Le chemin monte-t-il tout le temps en lacets ?
Il monte jusqu’au bout, ami.
Le trajet prendra-t-il toute la longue journée ?
Oui, du matin jusqu’à la nuit.
Mais est-il pour la nuit un lieu de repos ?
Un toit pour les heures lentes et sombres.
Les ténèbres ne vont-elles pas me le dérober ?
Tu ne peux pas manquer cette auberge.
Rencontrerai-je d’autres voyageurs, la nuit ?
Ceux qui sont partis avant moi.
Devrai-je frapper ou appeler, le seuil en vue ?
A cette porte, tu n’attendras point.
Trouverai-je réconfort, recrue et meurtrie ?
Tu trouveras le somme de la peine.
Y aura-t-il des lits pour moi et pour tous ceux qui cherchent ?
Oui, des lits pour tous ceux qui viennent.
Lorsque le dieu du jour, plein d’amoureuse audace,
Dédaignant tout à coup l’Olympe et ses plaisirs,
Sans char, la lyre en main, s’élançait sur la trace
De la nymphe de ses désirs,
Celle-ci, jusqu’au bout insensible et rétive,
Le laissa s’égarer en des sentiers ingrats ;
Puis, quand il la saisit, la jeune fugitive
Se change en laurier dans ses bras.
Un sort pareil attend ici-bas le génie :
En l’Idéal qui fuit l’artiste a mis sa foi.
Heureux qui voit de loin, dans l’arène infinie,
Courir son rêve devant soi !
Car il faut, d’un élan qu’aucun refus n’arrête,
Poursuivre aussi Daphné, quand ce serait en vain,
Pour sentir à son tour s’agiter sur sa tête
Les rameaux du laurier divin.
Emporte-moi ! Emporte-moi dans les nuages !
Car ton chant, Alouette, est puissant ;
Emporte-moi ! Emporte-moi dans les nuages !
Chantant, chantant,
Le ciel et la nuée autour de toi sonnant,
Élève et guide-moi jusqu’à ce que j’affleure
À ce lieu qui semble si fort selon ton coeur !
J’ai traversé des solitudes désolées,
Et aujourd’hui mon coeur est las;
Si maintenant j’avais les ailes d’une Fée,
Je volerais là-haut vers toi.
Je sens en toi folie, et joie des dieux
Dans ce chant qui jaillit de toi;
Élève-moi, guide-moi au plus haut des cieux
Jusqu’en ce lieu où tu festoies.
Gaie comme le matin,
Pleine de rire et de dédain,
Tu as un nid pour tes amours et ton repos,
Et bien que tu sois peu portée à la paresse,
Ivre Alouette ! il ne te plairait pas
D’être un voyageur tel que moi.
Tu es la vivante allégresse,
Ton âme est forte ainsi qu’un torrent de montagne
Qui chante sa louange aux dons du Tout-puissant.
Que soient avec nous deux la gaieté et la joie !
Hélas je dois aller mon chemin tortueux,
Cahin-caha, par la lande épineuse ou la poussière
De la route mais, t’écoutant, toi ou tes frères
Aussi pleins de gaieté et libres dans les cieux,
Satisfait de mon sort, poursuivrai à pas lents
Jusqu’au bout, dans l’espoir de sublimes élans.
***
TO A SKYLARK, 1
Up with me ! up with me into the clouds !
For thy song, Lark, is strong;
Up with me ! up with me into the clouds !
Singing, singing,
With clouds and sky about thee ringing,
Lift me, guide me, till I find
That spot which seems so to thy mind !
I have walked through wildernesses dreary,
And to-day my heart is weary;
Had I now the wings of a Faery,
Up to thee would I fly.
There is madness about thee, and joy divine
In that song of thine;
Lift me, guide me, high and high
To thy banqueting place in the sky.
Joyous as morning,
Thou art laughing and scorning;
Thou hast a nest for thy love and thy rest,
And, though little troubled with sloth,
Drunken Lark! thou wouldst be loth
To be such a traveller as I.
Happy, happy Liver,
With a soul as strong as a mountain river
Pouring out praise to the almighty Giver,
Joy and jollity be with us both !
Alas ! my journey, rugged and uneven,
Through prickly moors or dusty ways must wind;
But hearing thee, or others of thy kind,
As full of gladness and as free of heaven,
I, with my fate contented, will plod on,
And hope for higher raptures, when life’s day is done.
Édifions ici une amitié exquise,
La flamme, l’automne et la verte rose d’amour
Luttent ici jusqu’au bout : c’est le lieu de la métamorphose.
Là où ils ont été, se sont rencontrés, le sol est sacré.
Si Dieu cesse de m’aider se sera à moi d’aider Dieu…
Je prendrai pour principe « d’aider Dieu » autant que possible,
et si j’y réussis, eh bien je serai là pour les autres aussi…
Oui, mon Dieu, tu sembles assez peu capable de modifier
une situation finalement indissociable de cette vie.
Je ne t’en demande pas compte.
C’est à toi, au contraire, de nous appeler à rendre compte un jour.
Il m’apparaît de plus en plus clairement,
à chaque pulsation de mon cœur, que tu ne peux pas nous aider,
mais que c’est à nous de t’aider et de défendre jusqu’au bout
la demeure qui t’abrites en nous…
Je vais t’aider, mon Dieu, à ne pas t’éteindre en moi,
mais je ne puis rien garantir d’avance.
Une chose cependant m’apparaît de plus en plus clairement :
ce n’et pas toi qui peux nous aider, mais nous qui pouvons t’aider –
et ce faisant, nous nous aidons nous-mêmes.
Je voudrais, sans la nommer,
Vous parler d´elle
Comme d´une bien-aimée,
D´une infidèle,
Une fille bien vivante
Qui se réveille
A des lendemains qui chantent
Sous le soleil.
{Refrain:}
C´est elle que l´on matraque,
Que l´on poursuit que l´on traque.
C´est elle qui se soulève,
Qui souffre et se met en grève.
C´est elle qu´on emprisonne,
Qu´on trahit qu´on abandonne,
Qui nous donne envie de vivre,
Qui donne envie de la suivre
Jusqu´au bout, jusqu´au bout.
Je voudrais, sans la nommer,
Lui rendre hommage,
Jolie fleur du mois de mai
Ou fruit sauvage,
Une plante bien plantée
Sur ses deux jambes
Et qui trame en liberté
Ou bon lui semble.
{Refrain}
Je voudrais, sans la nommer,
Vous parler d´elle.
Bien-aimée ou mal aimée,
Elle est fidèle
Et si vous voulez
Que je vous la présente,
On l´appelle
Révolution Permanente!
Voici venir de vraies étoiles dans le ciel
Et ici-bas des insectes qui les imitent,
Qui, bien qu’ils n’aient jamais la taille des étoiles,
(Ce ne furent jamais au fond de vraies étoiles)
Font parfois un début vraiment éblouissant,
Mais ils ne tiennent pas leur rôle jusqu’au bout.