, cours à Toulouse
Chanter le chant que voilà.

(Peire Raimon de Toulouse)

Recueil: Poésie des troubadours
Traduction: Texte français de René Nelli, René Lavaud et Henri Gougaud
Editions: Points

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Oh! quelle sottise! (Maram al-Masri)

Posted by arbrealettres sur 31 Mai 2023




    
oh! quelle sottise!
mon coeur dès qu’il entend toquer
ouvre

(Maram al-Masri)

Recueil: Cerise rouge sur carrelage blanc
Editions: Bruno Doucey

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SAGESSE (Jaroslav Seifert)

Posted by arbrealettres sur 11 mars 2023




    
SAGESSE

Tous ces amours qui faisaient saigner notre cœur
n’étaient que de vaines sottises

pour finir nous aimerons notre longue pipe
cygne noir

(Jaroslav Seifert)

Recueil: Les danseuses passaient près d’ici
Traduction: Petr Kral et Jan Rubes
Editions: Actes Sud

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La sottise (Jean-Pierre Siméon)

Posted by arbrealettres sur 4 juillet 2020




    
La sottise est comme le bambou :
vide dedans mais inébranlable.

***

(Jean-Pierre Siméon)

 

Recueil: Le Livre des petits étonnements du sage Tao Li Fu
Traduction: Meng Ming
Editions: Cheyne

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L’esprit vole de sottise en sottise (Paul Valéry)

Posted by arbrealettres sur 19 octobre 2019



L’esprit vole de sottise en sottise
comme l’oiseau de branche en branche.
Il ne peut faire autre chose.
L’essentiel est de ne point se sentir ferme sur aucune

(Paul Valéry)

Illustration: Chantal Dufour

 

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AVEU (Alexandre Pouchkine)

Posted by arbrealettres sur 27 novembre 2018




    
AVEU

Je vous aime, quoique j’enrage,
que ce soit ridicule et vain.
En outre il faut qu’à vos genoux
j’avoue ma sottise et ma honte.
Avec ma figure ! A mon âge !
Il serait temps de s’assagir.
Mais tous les indices sont clairs :
je suis atteint du mal d’amour.
Loin de vous je m’ennuie,— je bâille —
près de vous la langueur m’est douce
et je n’en peux mais : je dois dire,
cher ange, combien je vous aime.
Quand j’entends, venant du salon,
vos pas, le bas de votre robe
ou votre voix juvénile et candide,
je perds d’un seul coup la raison.
Souriez-vous ? Je suis aux anges.
Vous m’ignorez ? J’ai le coeur lourd.
Tout un jour de peine s’efface
si vous m’offrez votre main pâle.

Quand, absorbée par votre ouvrage,
vous laissez ruisseler vos boucles
indolemment, les yeux baissés,
je m’attendris, ne dis plus mot,
vous contemplant comme un enfant.
Vous conterai-je ma détresse,
ma tristesse, ma jalousie,
quand par tous les temps vous allez
au loin, trop loin, vous promener ?
Ou bien vos larmes solitaires,
les propos à deux dans un coin,
ou les petits voyages en ville
ou les soirées près du piano ?
Aline, ayez pitié de moi !
Je n’ose exiger de l’amour.
Il se peut que, pour mes péchés,
je sois indigne d’être aimé.
Faites semblant ! Votre regard
exprime si bien tant de choses.
Je suis si facile à tromper!
Et voudrais tant l’être par vous !

(Alexandre Pouchkine)

 

Recueil: Poésies
Traduction: Louis Martinez
Editions: Gallimard

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Proverbes de l’Enfer (2) (William Blake)

Posted by arbrealettres sur 28 novembre 2017



Illustration 
    
Proverbes de l’Enfer (2)

L’Éternité est amoureuse des ouvrages du temps.

L’abeille affairée n’a pas de temps pour le chagrin.

Les heures de la stupidité sont mesurées par l’horloge;
mais celles de la sagesse ne sont à la mesure
d’aucune horloge.

Nulle nourriture saine n’est pour le filet ou dans la trappe.

Sors les nombres, les poids et les mesures
dans le temps de la disette.

Nul oiseau ne s’élève trop haut, s’il vole de ses propres ailes.

Un cadavre ne se venge pas des torts qui lui sont faits.

L’acte le plus sublime : placer un autre avant toi.

Si le sot persistait dans son absurdité, il deviendrait sage.

La sottise est le manteau de la canaillerie.

La Honte est le manteau de l’Orgueil.

***

Eternity is in love with the productions of time.
The busy bee has no time for sorrow.
The hours of folly are measur’d by the clock, but of wisdom: no clock can measure.
All wholsom food is caught without a net or a trap.
Bring out number weight & measure in a year of dearth.
No bird soars too high, if he soars with his own wings.
A dead body revenges not injuries.
The most sublime act is to set another before you.
If the fool would persist in his folly he would become wise.
Folly is the cloke of knavery.
Shame is Prides cloke.

(William Blake)

 

Recueil: William Blake
Traduction: Georges Bataille
Editions: Fata Morgana

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J’ai aimé comme tout le monde (Boris Pasternak)

Posted by arbrealettres sur 16 octobre 2017



J’ai aimé comme tout le monde

J’ai aimé, comme tout le monde. Peut-être est-elle
Encore vivante. Le temps passera jusqu’au jour .
– Ce n’est sans doute pas demain, mais un jour bien plus tard –
Où quelque chose d’aussi grand que l’automne
S’allumera sur la vie comme un ciel que rougit l’incendie
Et qu’attendrit le sous-bois. Sur la sottise des flaques,
Crapauds alanguis par la soif,
Sur les clairières frissonnantes
Comme un lièvre, et qui sont jusqu’aux oreilles
Cousues à la natte des feuilles d’antan,
Sur le bruit qui ressemble au faux ressac du passé …
J’ai aimé comme tout le monde
Et je sais que, depuis toujours,
Les prés mouillés sont mis au pied de l’année.
Au chevet de nos cœurs l’amour dépose
La frissonnante nouveauté des mondes.

(Boris Pasternak)

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LES DEUX TAUREAUX ET UNE GRENOUILLE (Jean de la Fontaine)

Posted by arbrealettres sur 9 août 2017



 

LES DEUX TAUREAUX ET UNE GRENOUILLE

Deux Taureaux combattaient à qui posséderait
Une Génisse avec l’empire.
Une Grenouille en soupirait.
« Qu’avez-vous ? » se mit à lui dire
Quelqu’un du peuple croassant.
– Et ne voyez-vous pas, dit-elle,
Que la fin de cette querelle
Sera l’exil de l’un ; que l’autre, le chassant,
Le fera renoncer aux campagnes fleuries ?
Il ne régnera plus sur l’herbe des prairies,
Viendra dans nos marais régner sur les roseaux,
Et nous foulant aux pieds jusques au fond des eaux,
Tantôt l’une, et puis l’autre, il faudra qu’on pâtisse
Du combat qu’a causé Madame la Génisse. »

Cette crainte était de bon sens.
L’un des Taureaux en leur demeure
S’alla cacher à leurs dépens :
Il en écrasait vingt par heure.
Hélas! on voit que de tout temps
Les petits ont pâti des sottises des grands.

(Jean de la Fontaine)

Illustration: Marc Chagall

 

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L’HOMME ET SON IMAGE (Jean de la Fontaine)

Posted by arbrealettres sur 14 février 2017



 

L’HOMME ET SON IMAGE

Un homme qui s’aimait sans avoir de rivaux
Passait dans son esprit pour le plus beau du monde.
Il accusait toujours les miroirs d’être faux,
Vivant plus que content dans son erreur profonde.
Afin de le guérir, le sort officieux
Présentait partout à ses yeux
Les Conseillers muets dont se servent nos Dames :
Miroirs dans les logis, miroirs chez les Marchands,
Miroirs aux poches des galands,
Miroirs aux ceintures des femmes.
Que fait notre Narcisse ? Il va se confiner
Aux lieux les plus cachés qu’il peut s’imaginer
N’osant plus des miroirs éprouver l’aventure.
Mais un canal, formé par une source pure,
Se trouve en ces lieux écartés ;
Il s’y voit ; il se fâche ; et ses yeux irrités
Pensent apercevoir une chimère vaine.
Il fait tout ce qu’il peut pour éviter cette eau ;
Mais quoi, le canal est si beau
Qu’il ne le quitte qu’avec peine.

On voit bien où je veux venir.
Je parle à tous ; et cette erreur extrême
Est un mal que chacun se plaît d’entretenir.
Notre âme, c’est cet Homme amoureux de lui-même ;
Tant de Miroirs, ce sont les sottises d’autrui,
Miroirs, de nos défauts les Peintres légitimes ;
Et quant au Canal, c’est celui
Que chacun sait, le Livre des Maximes.

(Jean de la Fontaine)

Illustration: Marc Chagall

 

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