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Poésie

Posts Tagged ‘se dissimuler’

Aube sinistre (Pierre Reverdy)

Posted by arbrealettres sur 6 novembre 2023



Illustration: Le chant des morts de Reverdy & Picasso
    
Aube sinistre

J’ai retrouvé l’île natale
L’archipel des mots libérés
Le sens le plus cruel des gestes furtifs
Dans l’ombre où la crainte se dissimule
Derrière le rideau mouvant de la pensée
À peine le dessein perçant sous les gerçures
Un doigt de miel sur les lèvres ourlées
Le grognement du ciel tard dans les encoignures
Où se cache l’absence d’un amour étoilé
Figure du retour sanglant à main remise
Désastre d’un destin tardivement éclos
Navire fracassé à l’angle des banquises
On joue à qui perd gagne sur les mots
Et sur le sol de sel durci à la lumière
Fatigué de t’entendre écouler tant de pleurs
Fleurs du matin roussi
Cœur dans mes mains de cendre
Dunes mouvantes du désert

(Pierre Reverdy)

Recueil: Max-Pol Fouchet La poésie française Anthologie thématique
Editions: Seghers

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Créatrice (Badawi al-Jabal)

Posted by arbrealettres sur 17 janvier 2023



Illustration: Freydoon Rassouli
    
Créatrice
(extrait)

Tes grâces j’en ai mille et elles sont variées,
chacune est un monde de Lumière.
Sur les deux ailes de la puissance et de la passion,
tu m’as élevé vers un monde magique — vision de tes yeux.

Je leurre le sommeil par compassion
pour un rêve ivre et bienveillant
sur de minces lèvres brunes.

Ton chuchotement plein de douceur est un murmure
que porte le zéphyr rôdant parmi les fleurs.

Ton apparition a visité mes pupilles
et les a parfumées,
combien gracieuses et parfumées
sont ces apparitions !

Dans mon cœur j’ai savouré ta voix,
vin vieux non distillé
et Lumière invisible.

Tu m’as créé du Désir
assoiffé de folies
et de pondération.

J’ai loué l’exaltante apparition
afin de lui rendre gloire,
qu’elle soit Dieu ou beauté.

Ô Étoile qui tantôt se dissimule
et qui tantôt se dévoile à moi
sous les catégories du défini
et de l’indéfini.

Tu as abandonné ta soeur l’Aurore,
le Soleil du matin a ouvert l’oeil
sur la lamentation de la délaissée.
Dans le ciel, sur le bleu humide,
je vois des sillages par Toi tracés.

J’ai des trésors de compassion intarissables,
je les ai mis à disposition de l’opprimé et du persécuté.
Je prodigue avec l’humilité d’un indigent,
hélas ! mendiant rejeté qui répand la grâce.

Mes Pierres précieuses, lasses,
sommeillent dans un flot de senteurs
après avoir voyagé à l’aube et en plein soleil.

Elles ont erré loin du Cou bienheureux
mais vers Sa splendeur
la nostalgie de la Lumière pour la Lumière
les a guidées.

(Badawi al-Jabal)

***

Recueil: Poésie Syrienne contemporaine
Traduction:de l’Arabe par Saleh Diab
Editions: Le Castor Astral

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MYSTÈRE DU MONDE (Aron Lutski)

Posted by arbrealettres sur 5 janvier 2020



Illustration: Danilo Ricciardi
    
MYSTÈRE DU MONDE

Découvert – c’est couvert au-delà de soi,
Il n’est point de nudité,
La nudité est masquée,
Chaque nudité sous une peau se dissimule,
Sur chaque peau, la protégeant, naît une pellicule
Pour interdire au sauvage dehors
D’assaillir l’intérieur.
Pas un frôlement
Pas même un léger souffle,
Rien
Le rien lui-même est un danger.

(Aron Lutski)

 

Recueil: Anthologie de la poésie yiddish Le miroir d’un peuple
Traduction:
Editions: Gallimard

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La nuit ronfle (Georg Büchner)

Posted by arbrealettres sur 2 septembre 2018



    

La nuit ronfle au-dessus de la terre et s’agite en un songe atroce.
Des pensées, des désirs à peine soupçonnés, troubles et informes,
qui se dissimulaient craintivement à la lumière du jour,
reçoivent maintenant figure et relief
et se faufilent comme des voleurs dans la demeure silencieuse du rêve.
Ils ouvrent les portes, regardent par les fenêtres, s’incarnent à moitié.

(Georg Büchner)

 

Recueil: La Mort de Danton
Traduction:
Editions:

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Derrière l’oeil fermé (René Char)

Posted by arbrealettres sur 29 décembre 2017



 Illustration: Fabienne Guilhem
    
Derrière l’oeil fermé d’une de ces Lois préfixes
qui ont pour notre désir des obstacles sans solution,

parfois se dissimule un soleil arriéré
dont la sensibilité de fenouil à notre contact
violemment s’épanche et nous embaume.

L’obscurité de sa tendresse,
son entente avec l’inespéré,
noblesse lourde qui suffit au poète.

(René Char)

 

Recueil: Fureur et mystère
Traduction:
Editions: Gallimard

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Que suis-je venue faire en ce monde (Anise Koltz)

Posted by arbrealettres sur 15 décembre 2017



Que suis-je venue faire
en ce monde
dont j’ignore
l’origine et le sens

Quelle réalité se dissimule
derrière les apparences

Personne ne trouve refuge
en l’autre

(Anise Koltz)

Découvert ici: https://schabrieres.wordpress.com/

 

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Que vois-je sans cesse (Jean Mambrino)

Posted by arbrealettres sur 14 novembre 2016



Que vois-je sans cesse

Que vois-je sans cesse
apparaître
se montrer
se dissimuler à l’intérieur
de sa présence

surgir
non pas comme
venant de loin
mais comme là
depuis toujours
et que soudain on voit

présent
mais dans une brume de lumière
comme à distance
de son être
décalé avec art

apparaître dans l’être

être-à part ?

(Jean Mambrino)

Illustration: Karen L’Hemeury

 

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