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Poésie

Posts Tagged ‘s’imposer’

Ça (Franck Bouysse)

Posted by arbrealettres sur 16 janvier 2022




    
Ça

Ça commence par des ombres
Ça porte
Ça guide
Ça enfle
Ça gronde
Ça se tait
Ça fait naître les personnages d’une famille éphémère
Ça ne prévient pas
Ça s’invite
Ça s’impose
Ça veut se raconter, jusque dans les silences
Ça glace autant que Ça réchauffe, C’est impitoyable
Ça aime
Ça hait
Ça séduit
Ça repousse
Ça bouscule
Ça ravage
Ça déniche le réel
a vient de l’intérieur
Ça ne demande qu’à sortir
Ça cherche la vérité
Ça fait chair
Ça veut tempêtes et bonaces
Ça veut soulever le monde
Ça veut prendre l’espace
Ça veut plus
Ça veut tout
Ça veut croire à tout prix
Ça veut nouer le corps avec l’esprit
Ça veut unir
Ça veut posséder
Ça veut finir sans achever
Ça veut l’éternité

(Franck Bouysse)

Recueil: Fenêtre sur Terre
Traduction:
Editions: Phébus

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Ni le chemin qui se choisit (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 18 mars 2019




    
Ni le chemin qui se choisit
ni le chemin qui ne se choisit pas :
le chemin qui ne se choisit pas
ni non plus ne s’impose,
mais qui tombe sur soi
comme un orage pour toujours.

Car le chemin est en haut,
pas en bas.

En bas il y a l’ombre du chemin.

Nous allons par l’ombre du chemin
et de toutes les choses.

***

Ni el camino que se elige
ni el camino que no se elige:
el camino que no se elige
ni tampoco se impone,
sino que cae sobre uno
como una tormenta para siempre.

Porque el camino está arriba,
no abajo.

Abajo está la sombra del camino.

Andamos por la sombra del camino
y de todas las cosas.

(Roberto Juarroz)

 

Recueil: Quatorzième poésie verticale
Traduction: Sivia Baron Supervielle
Editions: José Corti

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Dans le ciel du néant avec presque rien (Katerina Anghelàki-Rooke)

Posted by arbrealettres sur 5 août 2018



Dans le ciel du néant avec presque rien

Par le trou de la serrure je guette la vie
je l’espionne pour comprendre
pourquoi c’est toujours elle qui gagne
tandis que nous perdons tous.
Pourquoi toutes les valeurs naissent et s’imposent
à ce qui pourrit d’abord :
le corps.
Je meurs en esprit sans trace de maladie
je vis sans nul besoin d’encouragement
je respire que je sois près ou loin
de ce qu’on touche
de chaud, qui embrase…
Je me demande quels autres arrangements
la vie va inventer
entre la débâcle d’une disparition définitive
et le miracle de l’immortalité chaque jour.
Je dois ma sagesse à la peur :
je jette
pétales, soupirs, nuances.
L’air, la terre, les racines je les garde –
je veux lâcher le superflu
pour entrer dans le ciel du néant
avec presque rien.

(Katerina Anghelàki-Rooke)

Découvert ici: https://schabrieres.wordpress.com/

 

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Une rumeur à peine audible (Charles Juliet)

Posted by arbrealettres sur 25 juillet 2018



Illustration: Gao Xingjian
    
une rumeur
à peine audible
mêlée à une poussée
un appel

elle hausse le ton
se précise

des mots étouffés
vite perdus

je me sonde
les cherche
tâtonne
au sein du silence
qui les a repris

ce qui voudrait
éclore
ne cesse de coaguler
se défaire
se recomposer

ne cesse de s’absenter
et de réapparaître

des mots plus vaillants
luttent s’imposent se nouent
donnent consistance
à ce qu’il leur faut
engendrer

la main entre en action
transcrit le poème
qui lui est dicté

que dit-il

(Charles Juliet)

 

Recueil: une joie secrète
Traduction:
Editions: Voix d’encre

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IL EST DES JOURS (Alfred Kolleritsch)

Posted by arbrealettres sur 30 juin 2018



    
IL EST DES JOURS où les choses
ne sont que le nom des choses,
paraphes,
tracés sous la face du ciel :
déployés par les conteurs.

Un drapeau de glace s’impose,
autrе visage de la mort,
la loi.

C’est alors que tu es partie.
Меsuré à cet adieu,
tout repère disparait.

***

ES GIBT TAGE, an denen die Dinge
die Namen der Dinge sind,
Schriftzüge,
unter den Himmel geschrieben :
aufgeboten von den Erzählern.

Eine Fahne aus Eis herrscht,
das andere Gesicht des Todes
das Gesetz.

Du bist dann fort.
An diesem Abschied gemessen,
zeigt sich kein Mass.

(Alfred Kolleritsch)

 

Recueil: La conspiration des mots
Traduction: Françoise David-Schaumann et Joël Vincent
Editions: Atelier la Feugraie

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Des mots plus vaillants (Charles Juliet)

Posted by arbrealettres sur 18 juin 2018




    
des mots plus vaillants
luttent s’imposent se nouent
donnent consistance
à ce qu’il leur faut
engendrer

la main entre en action
transcrit le poème
qui lui est dicté

que dit-il

(Charles Juliet)

 

Recueil: L’Opulence de la nuit
Traduction:
Editions: P.O.L.

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L’éclair (Béatrice Douvre)

Posted by arbrealettres sur 22 avril 2018



    

L’éclair

J’ai semé clair mon pas jusqu’aux portes splendides
Les racines du vent sont dehors comme des griffes
J’ai couru aux réalités priantes

La combe s’imposait sous mes pas de vertige
Les jardins riaient de peur
Sous l’eau béante

Mes mains glacées hier
Galaxies lasses
Maintenant les grilles des jardins m’indiffèrent
Me fortifient

Je regarde les arbres se pencher sur l’éclair.

(Béatrice Douvre)

 

Recueil: Oeuvre poétique
Traduction:
Editions: Voix d’Encre

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De la rencontre aléatoire (Yves Mabin Chennevière)

Posted by arbrealettres sur 9 février 2018



    

— De la rencontre aléatoire
des yeux et des corps,
des mouvements et des mots,
des heures et des sons,
dépend la découverte imprévue
des énigmes que le réel abrite,

S’imposent le refus des contraires évidents,
l’interruption brutale des mélodies sinueuses,
l’admiration des images blessantes,
la recherche cruelle de la douceur cachée,

Naît le privilège offert au coeur lacéré,
de l’adoration muette,
à l’âme de savoir
qu’elle n’est peut-être rien ;

(Yves Mabin Chennevière)

 

Recueil: Variations du sensible
Traduction:
Editions: De la Différence

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Je suis sans peur (Robert Sabatier)

Posted by arbrealettres sur 5 janvier 2018



Illustration: William Blake
    
Je suis sans peur

Je suis sans peur. Je largue les amarres
de la détresse. À vous de m’enlever.
Je suis fin prêt, j’ai défait mes bagages
car où je vais, la nudité s’impose.

Pour voyager sans les soucis du jour,
il n’est que Mort, et c’est ma voyageuse
et mon Virgile. Aux cercles des Enfers,
je serai Dante, un Dante analphabète.

J’ai mis du temps à comprendre que l’être
n’existe pas, que je ne fus jamais,
qu’on crut me voir, que je le crus moi-même
en n’étant pas — sinon dans quelques lignes.

(Robert Sabatier)

 

Recueil: Oeuvres poétiques complètes
Traduction:
Editions: Albin Michel

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Réalité des lieux (Max Alhau)

Posted by arbrealettres sur 2 Mai 2017




Illustration: ArbreaPhotos
    

Réalité des lieux

Le rivage atteint, il reste à découvrir :
un même lieu s’impose au regard,
un même fleuve se noue au rivage
L’instant brise la pierre, s’inscrit sur le corps
Ni la mémoire, ni l’oubli n’ont part à cette durée.
Le souffle, le visage proche escortent le voyageur
qui répète le mot de passe.

(Max Alhau)

 

Recueil: Présence de la Poésie
Editions: Editions des Vanneaux

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